Le virage se préparait depuis des années et le parti paraissait de plus en plus déchiré entre son aile gauche et ses modérés. Harold Wilson comme James Callaghan, Premiers ministres modérés, avaient constamment été en butte aux pressions de l'aile gauche, sans que pour autant elles les empêchent de gouverner au centre.

La prépondérance des radicaux est désormais évidente. Ils ont trouvé dans la défaite électorale de 1979, considérée comme un désaveu des classes laborieuses, une raison nouvelle d'exiger un retour aux sources, c'est-à-dire à un socialisme pur et dur, anticapitaliste, antieuropéen et antinucléaire. Poussés par des groupuscules révolutionnaires militant au sein du parti, forts du soutien des grands syndicats passés à gauche, ils passent à l'offensive en s'attaquant au pouvoir de décision — en particulier aux privilèges du groupe parlementaire.

Succès

En quelques mois, ils remportent des succès déterminants : d'abord, sur l'élaboration du programme, qui appartiendra désormais au comité exécutif du parti où l'aile gauche domine ; ensuite, sur le principe de la resélection des candidats aux élections, afin d'exercer un contrôle direct sur les députés ; enfin, et surtout, sur le mode d'élection du leader du parti, qui échappe au groupe parlementaire pour être dévolu à un collège où la gauche est prépondérante.

Rupture

Avant même cette réforme — qui devait encore être avalisée par le congrès annuel de l'automne —, la succession de James Callaghan lui a réservé une « divine surprise ». En donnant, le 15 octobre 1980, sa démission, le leader du parti avait espéré ouvrir la voie à Denis Healey, partisan d'une ligne modérée. Mais c'est finalement Michael Foot, le vieux tribun de la gauche, qui l'emporte avec dix voix d'avance sur son rival. Malgré sa volonté de maintenir l'unité du parti proclamée dès le lendemain de son élection, M. Foot ne peut empêcher une première scission.

La bande des trois (David Owen, ancien ministre des Affaires étrangères, Shirley Williams, figure très populaire du travaillisme et William Rodgers, l'un de ses meilleurs organisateurs) que vient rejoindre en janvier Roy Jenkins, ancien président de la commission de Bruxelles, lance au mois de mars, pour la première fois depuis 80 ans en Grande-Bretagne, un nouveau parti, social-démocrate et proeuropéen.

Le succès du SDP dans l'opinion est immédiat, à tel point que les sondages lui accordent 30 % des suffrages en cas d'élection. Mais, dans un régime de bipartisme où le suffrage électoral (majoritaire à un tour) écrase les petits, l'entreprise reste aléatoire.

Pour réussir, le SDP qui, malgré les sympathies qu'il suscite, n'a rallié que 12 députés travaillistes et un conservateur, doit aire alliance avec l'autre petit parti britannique, le parti libéral. Négociation délicate tant que ses structures et son programme ne seront pas établis. Mais la véritable échéance pour lui ne se situe sérieusement qu'aux prochaines élections législatives, prévues en 1984.

Récession économique, malaise politique, guerre en Irlande, le climat aurait été bien morose pour les Anglais s'il n'y avait eu enfin une bonne nouvelle : le 24 février, un communiqué de la Cour annonce les fiançailles du prince de Galles avec lady Diana Spencer, fille du comte de Spencer et de Mme Shand Kydd.

Dès lors, lady Di, — « une jeune fille toute simple qui aime la vie, lit des revues de mode et Charles Dickens », comme elle se décrit elle-même — devient l'héroïne la plus populaire d'Angleterre. Et son mariage en la cathédrale Saint Paul le 29 juillet 1981 avec Son Altesse Royale le prince Charles, Philip, Arthur, George Mountbatten Windsor, héritier du trône, est un de ces contes de fées dont la tradition britannique garde encore le secret pour faire oublier à 60 millions de Britanniques les malheurs des temps modernes.

Ulster

Douze ans après le début de la révolte des catholiques irlandais, les six comtés de l'Ulster connaissent une nouvelle épreuve dramatique : les grèves de la faim des militants de l'IRA.