À la moindre lésion de la paroi d'une veine ou d'une artère, l'équilibre est rompu : le thromboxane A2 est alors synthétisé en très grande quantité et entraîne l'agglutination des plaquettes, qui forment un bouchon. Elles changent de forme, se hérissent de pseudopodes, déchargent leurs nucléotides et tendent à adhérer les unes aux autres ainsi qu'aux parois du vaisseau sanguin. À ce phénomène d'hémostase s'ajoute la coagulation, ou formation du caillot de fibrine, qui nécessite elle aussi l'intervention des plaquettes. Une équipe de l'INSERM a montré en 1978 que, dans la membrane plaquettaire, deux glycoprotéines ont un rôle clef : la première permet aux plaquettes d'adhérer à la paroi vasculaire, l'autre facilite leur agglutination. Pour prévenir les thromboses, en dehors de l'aspirine qui agit sur l'agrégation des plaquettes en inhibant la synthèse de la prostaglandine H2, les firmes pharmaceutiques envisagent la production de composés semblables à la prostacycline anti-agrégante.

Régime

Une autre forme de prévention est d'adopter un régime alimentaire pauvre en acides gras saturés (c'est-à-dire dont les 4 valences du carbone sont occupées). Chez des rats nourris avec des graisses saturées (beurre, viandes grasses), les activités coagulantes et agrégantes des plaquettes sont notablement accrues ; c'est l'inverse avec un régime riche en graisses poly-insaturées.

Pour vérifier ces résultats sur l'être humain, une équipe de l'INSERM a mené en 1978 une expérience avec cinquante-sept familles de paysans de la Moselle. On a procédé, pour chacun de leurs membres, à des analyses de sang complétées par l'inventaire et l'analyse chimique de l'alimentation. Une corrélation est apparue entre les fonctions plaquettaires et la consommation de graisses saturées. Ces cinquante-sept familles ont accepté de supprimer totalement de leur alimentation, pendant un an, les graisses saturées et de les remplacer par de l'huile et de la margarine à acides gras poly-insaturés, et de ne consommer que des viandes maigres.

Après cette période, l'activité coagulante des plaquettes, celle qui joue le rôle le plus important dans la genèse des accidents cardio-vasculaires (surtout l'athérosclérose), est redevenue normale et la teneur du sang en graisses a diminué d'environ 10 % ; mais on ne constate pas de modification sensible de l'activité agrégante. L'acide alpha-linoléique, contenu dans les huiles poly-insaturées, en particulier la nouvelle huile de colza, semble avoir un effet favorable sur les thromboses en allongeant le temps de coagulation plasmatique et en diminuant légèrement l'agrégation plaquettaire.

L'expérience menée par l'INSERM confirme une observation faite, en 1978, en Écosse, sur deux populations dont le régime alimentaire ne diffère que sur un point : l'une, à Glasgow, consomme du beurre ; l'autre, à Dundee, de la margarine. Chez la seconde, les fonctions plaquettaires sont normales et le taux de maladies coronariennes est le plus bas de toute l'Écosse. Aux États-Unis, la mortalité par maladie cardio-vasculaire a baissé de 20 % entre 1968 et 1978 et le taux moyen de cholestérol a baissé de 4 à 5 %. Cette diminution s'explique en grande partie par une modification du régime alimentaire : moins de graisses animales, plus de graisses végétales insaturées. Le Sénat américain a constitué une commission sur la nutrition, chargée d'informer le public sur les règles alimentaires à suivre pour prévenir les accidents cardio-vasculaires.

Les nouvelles maladies se mondialisent

À côté des résurgences épisodiques de maladies connues comme la grippe ou l'hépatite virale, on a signalé depuis quelques années l'apparition, dans les pays tropicaux surtout, de maladies nouvelles dues à des virus inconnus jusqu'ici.

Une thèse de médecine publiée en 1978, une émission de télévision en mars 1979 consacrées à ces maladies rappellent que, depuis la multiplication des voyages intercontinentaux, virus et bactéries traversent impunément toutes les frontières. Les caractéristiques communes de ces maladies nouvelles sont une très forte contagiosité et une extrême gravité ; l'évolution morbide est brutale ; la mortalité varie entre 50 % et 90 %. Seuls des laboratoires de haute sécurité sont habilités à étudier les germes infectieux en cause.

Afrique

C'est en Afrique tropicale que se sont manifestées pour la première fois trois maladies connues sous le nom de fièvres hémorragiques. Une forte fièvre persistante, des hémorragies cutanées et gastro-intestinales, des ulcérations buccales en constituent les principaux symptômes. La première en date, la fièvre de Marburg, s'est manifestée en 1967 dans cette ville allemande chez des laborantins qui manipulaient des singes importés d'Ouganda. Sur 25 personnes atteintes, il y eut 7 cas mortels. La maladie a reparu en Rhodésie en 1975 et de nouveau en 1977, faisant une trentaine de victimes.