Journal de l'année Édition 1986 1986Éd. 1986

Un des atouts de la transmission de télévision par satellite est de couvrir un vaste territoire, comme celui de la France, avec un seul satellite alors que le réseau actuel d'émetteurs terrestres mis en place par TDF, Télédiffusion de France, ne comporte pas moins de 4 000 réémetteurs répartis sur le territoire. Une zone grande comme l'Europe occidentale est vue sous un angle faible depuis un satellite géostationnaire, comme le montre le schéma de la zone de couverture du satellite Télécom I.

Un intérêt de ces satellites de télévision directe, pour un particulier, ou pour une collectivité locale, est de pouvoir recevoir des émissions même si elles ne sont pas officiellement acceptées par les autorités gouvernementales. Bien sûr, il existe une réglementation assez contraignante encore, en France et à l'étranger, qui régit le droit de recevoir des émissions de satellites, et la mise en place d'antennes est bien souvent visible de l'extérieur. Mais le goût du public pour ces images venues du ciel sera plus fort que les règlements, et, en France, la législation va bientôt changer. La réception deviendra sans doute assez vite libre, du moins avec de petites antennes.

Mais quelles antennes et pour quoi recevoir ? On trouve déjà dans des magasins spécialisés des antennes à vendre avec un service d'assistance technique pour leur mise en œuvre. Ces antennes ne sont plus très grandes, ni très longues à pointer correctement vers le satellite désiré. Les antennes nécessaires ont un diamètre de 3 mètres, taille suffisante pour recevoir convenablement les émissions. Même 80 centimètres suffisent pour recevoir les émissions soviétiques des satellites Gorizont dont la puissance est très élevée afin que les émissions officielles soviétiques puissent être reçues très facilement.

Aussi, les expériences de réception d'émissions issues de satellites se multiplient-elles. On voit ainsi le toit d'un hôtel, porte Maillot à Paris, se couvrir d'antennes progressivement, afin de fournir à sa clientèle, souvent internationale, dans toutes ses chambres, les émissions désirées.

Pour permettre une large information des professionnels français de l'audiovisuel sur ces nouvelles images, le Carrefour international de la communication a ouvert, le 22 octobre 1985, le premier centre public d'études et démonstration de réception de satellites de télévision. Rappelons que ce carrefour est un nouvel établissement public, dont la création a été décidée par le président de la République lui-même en 1982 ; sa mission est de participer à la conception et à la construction de la grande arche, arc de triomphe géant (107 mètres de haut !) qui achèvera en 1988 la perspective historique qui part du Louvre et, vers l'ouest, traverse l'arc du Carrousel, les Tuileries, suit les Champs-Élysées, passe l'arc de triomphe de l'Étoile et se poursuit jusqu'à la Défense. Cet établissement décide donc fin 1984 et réalise ensuite ce projet de téléport en 1985 ; le 22 octobre, en présence de plusieurs ministres et d'un grand nombre de personnalités, s'allument simultanément 60 écrans différents de télévision où l'on peut voir des émissions venues de satellites et des émissions retransmises par fibre optique depuis les frontières françaises.

Une heureuse surprise pour les spectateurs : comme le faisait remarquer M. Jack Lang, alors ministre de la Culture, on pouvait craindre une grande uniformité dans un tel nombre d'images, mais on a pu constater, au contraire, la grande variété des émissions, spécifiques des diverses cultures : des Soviétiques aux Africains, de l'Europe à l'Amérique, chaque télévision a son rythme, sa vie.

Mais, en général, le grand public ne peut pas encore recevoir ces images chez lui ; ce sera le rôle des futures sociétés locales d'exploitation du câble de mettre en place les antennes collectives et les équipements électroniques nécessaires pour recevoir les émissions des satellites, pour les sélectionner et les retransmettre sur les câbles de distribution de la télévision ; ces réseaux devraient se multiplier en France, pour essayer de combler, en ce domaine, notre retard, assez grand, par rapport à certains autres pays industrialisés, réceptifs aux nouvelles techniques.