Ainsi, le déséquilibre spatial de la Bourgogne est caractérisé par la croissance des régions périphériques et une décroissance de la partie centrale. Or, reconnaissent les aménageurs, « en dépit des politiques menées par l'Établissement public régional en vue d'assister les zones les plus faibles, de resserrer les liens régionaux et de pratiquer une certaine péréquation, il est clair que les principaux équipements engagés (ligne du train à grande vitesse Paris-Lyon avec arrêt à Montchanin et Mâcon, aménagement de la Saône, nouvelles autoroutes) desservent surtout les zones les plus développées. »

Villes et campagnes

De 1968 à 1975, la population bourguignonne a continué, de façon soutenue, à se concentrer dans les agglomérations aux dépens des bourgs et centres ruraux. Pour s'en convaincre, il n'est que de comparer l'accroissement total de la population sur sept ans, soit 4,2 %, à celui des principales agglomérations (en pourcentages) : Nevers + 6 ; Dijon + 10,4 ; Auxerre + 10,5 ; Mâcon + 12,5 ; Chalon + 13,5.

Ce sont tous ces éléments qui conduisent aujourd'hui à une nouvelle vision du territoire régional. « Il est important désormais, estiment les responsables régionaux, de se situer au niveau de l'élément territorial de base que constitue la petite ville, ou le bourg, indissolublement liée au tissu rural qui l'irrigue. Il faut appuyer l'aménagement sur des unités qui associent étroitement espaces ruraux et urbains, au lieu de risquer de les opposer. »

En Bourgogne, où le dépérissement des zones rurales n'est pas encore irrémédiable, la vision du territoire régional redécoupé en espaces homogènes — ou pays — peut renouveler la politique d'aménagement dans le sens d'un meilleur équilibre et d'un plus grand humanisme.

Franche-Comté

Priorité au désenclavement

Du fait de sa position géographique excentrée et de son relief accidenté, la Franche-Comté a longtemps souffert des insuffisances quantitatives et qualitatives de ses liaisons avec les autres régions voisines comme avec Paris.

Or, estiment les experts régionaux, « tous les efforts pour rechercher un équilibre interne par le biais de l'aménagement du territoire régional seraient vains si, dans son ensemble, la Franche-Comté ne parvenait pas à améliorer ses liaisons avec son environnement national ou européen. Le développement des communications restera donc prioritaire, compte tenu des retards propres à la Franche-Comté et de l'importance accrue des échanges nationaux et internationaux destinés à répondre à un objectif de plein emploi ».

De ce point de vue, la région jouit d'une situation privilégiée, puisqu'elle constitue une région frontalière avec la Suisse et qu'elle est proche de l'Allemagne et de l'Italie. Au surplus, et malgré ses retards, la Franche, Comté a bénéficié des grandes options nationales prises en la matière-notamment pour l'amélioration des liaisons autoroutières (autoroute A 36 Mulhouse-Beaune) et ferroviaires (électrification de l'axe de la vallée du Doubs, mise en service de turbotrains sur Strasbourg et Lyon, accélération des liaisons sur Paris-Bâle).

Dans l'avenir, les objectifs prioritaires suivants sont retenus :

Liaisons routières

En dehors de l'achèvement de l'autoroute A 36, la grande affaire reste l'amélioration des liaisons transversales de la vallée du Doubs, principalement de l'axe Nancy-Besançon-Lausanne. Cet axe routier, sur lequel le trafic s'est accru de 10 à 14 % entre 1973 et 1974, alors qu'il diminuait en moyenne sur l'ensemble des routes françaises, reliera la Lorraine à la Suisse tout en desservant également Luxeuil, Vesoul, Besançon, Pontarlier et Vallorbe.

Liaisons ferroviaires

Les améliorations concernant les liaisons sur l'axe de la vallée du Doubs, comme celles qui intéressent Paris-Besançon, sont étudiées dans la perspective de la mise en service, vers 1980, du train à grande vitesse Paris-Lyon, qui réduira de 3 h 41 (minimum actuel) à 2 h 21 la durée du trajet de Paris-Besançon.

Liaisons aériennes

Disposant à relative proximité des aérodromes internationaux de Bâle-Mulhouse, Genève-Cointrin et Lyon-Satolas, ainsi que des deux aéroports régionaux de Belfort-Fontaine et de Dole-Tavaux (mis en service au cours du VIe Plan), la région portera ses efforts sur la création d'un aérodrome d'affaires à Besançon.

Liaisons fluviales

La Franche-Comté est évidemment intéressée au premier chef par la décision, prise par le gouvernement, de réaliser l'importante liaison Rhin-Rhône, axe moteur pour six régions du nord au midi de la France. Cette décision, annoncée par le président de la République le 24 mars 1975 à Dijon, a été confirmée par le conseil des ministres le 14 avril 1976. Le canal reliera la Saône au grand canal d'Alsace sur 230 km et permettra le passage de convois de 4 000 t de port en lourd. À partir de la Saône, il desservira Dole, la vallée du Doubs jusqu'à Besançon, avant d'atteindre Montbéliard et la zone industrielle de Bourgogne.