Ces décisions ne sont pas faites pour apaiser les esprits. Les étudiants organisent, le 19 mai, malgré l'interdiction de manifester, une journée nationale de combat pour le retour à la démocratie et parviennent, pour la première fois depuis des années, à mobiliser des milliers de personnes.

En proie à des difficultés intérieures, le gouvernement fait vibrer la corde nationaliste, toujours sensible. Il refuse de céder aux pressions de Washington concernant la violation des droits de l'homme au Brésil et l'installation, par l'Allemagne fédérale, d'une usine nucléaire de retraitement de combustible irradié (dans le cadre de l'accord de juin 1975, complété par un premier contrat de juillet 1976). En revanche, il renonce (5 mai) à l'aide militaire américaine, qui aurait été de 50 millions de dollars en 1977 (l'Argentine et l'Uruguay adoptent la même attitude). Le 11 mai, il dénonce unilatéralement l'accord militaire qui le liait aux États-Unis depuis 1952, geste sans réelle portée pratique mais d'une valeur symbolique.

Les militaires n'ont certainement pas dit leur dernier mot. Ni le Brésil renoncé à devenir une puissance de premier plan.

Chili

Santiago. 10 250 000. 14. 1,9 %.
Économie. PIB (74) : 731. Production (74) : G 108 + A 115 + I 118. Énerg. (*74) : 1 361. C.E. (74) : 33 %.
Transports. (*74) : 2 878 M pass./km, 2 413 M t/km. (*74) : 197 800 + 151 400. : 386 000 tjb. (74) : 792 M pass./km.
Information. (72) : 128 quotidiens ; tirage global : 907 000. (73) : *1 500 000. (73) : *525 000. (71) : 245 700 fauteuils ; fréquentation : 44,6 M. (74) : 446 000.
Santé. (73) : 5 572. Mté inf. (71) : 77,8.
Éducation. Prim. (74) : 2 320 502. Sec. et techn. (74) : 452 456. Sup. (72) : 127 238.
Institutions. Une junte militaire gouverne par décrets depuis le coup d'État (11 sept. 1973) qui renverse le régime démocratique institué par la Constitution de 1925. Le chef de la junte, Augusto Pinochet, prend, le 17 décembre 1974, le titre de président de la République et chef de l'exécutif. Constitution en préparation.

Économie

C'est l'année d'un certain redressement économique et de la consolidation du nouveau régime. Les difficultés, quoique toujours sérieuses, perdent une partie de leur acuité. Le taux d'inflation, qui avait atteint 1 000 % lors du renversement du président Salvador Allende en septembre 1973 et qui se montait encore à 340 % en 1975, tombe à 174 % en 1976.

D'après un rapport de l'université de Santiago, le taux de chômage est passé, dans la capitale, de 20 % en mars 1976 à 13,6 % en décembre. (Un taux de 4 % était considéré comme normal avant 1970.)

La production industrielle est en hausse sensible (+ 6 %), alors qu'une baisse de 15 % avait été enregistrée en 1975. Son niveau demeure inférieur à ce qu'il était en 1969.

Le relèvement du cours mondial du cuivre (principale ressource du pays) contribue à rendre excédentaire une balance commerciale longtemps en déficit. Le peso est réévalué en juillet 1976 et en mars 1977.

Idéologie

À plusieurs reprises, le général Pinochet, président de la junte, définit le caractère et les objectifs du Chili nationaliste. Le 11 septembre, il rejette tout mauvais usage du terme de nationalisme, « qui ne saurait se confondre avec les doctrines de type fasciste », et exalte la sécurité nationale en dépit de « ceux qui la combattent comme un concept totalitaire ».

Le Chili, dit-il, cesse d'être un État « idéologiquement neutre » et doit vivre selon « une doctrine humaniste et chrétienne ». Le marxisme, « doctrine intrinsèquement perverse, sera combattu jusqu'à sa déroute totale ».

Le 18 septembre, trois actes constitutionnels sont promulgués. Ils proclament notamment le caractère unitaire de l'État et sa structure régionalisée, entendent garantir l'exercice des libertés mais stipulent que le droit de grève est interdit dans les services essentiels du pays.

Le général affirme, le 22 décembre, que son pays « a mis en marche avec succès une expérience basée sur une démocratie autoritaire ». La démocratie représentative est un « système dépassé ». Conception contestée par une partie de la hiérarchie de l'Église catholique.

Dissolution

La junte ordonne, le 12 mars, la dissolution des partis politiques, qui avaient été suspendus après le coup d'État de septembre 1973. La mesure affecte directement deux formations qui avaient encore une existence légale : le parti démocrate-chrétien de l'ancien président, Eduardo Frei et le parti national.