Si aucun conflit ouvert n'éclate avec la CEE en 1984, de fortes tensions latentes subsistent : irritation du Japon face aux lenteurs et aux hésitations dans les processus de décision de la CEE ; inquiétude de la CEE devant l'ampleur de son déficit commercial chronique (12 milliards de dollars en 1983) et la compétitivité des produits japonais. La création du Comité de promotion des échanges CEE-Japon au printemps devrait contribuer à prévenir certains des conflits. La visite de Laurent Fabius en juillet est accueillie avec satisfaction par les milieux dirigeants japonais. Elle marque le regain d'intérêt porté par la France aux investissements japonais.

Dénationalisation de NTT

Tout au long de l'année, le Premier ministre Nakasone affirme nettement sa volonté de réduire les déséquilibres commerciaux, en particulier en prenant des mesures qui rendent plus facile l'accès au marché japonais. L'annonce de la déréglementation des télécommunications marque une étape importante dans la libéralisation de ce marché. En avril, deux projets de loi sont approuvés qui abolissent le monopole sur les communications détenu par la société d'État Nippon Telegraph and Telephone (NTT) et qui permettent l'accès du marché des réseaux de communication à valeur ajoutée VAN (Value Added Network) aux entreprises privées nationales et étrangères.

L'enjeu concerne les réseaux VAN où la technologie américaine, développée en particulier par IBM et ATT, est plus avancée que celle existant au Japon. Cependant, les procédures d'enregistrement — auprès du ministère des Postes — des entreprises projetant d'établir des réseaux VAN laissent augurer des difficultés futures. La date d'ouverture du marché des télécommunications, initialement prévue pour le 1er avril 1985, est désormais repoussée. Ce retard soulève un vif mécontentement chez les Américains, qui, en dépit de leurs efforts, n'ont exporté en 1983 au Japon que pour 40 millions de dollars de matériel de télécommunications.

Problèmes de société

Bien que jouissant d'un environnement économique exceptionnel, la société japonaise commence à éprouver les premiers malaises communs aux grandes sociétés industrielles : la délinquance augmente, les adolescents fascinés par les mirages de la consommation remettent en question les valeurs traditionnelles du travail, de la famille et du respect des maîtres.

Avec la montée de la violence, particulièrement dans les classes des 13-15 ans, le débat sur la réforme du système scolaire est devenu un thème politique de premier ordre, repris abondamment dans la presse.

L'un des problèmes majeurs de l'éducation japonaise est la surenchère observée lors des concours d'entrée dans les établissements scolaires, qui rend nécessaire la fréquentation de cours extrascolaires. La réforme de l'éducation s'oriente vers la mise en place d'un système plus flexible, permettant une plus grande diversité de choix dans la carrière scolaire. La remise en question des examens est plus épineuse, car elle suppose un changement en profondeur de la société japonaise elle-même.

Diplomatie plus active

Les relations avec les États-Unis se renforcent avec l'émergence de la zone Pacifique au détriment de la zone Atlantique est. Les efforts japonais, joints à une campagne électorale américaine concentrant l'attention des milieux politiques sur les questions domestiques, permettent que les relations entre les deux pays se développent sans heurts en 1984. Un climat plus serein constitue également la toile de fond des relations entre la CEE et le Japon. Mais les Européens attendent pour juger de l'effet des mesures prises par les Japonais.

Après six années d'interruption, la reprise en août des échanges de parlementaires japonais et soviétiques marque une certaine détente dans les relations entre Tōkyō et Moscou. Mais la restitution des territoires du Nord occupés par les Soviétiques depuis la Seconde Guerre mondiale conditionne encore, du côté japonais, le développement des relations entre les deux pays.