Journal de l'année Édition 1985 1985Éd. 1985

Fabien Guhier

Consommation

Le second souffle

À quoi servent les associations de consommateurs ? Le débat sur l'utilité du consumérisme est lancé vers le milieu de l'année, et 50 Millions de consommateurs lui ouvre ses colonnes. Il se nourrit de sévères critiques.

Révélateur à cet égard, le faible succès remporté par le mot d'ordre de boycott lancé à la fin de l'été par l'Union fédérale des consommateurs (UFC-Que choisir ?) : si les Français râlent ferme devant la hausse des tarifs des communications téléphoniques (+ 10,5 centimes depuis le 1er août), ils rechignent à faire la grève des factures.

Sous tutelle

Consciente du problème, la presse « consommateur », dont l'audience s'amenuise, tente de faire peau neuve : en mars, c'est le Coopérateur de France, mensuel de la Fédération nationale des coopératives de consommateurs, qui disparaît, remplacé par un nouveau Coop info, distribué gratuitement dans le réseau des magasins Coop. De son côté, l'UFC se donne un nouveau visage : François Lamy, directeur-rédacteur en chef depuis 8 ans, quitte ses fonctions, remplacé par son adjoint, Jean-Marie Gisclard. Le temps des pionniers est bien révolu : où en est le mouvement consommateur en France ?

Pour les pouvoirs publics, la réponse est sans équivoque : oui à un mouvement consommateur fort, non aux casseurs d'entreprises. Certes, les associations ont reçu des aides financières de 35,1 millions de F en 1984 (en hausse de 11,4 %), mais la plus grande partie de ces subventions est destinée à des programmes d'action décidés par les pouvoirs publics. Une manière d'imposer les priorités qui fait redouter à certains une véritable « mise sous tutelle » institutionnelle ou administrative du mouvement consommateur.

La qualité

Il est vrai que le secrétariat d'État à la Consommation fait feu de tout bois en 1984, et poursuit sans relâche ses objectifs : améliorer la qualité des produits, favoriser la concurrence et lutter contre l'inflation.

La qualité passe d'abord par la sécurité. Pendant que, à l'automne, on met en place la Commission pour la sécurité des consommateurs (prévue dans le cadre de la loi sur la sécurité de juillet 1983), l'administration décide de retirer du marché les gommes parfumées ayant la forme et le goût d'aliments : outre le fait que, souvent confondues avec de vrais bonbons, elles risquent de provoquer des étouffements, elles sont jugées dangereuses parce qu'elles contiennent des pourcentages élevés de cadmium et de plomb. On continue de favoriser l'adoption de « contrats de qualité » entre fabricants et associations de consommateurs, ces accords étant symbolisés par le logo Approuvé sur les produits. Une trentaine de contrats ont été signés, au grand dam de la Commission européenne de Bruxelles : celle-ci critique l'attitude protectionniste de Catherine Lalumière, qui semble réserver le bénéfice de l'opération aux seules entreprises françaises... Ce rappel à l'ordre intervient en octobre, précisément au moment où se met en place une vaste opération interministérielle de promotion des « signes de qualité » : réunis sous une bannière commune (bleu et rouge), le Label rouge (jambons, poulets, charcuterie), le sigle NF (produits industriels) et la marque Approuvé vont faire l'objet d'une campagne de publicité à la télévision.

Étiquettes

La Direction de la consommation et de la répression des fraudes intensifie ses actions, notamment au cours de l'opération vacances lancée du 18 juin au 7 septembre.

Le second comité local d'information sur les prix (Clip) est installé en mars en Seine-Saint-Denis. Comme celui de Lille, il doit publier périodiquement des informations sur les prix de détail pratiqués dans le département, à partir de données recueillies dans les magasins.

C'est le même souci de transparence qui aboutit à l'adoption, en janvier, d'une loi sur le crédit gratuit. Pour mettre un terme à la publicité fracassante, la mention du crédit gratuit est désormais interdite en dehors des magasins, et les vendeurs sont tenus de proposer le même produit au comptant à un prix inférieur.