Ainsi, on ne peut pas toujours dire à quel sexe appartiennent les figures représentées. Sur 108 figures humaines certaines, on ne peut distinguer que 12 hommes et 27 femmes, les 69 autres figures demeurant indéterminées. On remarque d'ailleurs que les proportions ainsi relevées se retrouvent dans l'ensemble des figurations humaines paléolithiques d'Europe occidentale.

D'autre part, les figurations sont souvent incomplètes. Pour 37 corps pourvus de leur tête, on compte 57 têtes isolées et 14 corps sans tête. Cela semble en grande partie voulu. Pour 9 des corps sans tête, la base du cou vient affleurer le bord naturel de la pierre, lequel ne montre aucune trace d'altération. Certaines plaques ont du être cassées intentionnellement après la gravure.

Enfin, les différentes parties de l'anatomie sont traitées de façons très différentes. Si les profils sont en général représentés avec précision, d'autres parties de la tête et du corps sont souvent négligées, voire absentes. Mains et pieds ou bien ne sont pas figurés, ou bien ne sont que suggérés, et souvent maladroitement. L'avant-bras et la jambe au-dessous du genou sont en général sous-proportionnés. Parfois, on n'observe au contraire qu'un détail, anatomiquement isolé. Certaines gravures paraissent bien être des yeux, mais on ne trouve pas de tête autour d'eux. D'autres, très soignées, font penser à des chevelures et apparaissent tout aussi isolées.

Si l'on rapproche ces observations du lacis de traits indéchiffrables qui noie si souvent les figures, on en vient à se demander si l'étude de l'art paléolithique ne devrait pas être reprise dans un autre sens. On s'était attaché jusqu'ici à mettre en évidence ce qu'il représentait ; l'analyse des gravures de La Marche suggère, à l'inverse, l'immense importance de tout ce qu'il n'a pas représenté — et sans doute volontairement.

Parure

Notons que la détermination des hommes et des femmes, tout de même possible dans un bon tiers des cas, donne quelques indications sur la parure féminine. Il semble que la présence d'une coiffure sous la forme de bandeau ou de bonnet ait été plutôt associée au sexe féminin, de même que les bracelets.

Et il n'est pas impossible que les femmes de ce temps aient eu souvent des cheveux longs, les hommes plutôt des cheveux courts...

Vestiges néolithiques : records battus dans la vallée de l'Aisne

Plusieurs découvertes spectaculaires ont marqué la campagne de 1976, dans la vallée de l'Aisne, où une expérience archéologique importante et originale est en cours sur une soixantaine de kilomètres : il s'agit d'une exploration de grande ampleur précédant de vastes opérations d'aménagement. Après cinq années de recherches, des dizaines de sites, allant de l'époque néolithique aux temps gaulois, ont été découverts.

Structures

À Cuiry-lès-Chaudardes tout un village néolithique est en cours d'étude. Sa superficie reconnue approche les 12 000 m2. Fouille difficile : le sol ancien a disparu, et la recherche des structures ne peut compter que sur des trous de poteaux et des fosses. Mais ces vestiges sont nombreux. Ils correspondent aux premiers établissements de paysans dans le nord de la France et remontent aux environs de 4 000 avant notre ère. Des établissements de ce type sont bien connus en Europe centrale.

À 150 ou 200 mètres de ce village, un second groupe de maisons a été reconnu. Sa fouille a commencé durant l'été 1976. C'est là qu'ont été trouvées deux habitations de grandes dimensions. L'une mesure de 12 à 15 m de long sur 5 m de large ; l'autre de 35 à 40 m de long sur 8 m de large. Ce sont les plus grandes maisons néolithiques découvertes en France. La seconde pouvait abriter plusieurs familles. Les trous de poteaux n'ont pas moins de 1 m de profondeur. Les fosses adjacentes aux maisons (structure courante dans les villages néolithiques) sont creusées jusqu'à 3 m. « On croit rêver », commente J.-P. Demoule, responsable de ces recherches.

Au Sahara : découverte d'un campement vieux de 7 000 ans

La recherche préhistorique au Sahara s'est longtemps bornée à un ramassage de jolis silex et à l'étude plus ou moins sérieuse de gravures rupestres. Toute recherche dans cette région présente de grandes difficultés. On n'y trouve pas de belles stratigraphies comme dans les sols européens. Les préhistoriens les plus méticuleux sont bien souvent réduits à un ramassage. Toutefois, les exigences croissantes en matière d'observation et de récolte commencent à donner des résultats, même dans des conditions aussi ingrates. On en a eu un exemple remarquable en 1976, avec la publication des fouilles dirigées par Jacques Tixier à Bordj Mellala, au nord-ouest d'Ouargla, en Algérie.