Journal de l'année Édition 1985 1985Éd. 1985

Certaines grandes enquêtes, publiées régulièrement, sont devenues des classiques : palmarès des marques de l'électroménager, état de la concurrence entre magasins région par région, indices de cherté des différentes chaînes de distribution... Des dossiers dénonçant des pratiques d'ententes ou de distribution sélective sont fréquemment déposés auprès de la Commission de la concurrence. Celle-ci adresse, en janvier, un sérieux avertissement aux fabricants de jeans qui refusent de vendre leurs produits aux magasins casseurs de prix. De son côté, l'Asseco-CFDT saisit la Commission, en février, sur le problème des entraves mises à la vente des médicaments génériques (ce sont des copies de médicaments tombés dans le domaine public, vendues au public entre 25 et 40 % moins cher que les produits de marque).

Services publics

L'attention des consommateurs se porte enfin vers les services publics. Au nom de l'intérêt de l'usager, on met tour à tour sur la sellette la poste (ralentissement des acheminements, désorganisation du service), la SNCF (qui dépense 10 millions de F en publicité pour améliorer son image alors qu'on lui reproche le manque de courtoisie de son personnel, la complexité et le coût de son système de réservation pour le TGV, la médiocrité de sa restauration...) et les télécommunications (hausses abusives).

Les entreprises privées cachent mal leur satisfaction : d'accord sur le thème de la « dégradation du service public », elles sont soulagées de n'être plus l'unique point de mire de la critique consumériste.

Faut-il en conclure que le mouvement consommateur s'est assagi ou qu'il cherche simplement son second souffle ?

Choix budgétaires

Moins pour la nourriture et l'habillement. Plus pour le logement, la santé, les transports et les loisirs : voilà, en résumé, les grandes tendances de la consommation des Français. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elles ne sont pas nées de la crise : les choix budgétaires qu'effectuent les ménages apparaissent inchangés depuis plus de vingt ans. Le même schéma se retrouve d'ailleurs dans l'ensemble des pays développés, où la satisfaction des besoins essentiels que sont l'alimentation et l'habillement cède souvent le pas devant le désir de biens dits supérieurs comme par exemple les transports ou les loisirs.

Les récents comportements

À regarder derrière les chiffres, on s'aperçoit cependant que d'importantes évolutions affectent les comportements. Le Français de 1984 ne gère pas son porte-monnaie comme celui des années 60.

Si l'on réduit progressivement les dépenses d'alimentation, c'est surtout parce que l'on consomme différemment : moins de graisses, de sucres, de produits énergétiques (pâtes, pain...), plus de viandes, de lait, d'œufs. Les impératifs de la diététique sont passés par là, et les Français sont devenus experts en calcul de rations caloriques. Pourtant, la vogue du naturel n'a pas tout emporté sur son passage : le tout prêt (conserves, surgelés, plats cuisinés) continue d'envahir les cuisines.

La part des dépenses consacrées à l'habillement décroît également. Là aussi, cela tient surtout à un changement dans les comportements vestimentaires : complets et robes d'antan font place à une mode plus décontractée, et moins chère (vêtements de sport, jeans). Par ailleurs, le développement des ventes en grandes surfaces ou chez les nouveaux spécialistes de la braderie concourt à faire baisser les prix.

Le logement accapare une part croissante des ressources : d'une part, parce que le coût des crédits, l'importance des charges de remboursement renchérissent l'acquisition ; d'autre part, en raison du rétrécissement du marché locatif. Résultat, les prix flambent. Interrogés sur leurs préférences en matière d'épargne, les Français se révèlent intéressés par l'épargne-logement et le livret d'épargne. La consommation d'énergie domestique croît également (+ 2,5 % par an en moyenne), elle devient un problème préoccupant pour une majorité de Français. Ils préfèrent dans tous les cas le chauffage individuel, qui permet de contrôler les factures.