L'éradication est considérée comme définitive si les équipes de surveillance ne détectent aucun nouveau cas pendant les deux années suivant le dernier cas connu. Or, depuis le 26 octobre 1977, on n'a pas découvert un seul cas en Somalie, ultime foyer de variole au monde. Après l'éradication mondiale, l'OMS veillera à ce qu'un stock constant de 200 à 300 millions de doses reste disponible pour être rapidement utilisé en cas d'urgence.

Laboratoires

Janet Parker, photographe au centre hospitalier universitaire de Birmingham en Grande-Bretagne, meurt de la variole le 11 septembre 1978. Sa mère, contaminée à son tour, guérit. Dans cet hôpital se trouve l'un des laboratoires où l'on cultive le virus de la variole, non pour fabriquer le vaccin — qui est produit à partir du virus de la vaccine, maladie infectieuse voisine de la variole —, mais pour étudier des virus animaux proches de celui de la variole et leur éventuelle transmission à l'homme. Il y a quelques années, soixante-quinze laboratoires stockaient encore le virus de la variole ; en 1978, il n'en restait plus que dix. L'OMS espère d'ici 1980 ramener ce nombre à quatre. Ces centres de recherche travailleront sous son contrôle.

Endémique

Depuis une décennie, on assiste à un retour en force du paludisme. En Turquie, 1 200 cas en 1970, près de 120 000 en 1978 ; en Inde, 60 000 cas en 1962, 6 millions en 1976. Un être humain sur quatre vit dans une région impaludée et l'on estime à 200 millions le nombre de personnes souffrant de cette maladie. Deux millions en meurent chaque année, dont un million d'enfants. Dans de nombreux pays tropicaux, d'où il avait été pratiquement éliminé, le paludisme est de nouveau endémique. Cela tient à deux causes : les souches de moustiques résistantes aux insecticides se sont multipliées, et, dans certaines zones, le parasite est devenu résistant aux médicaments antipaludéens usuels.

Larme idéale serait la vaccination. Depuis 1976, on sait cultiver in vitro sur globules rouges humains le principal agent du paludisme, le protozoaire plasmodium falciparum. Mais la fabrication du vaccin en est encore à la phase expérimentale. Une autre voie s'est ouverte : la lutte biologique, grâce à une bactérie déjà bien connue des agronomes et couramment utilisée depuis quelques années contre les chenilles et insectes ravageurs de récoltes : Bacillus thurigiensis. Dans une conférence prononcée à l'Institut Pasteur le 5 octobre 1978, le docteur Huguette de Barjac a révélé qu'une nouvelle variété de cette bactérie, Bacillus thurigiensis israelensis, détruit spécifiquement les larves de moustiques. Une dose de un million de spores bactériennes par millilitre tue à 100 % en une demi-heure les larves d'Ædes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune, et en une heure et demie celles des anophèles, vecteurs du paludisme.

30 millions de femmes mutilées

À Khartoum (Soudan), le bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale réunit, au début de 1979, une conférence sur les pratiques traditionnelles affectant la santé de la femme. Trois sujets étaient prévus : tabous nutritionnels pendant la grossesse et la lactation, mariage précoce, mutilations sexuelles.

C'est ce dernier thème qui a été au centre de la plupart des débats. De son côté, la revue Peuples publie, en janvier 1979, un dossier consacré à l'excision rituelle. Dans tous les pays de l'Afrique intertropicale et, de façon sporadique, au Maghreb et au Moyen-Orient, les femmes sont excisées avant la puberté. En Afrique orientale (Kenya, Somalie, Éthiopie, Soudan, une partie de l'Égypte), elles subissent en outre l'infibulation. On estime que les mutilations des organes génitaux concernent 30 millions de femmes au moins.

Clitoridectomie

L'excision consiste à sectionner tout ou partie du clitoris. Dans la forme la moins mutilante, la circoncision sunna, seul le capuchon du clitoris est excisé. Plus répandue est l'ablatation totale, qui se pratique de diverses manières. Dans certaines ethnies, on cautérise : sur le clitoris déjà tuméfié par l'application de feuilles d'ortie, l'exciseuse pose un tison enflammé. Plus généralement, l'excision se pratique à l'aide d'un instrument tranchant (couteau, lame de rasoir, tesson de bouteille, silex). Pour arrêter l'hémorragie, on applique sur la plaie des décoctions d'herbes, des emplâtres composés de lait, de miel, parfois de bouse de vache.