Jour après jour, le gouvernement Trudeau doit révéler ou confirmer à la Chambre des actes criminels commis par la GRC : cambriolage en 1972 de l'Agence de presse libre du Québec, effraction pour saisir les listes des membres du Parti québécois, incendie d'une grange et vol de bâtons de dynamite au Québec au cours d'une opération dite « antiterroriste », faux communiqués du Front de libération du Québec (FLQ), espionnage de députés, entrées par effraction pour obtenir des renseignements ou pour poser des dispositifs d'écoute électronique, ouverture illégale du courrier depuis le début des années 30.

Plaidant l'ignorance totale, le gouvernement Trudeau renvoie les accusations pour étude à une commission d'enquête créée, le 6 juillet, par Ottawa. Ce scandale n'est pas sans rappeler celui du Watergate aux États-Unis.

Présidée par le juge David Mac Donald, cette commission fédérale est le pendant d'une autre commission formée le 15 juin par le gouvernement québécois, qui s'inquiète des activités de la police canadienne en territoire québécois. Dirigée par Jean Keable, l'enquête québécoise déplaît au gouvernement Pierre Elliot Trudeau qui s'efforce d'empêcher la poursuite de ses travaux.

Obstacles

Dès le début des audiences, en octobre, le ministre fédéral de la Justice, Francis Fox, après avoir promis la collaboration de son ministère, multiplie les obstacles et estime que le commissaire Keable outrepasse un mandat dont il met d'ailleurs en doute la constitutionnalité.

Après avoir évoqué la sécurité nationale afin de refuser le dépôt de dossiers, le gouvernement Trudeau s'engage, le 21 novembre, dans de longues procédures judiciaires pour empêcher la poursuite de l'enquête de la commission Keable. D'abord débouté par la Cour supérieure du Québec, le ministre Fox interjette appel et réussit à paralyser l'enquête le 21 février. Entre-temps, le ministre Fox doit démissionner du Cabinet le 30 janvier, après avoir avoué devant la Chambre qu'il avait imité la signature, sur un document d'avortement thérapeutique, de l'époux d'une femme avec laquelle il avait eu une liaison.

Si les révélations de scandales jettent le discrédit sur la police fédérale, en revanche la mise au jour, en février, d'un important réseau d'espionnage soviétique redore incontestablement le blason de la GRC.

Treize citoyens russes, dont neuf employés de l'ambassade de l'URSS au Canada, sont surpris par la GRC en flagrant délit d'espionnage. Le 9 février, le secrétaire d'État aux Affaires extérieures, Donald Jamieson, confirme l'expulsion des agents soviétiques, qui tentaient de se renseigner sur les services de sécurité de la GRC.

Économie

Toutes les tentatives du gouvernement libéral de P. E. Trudeau pour relancer l'économie canadienne échouent. Les taux d'inflation et du chômage poursuivent leur course ascendante, tandis que le dollar fluctue entre 86 et 90 cents américains.

Cette année de revers économiques est également marquée par un imposant déficit canadien. Il pourrait atteindre, à la fin de 1978, 8,5 milliards de dollars, soit 2,1 milliards de plus qu'en mars 1977.

Le 12 avril, Statistique Canada révèle que le taux d'inflation atteint 8,8 %, l'indice des prix à la consommation ayant fait un bond de 1,1 % en mars, la plus forte hausse jamais enregistrée depuis 1975. Cette augmentation survient deux jours avant la levée des contrôles anti-inflation.

L'indice des prix atteint 170,9, alors qu'il était de 168,9 en février et de 157 en mars 1977. Les consommateurs canadiens doivent maintenant débourser 170 dollars pour des biens et services qui étaient évalués à 100 dollars en 1971.

Tandis que persiste l'inflation, le chômage enregistre une progression marquée, passant de 8,1 % en mars à 8,6 % en avril. Le nombre de chômeurs augmente de 38 000, atteignant 1 045 000. Toutes les provinces, sauf l'Alberta et le Nouveau-Brunswick, connaissent une hausse du taux réel de chômage. C'est toutefois au Québec que l'augmentation se fait la plus sentir par rapport à mars 1977 : 1,3 % en douze mois.

Législatives

Le 11 octobre, après 35 jours d'une campagne électorale terne, le gouvernement néo-démocrate du Manitoba, dirigé par Ed. Schreyer, est défait, lors d'élections générales, par le parti conservateur de Sterling Lyon.