Après une longue période de stagnation, l'investissement des ménages dans le logement reprend, mais, malgré un accroissement d'environ 5 % des salaires et de bonnes perspectives de progression du revenu disponible en 1985, les ménages japonais conservent une attitude prudente vis-à-vis des dépenses de consommation.

L'excédent commercial fait toujours problème : bien que les importations stimulées par la demande intérieure augmentent à vive allure (+ 10 % pour l'ensemble de l'année 1984), le boom des exportations (+ 16 % pour les six premiers mois 1984) engendre un solde positif commercial estimé à 36 milliards de dollars pour 1984 (31,5 milliards en 1983).

Restructurations et déficit

Sous l'influence du changement de rythme de la croissance, du difficile ajustement aux nouvelles structures de consommation et des progrès technologiques tels que l'utilisation des robots et des équipements de télécommunications, les écarts de productivité et de profits s'accentuent entre les secteurs industriels. Le nombre de faillites s'est élevé de plus de 18 % de janvier à avril 1984, comparativement à la même période 1983.

C'est à une restructuration en profondeur de l'appareil productif que l'on assiste. Les industries récessives ne sont pas les seules atteintes. La politique de modernisation consiste essentiellement à réduire les capacités productives, répartir les parts de marché, mettre en commun certaines ressources du secteur, exercer un contrôle des prix. Mais la mise en place de cette politique est longue et difficile et constitue un important enjeu politique.

Le déficit budgétaire de l'année fiscale 1984 devrait représenter 3 % du PNB, mais la dette cumulée de l'État atteindra 39 % du PNB. Le budget 1985 est placé sous le signe de l'austérité, avec 0,3 % seulement d'augmentation des dépenses par rapport au budget 1984. Toutefois, de vives tensions se manifestent au sein du Parti libéral démocrate, entre les partisans d'une accélération de la croissance par le lancement de projets de travaux publics, générant inévitablement une augmentation du budget de l'État, et les tenants de l'austérité.

Le Premier ministre opte pour une solution souple fixant à la fin de la décennie la résorption du déficit budgétaire. Conséquence notable : même si l'augmentation de 7 % du budget de la défense approuvée par le cabinet n'est pas révisée à la baisse par la Chambre des députés, elle ne permettra pas d'atteindre les objectifs de renforcement du potentiel militaire japonais du plan 1983-1987. C'est un facteur latent de divergences avec les États-Unis, qui risque de resurgir aussitôt après les élections américaines.

Le yen internationalisé

Les perspectives d'une réévaluation prochaine du yen sont extrêmement limitées et ne pourraient s'inscrire que dans le cadre d'une baisse des taux d'intérêts américains. L'affaiblissement du yen depuis la mi-juin (240 yens pour 1 dollar) est lié à la fuite des capitaux japonais, attirés par le niveau élevé des taux d'intérêts aux États-Unis, et au retrait des capitaux étrangers. En avril, les sorties de capitaux à long terme atteignaient 4,42 milliards de dollars et les retraits de capitaux étrangers 1,1 milliard de dollars.

L'appréciation du yen sera obtenue à long terme par son internationalisation et par une plus grande ouverture des marchés financiers japonais, deux mesures qui font l'objet de pressions répétées du Trésor américain auprès de l'administration japonaise depuis plusieurs années. Face au déséquilibre existant entre une économie de plus en plus internationalisée et un système financier fermé, et face à l'aggravation des conflits commerciaux que suscite la parité du yen, les représentants du Trésor américain et du ministère des Finances japonais sont parvenus à des accords. Ceux-ci visent essentiellement à faciliter les entrées et sorties de yens et doivent entraîner une augmentation des transactions dans cette monnaie à l'étranger : le montant des yens détenus à l'étranger — appelés euroyens par analogie avec les eurodollars — est estimé à 7 trillions, soit 29 milliards de dollars. Les accords devraient réduire la compétitivité japonaise à l'exportation et atténuer les réflexes protectionnistes.

Relations avec la CEE

Une des causes d'irritation chronique de Washington dans ses relations avec le Japon est repoussée sinon éliminée en avril, lorsqu'un accord d'augmentation des quotas d'importations de viande de bœuf et d'oranges en provenance des États-Unis est signé par le Japon. Cependant, le processus de libéralisation du marché des produits agricoles japonais ne peut être attendu dans un avenir proche, tant ses retombées politiques seraient graves.