Deux autres best-sellers de l'édition n'ont pas tenu leurs promesses à l'écran : Va voir maman papa travaille, adaptation édulcorée, par François Leterrier, du roman de Françoise Dorin, interprétée pourtant avec conviction par Marlène Jobert, et Monsieur Papa, mise en images gentillette, par Philippe Monnier, du roman attendrissant de Patrick Cauvin (alias Claude Klotz).

Plus ancien, presque classique, enfin, L'homme pressé a tenté de restituer l'univers et le ton de Paul Morand. Un film qui tenait au cœur d'Alain Delon, qui interprète le héros sous la direction d'Édouard Molinaro, sans convaincre tout à fait.

Vétérans

On retrouve Alain Delon dans deux autres films : Mort d'un pourri, honnête film pseudo-politique de Georges Lautner, où l'acteur interprète un justicier évidemment sans peur et sans reproche, et Attention les enfants regardent, de Serge Leroy, où, également co-producteur, il a choisi d'endosser cette fois la défroque d'un salaud, en laissant la vedette à de jeunes enfants.

Les grandes vedettes ne feraient-elles plus recette ? Ni Delon, ni Belmondo, ni de Funès n'ont réussi à faire oublier les faiblesses des films dont ils étaient les principaux atouts. Yves Montant s'en tire à peine mieux dans deux films plus intéressants : La menace, d'Alain Corneau, où ses rides séduisantes font le malheur de Marie Dubois (remarquable) et le bonheur de Carole Laure, et Les routes du Sud, décevant résultat d'une collaboration pourtant séduisante entre Jorge Semprun, le scénariste, et Joseph Losey, le metteur en scène, où Y. Montand incarne un militant révolutionnaire espagnol désabusé.

Finalement, c'est sans doute Lino Ventura qui est resté le plus égal à lui-même, dans un film remarquablement bien mené de Jacques Deray, Un papillon sur l'épaule. Un suspense d'autant plus terrifiant qu'il se noue autour d'un personnage tout à fait banal. Kafka à Barcelone.

Baroque

De la génération suivante, le grand vainqueur est sans doute Gérard Depardieu. Outre son interprétation dans Rêve de singe (film italien de Marco Ferreri), il porte sur ses larges épaules une grande partie du second film de Claude Miller, Dites-lui que je l'aime, d'après Patricia Highsmith.

Une histoire d'amour fou, violente, baroque, pas tout à fait réussie mais qui reste l'une des œuvres les plus intéressantes de la saison, et qui a révélé (aux côtés de Miou Miou) un nouveau visage, celui de la (trop) souriante Dominique Laffin, coqueluche de l'année. Dominique Laffin également présente dans un premier film, d'ailleurs fort anodin, Les petits câlins, de Jean-Marie Poiré. On a vu aussi G. Depardieu dans un exercice gentiment provocateur de Bertrand Blier, Préparez vos mouchoirs. Il y tente vainement, avec Patrick Dewaere, de dérider Carole Laure, qui, finalement, tombe dans les bras d'un surdoué de quatorze ans nommé Riton. Prestige de l'adolescent, très courtisé au cinéma puisqu'on retrouve le même thème dans L'amant de poche, de Bernard Queysanne. Cette fois, c'est la ravissante Mimsy Farmer qui s'éprend d'un lycéen à lunettes...

Personne, en revanche, ne s'éprend des adolescents montés en graine du nouveau film de Claude Lelouch Robert et Robert. Mais cette pochade, parfois languissante, a le mérite de consacrer Jacques Villeret, un bon gros bien sympathique.

Du côté des femmes, ce sont les réalisatrices qui ont surtout été remarquées. Pour quelques films très attachants : L'amour violé, de Yannick Bellon, un réquisitoire virulent, interprété par Nathalie Nell, contre le viol ; La jument vapeur, de Joyce Bunuel, un plaidoyer insolite, plein d'humour et pimenté de fantastique, pour la libération de la femme avec, omniprésente décidément, Carole Laure. Et Pourquoi pas !, de Coline Serreau, où l'on apprend que l'on peut vivre heureux à trois puis à quatre, tous sexes confondus.

Promesses

Si quelques grands noms de réalisateurs manquent à l'appel cette année : Claude Sautet, Alain Resnais, André Téchiné, notamment, on a fait connaissance avec quelques nouveaux qui semblent prometteurs. D'abord Jean-Luc Voulfow, dont le premier film, tendre, drôle, juste, Le beaujolais nouveau est arrivé, d'après René Fallet, bénéficie de la présence chaleureuse des deux grands comédiens Michel Galabru et Jean Carmet.