Le 9 décembre, le laboratoire national de l'Idaho provoque volontairement la rupture d'une canalisation de refroidissement sur un petit réacteur nucléaire installé dans une région désertique. Un tel accident fait monter en quelques secondes la température du cœur, ce qui entraînerait des conséquences très graves en cas de défaillance des dispositifs de sécurité. Ces derniers se sont montrés efficaces.

Une vingtaine d'autres accidents de nature diverse seront déclenchés artificiellement au cours des années 80. Ils n'éteindront pas la controverse : les partisans du nucléaire jugent de telles expériences inutilement périlleuses ; les contestataires estiment qu'étant pratiquées sur des réacteurs de petite taille elles n'emportent pas la conviction.

Charbon

Dépourvue de pétrole, la France est pratiquement aussi pauvre en charbon alors que les autres nations industrielles se tournent de nouveau vers leurs ressources carbonifères redevenues rentables. Parallèlement se prépare un nouvel essor de la carbochimie. Le règne du pétrole l'avait restreinte au rôle d'activité secondaire de la fabrication du coke sidérurgique.

Le charbon pourrait reprendre au pétrole la première place pour la synthèse de nombreux composés de la chimie organique, en même temps qu'il produirait, par hydrogénation, un hydrocarbure liquide remplaçant l'essence de pétrole. Une usine de ce type fonctionne en Afrique du Sud : outre l'ammoniac, le méthanol et le polychlorure de vinyle, elle doit tirer du charbon, en 1979, plus d'un million de tonnes de carburant liquide.

Aux États-Unis, le gouvernement fédéral et les compagnies pétrolières investissent des capitaux importants dans l'étude de ce type d'industrie, susceptible de valoriser les charbons trop sulfureux pour être brûlés.

La difficulté principale, dans le retour au charbon comme combustible industriel et matière première, réside dans le prix élevé de son transport jusqu'aux usines éloignées des bassins houillers. Les Américains expérimentent des pipe-lines, carboducs, de fort diamètre dans lesquels le charbon pulvérisé circule mêlé à de l'eau.

Recherches

Tout en confirmant son choix nucléaire — jugé seul capable de pallier la disette d'énergie à court ou moyen terme —, la France continue d'explorer les possibilités des énergies dites nouvelles, qu'il serait plus juste d'appeler renouvelables, par opposition à celles qui sont tirées des hydrocarbures, du charbon ou de l'uranium, matériaux appelés à s'épuiser.

Le COMES (Commissariat à l'énergie solaire), créé en 1978, se voit doté pour 1979 d'un budget propre d'environ 100 millions de F : 30 % des dépenses sont consacrées aux centrales solaires thermiques ; 25 % à l'habitat solaire ; un peu moins de 25 % au photovoltaïque (conversion directe du rayonnement solaire en électricité). Le reste des crédits servira notamment à des actions de promotion et à assurer la participation du COMES aux recherches de l'INRA sur l'utilisation de la biomasse, ainsi qu'à celles du CNEXO sur l'énergie thermique des mers.

Au budget du COMES s'ajoutent les crédits consacrés à l'énergie solaire par d'autres organismes nationaux (CEA, CNES, CNRS, Centre scientifique et technique du bâtiment), en tout 65 millions de F, et les investissements prévus par plusieurs sociétés privées.

Thémis

EDF, à la fin de décembre 1978, lance des appels d'offre pour la construction d'une centrale solaire à vapeur de 2 MW électriques à Targassonne (Pyrénées-Orientales) : 350 héliostats concentreront leurs rayons sur une chaudière située au haut d'une tour, le fluide caloporteur étant un mélange de sels fondus. Thémis — tel est le nom de cette centrale — devrait entrer en service en 1981.

En collaboration avec l'Allemagne et l'Italie, la France prépare la construction d'une centrale solaire de 20 MW près de Catane, en Sicile. Deux projets sont lancés en Espagne. Les États-Unis poursuivent à Barstow (Californie) la construction d'une centrale de 10 MW comportant 2 000 héliostats orientés par un ordinateur vers une chaudière située à 100 m de hauteur.