Journal de l'année Édition 1986 1986Éd. 1986

Le coût de ces antennes d'un diamètre de 3 mètres est encore d'environ 50 000 F par canal de télévision reçu, étant entendu que chaque antenne doit être pointée sur un satellite déterminé, car l'opération de pointage doit être relativement précise (quelques minutes d'arc) et l'on ne peut pas passer facilement d'un satellite à un autre. Compte tenu de leur position sur l'orbite géostationnaire, les satellites sont vus depuis la France, vers le sud, avec un angle de moins de 20 degrés par rapport au sud, et une hauteur par rapport à l'horizon inférieure à 30 degrés, selon la position sur cette orbite. Certes on peut envisager, à moyen terme, un prix de moins de 10 000 F pour de petites antennes construites en grande série et pointées sur de puissants satellites de télévision directe.

Mais il reste aussi beaucoup de problèmes juridiques à résoudre en matière de réception : en effet, certaines émissions sont destinées à quelques utilisateurs seulement, les « têtes de réseau câblé », chargées de gérer et de programmer ce qui sera diffusé sur les réseaux locaux de télédistribution ; elles ne sont pas prévues pour être reçues directement par le grand public : il y manque en particulier la publicité, qui est insérée localement par les gestionnaires des têtes de réseau en tenant compte des campagnes publicitaires définies pour la région servie par ce réseau ; on pourrait alors concevoir une télévision sans insertions publicitaires... On conçoit les craintes des responsables de ces réseaux, qui verraient ainsi une part de leurs ressources s'échapper.

Que reçoit-on dès maintenant ? Comme ce nouveau média est encore très expérimental, les programmes transmis peuvent varier très rapidement, selon le succès et selon les conditions financières de location de canal de diffusion offertes par chaque satellite. Par le satellite américain Intelsat-5 transitent une dizaine de programmes anglophones américains ou britanniques : Première, Screen sport, etc. Par le satellite européen Eutelsat-1 on peut recevoir un programme francophone TV-5 formé d'une sélection des meilleures émissions des chaînes françaises, belges et suisses ; ce satellite transmet aussi des chaînes britanniques, Music Box, Sky Channel, et des chaînes allemandes ou italienne (RAI). Le satellite français Télécom-1 ne transmet pas de programme permanent, mais réserve deux canaux pour des vidéotransmissions établies à la demande. Et le futur satellite français de télédiffusion directe TDF-1 devrait offrir en 1986 plusieurs canaux pour des nouvelles chaînes. Mais les discussions sont longues et difficiles, en particulier avec le Luxembourg, pour attribuer les fréquences disponibles et en déterminer le prix.

Comment le téléspectateur va-t-il réagir face à cette prolifération d'images nouvelles, et comment ces chaînes vont-elles se financer ? Ce sera l'enseignement des expériences lancées fin 1985 et début 86. Le consommateur est habitué à recevoir en France des images pour un coût très réduit : même si la redevance paraît lourde lors de son paiement, il faut bien convenir qu'elle est moins élevée que ce que le téléspectateur consacre en général à l'achat de son journal imprimé classique quotidien. En outre, les sommes destinées en France chaque année à la publicité par les entreprises sont très inférieures à celles investies dans des pays comparables (Grande-Bretagne, par exemple) ; aussi, après les adaptations nécessaires et l'accoutumance du public, des budgets nouveaux considérables devraient se dégager pour financer ces émissions, soit par la location de décodeurs pour les chaînes cryptées, soit par la publicité pour les chaînes ouvertes à tous. Ces nouveaux marchés excitent des convoitises passionnées, comme les débats à l'occasion du lancement de la cinquième chaîne l'ont bien montré.

La Géode

Après le Zénith (salle de 6 000 places pour concerts de musique, de variétés, de rock...) inauguré en 1984, et dont le succès populaire, auprès des jeunes en particulier, se développe régulièrement, la Géode est le deuxième ensemble architectural ouvert au public au sein du parc de la Villette. Sur les terrains libérés par les célèbres abattoirs, devant le quadrilatère massif où doit s'ouvrir, en mars 1986, la future Cité des Sciences et de l'Industrie, une sphère étincelante d'acier poli semble flotter, sans accès visible, au milieu d'un bassin aménagé sur la terrasse qui domine les douves entourant le bâtiment central, où s'installera le futur musée.