Les grandes signatures du Figaro paraissent pour la première fois dans Paris-Normandie le 21 décembre suivant. Mais la transformation du grand quotidien de province en une filiale du journal parisien ne va pas sans heurts : dix journalistes, dont Pierre Lepape et Pierre Labigue, quittent Paris-Normandie, en faisant jouer la clause de conscience.

Et, à Paris, le malaise qui s'est instauré au sein de la rédaction du Figaro connaît de nouvelles phases avec le licenciement de François Boissarie, délégué syndical SNJ, et surtout avec les démissions, au mois de juin, de Raymond Aron, directeur politique du journal, et de Jean d'Ormesson, directeur général, Xavier Marchetti, co-directeur de la rédaction, Claude Mauriac, chef du service politique, Pierre Thibon, éditorialiste.

Paris-Match

Le groupe Prouvost, à son tour, disparaît. Seuls les magazines féminins sont conservés par les petites-filles de l'ancien patron. Télé 7 jours et Match passent sous le contrôle du groupe Hachette. Presque immédiatement, 60 % des parts de Match sont revendues au groupe Filipacchi.

L'Express

Voit l'arrivée d'un homme d'affaires franco-britannique, James Goldsmith, qui rachète 45 % des parts détenues par Jean-Jacques Servan-Schreiber, le 16 mars 1977, Jean-Charles Lignel, de son côté acquiert en janvier 1977 40 % du groupe Expansion (L'Expansion, la Lettre de l'Expansion, Lire).

Parisien libéré

L'autre grand problème auquel se trouve confrontée la presse française reste l'affaire du Parisien libéré.

Le 30 novembre 1976, la cour d'appel de Paris confirme le jugement rendu, le 9 juin précédent, par le tribunal de grande instance ordonnant l'évacuation des locaux de la rue d'Enghien (occupés par les ouvriers depuis le 6 mai 1975), sous astreinte de 5 000 F par jour de retard. La réponse est immédiate : c'est la grève du 3 décembre.

Le 5 décembre, des gardes mobiles procèdent à l'évacuation, tandis que différentes manifestations de rue éclatent et qu'une grève est décidée par le syndicat du Livre. À la tribune de l'Assemblée nationale, le Premier ministre, R. Barre, dresse un bilan du conflit : « 338 entraves à la libre circulation des véhicules, 31 investissements de locaux par la force, 30 voies de fait et agressions envers les transporteurs, 224 déprédations contre des dépôts de presse et des véhicules, auxquels il convient d'ajouter la destruction de plus de 1 600 000 exemplaires des différentes éditions du Parisien libéré ».

Pour tenter de sortir de l'impasse, un médiateur, Jean Mottin (membre du Conseil d'État et ancien P-DG de la SNEP) est nommé. Mais les négociations, qui s'annoncent difficiles, buttent sur un préalable : les ouvriers du Parisien libéré ont-ils la qualité de salariés ou celle d'« affectataires de service »?

Les attaques contre les véhicules transportant des exemplaires du Parisien libéré entraînent des procès et des condamnations qui sont de plus en plus lourdes. En réponse, des grèves sont décidées. La presse, dans son ensemble, les condamne, car elles compromettent gravement un équilibre financier déjà précaire et de surcroît permettent au seul Parisien libéré d'être vendu normalement !

La Fédération française des travailleurs du Livre formule quatre exigences : retour du Parisien libéré aux règles de la profession ; évaluation paritaire des besoins en personnel du Parisien libéré et donc du nombre de personnes qu'il serait possible de réemployer ; application de l'accord-cadre de la presse parisienne pour régler la situation des personnels non réemployés ; suspension des poursuites contre les ouvriers du Livre accusés de vol.

Claude Bellanger succède le 11 janvier 1977 à Émilien Amaury (décédé le 2 janvier 1977, à la suite d'un accident de cheval) à la présidence du Parisien libéré. La tension entre les parties n'en demeure pas moins vive avant que des discussions n'éclatent entre ses héritiers, et que Bernard Cabanes, rédacteur en chef ne soit démis de ses fonctions, illégalement d'après le tribunal de grande instance de Bobigny. Après avoir eu onze entretiens avec la délégation du Livre CGT, Jean Mottin remet, le 15 février 1977, son rapport au ministre du Travail. Il contient six propositions :
– 73 personnes (sur 562 privées d'emploi) bénéficieraient de mise à la retraite anticipée à partir de 56 ans et 8 mois ;
– départs volontaires encouragés, surtout pour les jeunes qui quitteraient la profession en bénéficiant d'une prime d'un an de salaire plafonnée à 60 000 F ;
– reclassement d'une centaine de personnes dans les entreprises de presse. La direction du Parisien libéré s'engage à reprendre une vingtaine de ses anciens employés. En outre, elle leur donnerait en priorité la totalité des postes éventuellement disponibles en 1977 ;
– réinsertion dans les institutions sociales propres à la presse parisienne du personnel actuel et à venir du Parisien libéré de l'imprimerie de Saint-Ouen ;
– les 219 travailleurs ne pouvant bénéficier de toutes ces dispositions seraient soumis au régime normal des Assedic et de l'aide publique ;
– enfin, une étude concertée doit être entreprise pour le retour des publications imprimées à l'étranger.