Les Américains sont passés maîtres dans l'art de collecter et de transmettre l'information à des distances de plus en plus considérables — en l'occurrence, un milliard et demi de kilomètres.

Prévoir avec plusieurs années d'avance le jour et l'heure où la sonde survolera Saturne constitue déjà, en soi, un exploit lorsqu'on sait que la trajectoire de l'engin est une courbe constamment déformée par l'évolution respective des attractions exercées par le Soleil, la Terre, Mars, Jupiter et Saturne lui-même, astres dont les positions changent sans cesse. La date et l'heure de l'arrivée ne sont pas choisies au hasard : elles tiennent compte de la position où se trouveront alors les différents satellites que l'on souhaite faire survoler ou approcher.

Comme le lancement n'est jamais assez précis et que les météorites, le vent solaire et d'autres facteurs altèrent inévitablement la trajectoire, plusieurs corrections sont nécessaires en cours de route. Elles imposent à chaque fois une orientation rigoureuse de la sonde, afin que les fusées exercent leur poussée dans la bonne direction et que les antennes soient bien braquées vers la Terre. Voyager étant un engin assez important (825 kg au départ), il est remarquable que les corrections de trajectoire et toutes les manœuvres télécommandées lors de l'approche et du survol de Jupiter et de Saturne n'aient pas épuisé les modestes réserves d'hydrazine (104 kg) prévues pour obtenir ces changements de cap ou d'orientation.

Les télécommunications sont encore plus étonnantes par la quantité et la qualité de l'information transmise à la Terre et la modicité des moyens mis en œuvre. La qualité des photographies s'explique aisément lorsqu'on sait que le minuscule équipement de Voyager (caméra et émetteur) fournit des images d'une définition très supérieure à celle de notre télévision : 960 lignes au lieu de 625. Ainsi une photographie transmise par la sonde depuis Saturne est faite de 921 600 points. Or chacun de ceux-ci peut présenter 256 nuances différentes !

Plus surprenant encore est le fait que de telles images puissent nous parvenir alors que les signaux sont émis à 1 520 millions de kilomètres de la Terre avec une puissance dérisoire : de 20 à 30 W, soit la moitié de celle d'une ampoule d'éclairage domestique... De telles performances ne sont possibles qu'en concentrant la puissance émise dans un étroit faisceau et en captant à la réception le maximum d'énergie venant de la sonde. C'est pourquoi on se sert d'ondes centimétriques, qui sont très directionnelles, et d'antennes paraboliques importantes : 3,7 m de diamètre à bord de Voyager, 64 m pour les stations terriennes.

URSS : un satellite tous les trois jours

Le nombre des engins satellisés par l'URSS en 1980 a été pratiquement de un tous les trois jours en moyenne. On y trouve représentées toutes les applications de l'astronautique circumterrestre : vols habités, télécommunications, navigation, météorologie, satellites scientifiques et militaires. Entre le 1er juillet 1980 et le 30 juin 1981, plusieurs missions de vaisseaux spatiaux sont effectuées (les dates indiquées sont celles de l'arrivée et du départ à la station Saliout) :
– Progress 10 (1 et 18-VII-80). Ravitaillement des cosmonautes Rioumine et Popov, dans la station depuis le 9-IV-80.
– Soyouz 37 (24 et 31-VII-80). Vol du programme Intercosmos, avec Viktor Gorbatko et, comme invité, le Vietnamien Pham-Tuan. Retour à la Terre à bord de Soyouz 36 de Rioumine et Popov.
– Soyouz 38 (20 et 26-VIII-80). Autre mission Intercosmos, avec Youri Romanenko et le Cubain Arnaldo Tamayo.
– Progress 11 (30-IX et 9-XII-80). Pour la première fois un vaisseau spatial en ravitaille un autre en propergol sans aucun homme à leur bord (après le départ de Rioumine et Popov).
– Soyouz 37. Retour à la Terre, le 11-X-80, de Rioumine et Popov, détenteurs d'un nouveau record : 184 j 19 h 48 min dans l'espace.
– Soyouz T3 (28-XI et 10-XII-80). Mission d'inspection et remise en état du Saliout. C'est le premier vol du nouveau Soyouz triplace avec son équipage au complet : Oleg Makarov, Leonid Kizine et Gennady Strekalov.
– Progress 12 (26-I et 19-III-81). Ravitaille la station et la propulse pour relever son orbite.
– Soyouz T4 (13-III et 26-V-81). Occupation de la station par le vétéran V. Kovalenok et le néophyte Viktor Savinykh.
– Soyouz 39 (23 et 30-III-81). Reprise des vols intercosmos, avec Djanibekov et Gourragtcha.
– Soyouz 40 (15 et 22-V-81). Dernière mission du premier programme intercosmos, avec le Soviétique Léonid Popov et le Roumain Dumitru Prunariu.