L'investissement, qui représentera près de 7 milliards de F, sera inscrit parmi les programmes d'action prioritaires du VIIe Plan. Les premiers travaux débuteront dès 1977.

Alsace

Giscard définit un plan

Après deux longues années de forcing, les élus alsaciens ont obtenu des pouvoirs publics les mesures qu'ils réclamaient avec insistance. Comme le général de Gaulle l'avait fait en établissant en 1969 un plan breton, Valéry Giscard d'Estaing a profité d'un discours à Colmar, le 28 mars 1976, pour révéler les contours d'un plan Alsace. Une région qui, a-t-il reconnu, « est en première ligne quand il s'agit de subir les conséquences des disparités des taux de charge... (et) quand il s'agit de la compétition pour accueillir les investissements et les emplois ».

Pour les élus, le nouveau plan répond aux trois impératifs de la région :
– soutenir les activités économiques, avec notamment le relèvement de la prime par emploi et des aides à l'équipement des zones industrielles dans les secteurs vulnérables ;
– renforcer les infrastructures. L'ouverture du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines à la circulation routière permet déjà, selon le président de la République, « une meilleure communication entre l'Alsace et la Lorraine ». Par ailleurs, la mise à deux fois deux voies des nationales 83 et 422 donnerait donc les caractéristiques d'une voie autoroutière aux liaisons entre Lauterbourg - Strasbourg - Colmar, Colmar-Mulhouse et Colmar-Belfort ;
– assurer un développement équilibré. Sur le plan de la défense de l'environnement et du maintien de la qualité de la vie, « l'industrialisation nécessaire ne doit pas compromettre la beauté du paysage et des villes d'Alsace », de même que « la forêt rhénane doit être mieux protégée, les carrières contrôlées ».

Sur le plan culturel, une charte prévoyant des relais dans les villes moyennes sera conclue avec l'État tandis que la coopération avec les régions allemandes et suisses sera encouragée.

À travers tous ces éléments, les responsables de la région devront faire ce choix fondamental entre un type d'industrialisation poussée, à l'allemande (c'est-à-dire une Ruhr moderne), et un modèle de développement plus harmonieux, donnant leur place à des entreprises et à des activités de taille plus modeste « tout en respectant l'équilibre agricole et les terroirs de la plaine alsacienne ».

Lorraine

Ouvrir la région sur l'Europe

Renforcer le potentiel productif de la région et l'ouvrir largement sur l'Europe, tout en élevant le niveau de la qualité de la vie et en maîtrisant les disparités, tels sont les principaux objectifs que les Lorrains se fixent à l'aube du VIIe Plan.

Dans un climat d'incertitude né du ralentissement de l'activité économique depuis la seconde moitié de l'année 1974, la crise a en effet gravement affecté le niveau de la production et déséquilibré le marché du travail.

Si la structure des emplois a tendu, au cours du VIe Plan, à se rapprocher sensiblement de la structure nationale grâce aux progrès du tertiaire, l'industrie n'en reste pas moins la base du développement régional. « C'est donc, affirment les auteurs du rapport, par une action très soutenue pour la création d'emplois industriels que la Lorraine peut attendre un rééquilibrage de ses structures et un renversement de son solde migratoire. » Cet objectif ne pourra être atteint qu'en menant de pair l'effort de restructuration des industries traditionnelles (sidérurgie, chimie, textile) et les tentatives pour attirer sur place des activités « à forte valeur ajoutée ».

Déjà, le VIe Plan a permis la confirmation du renversement de la tendance à une certaine régression industrielle. En quinze ans, près de 300 établissements industriels se sont créés en Lorraine. Plus de la moitié existaient encore en 1975, employant près de 90 000 personnes, notamment dans le secteur de la mécanique, mais aussi dans celui de l'automobile (Citroën, Michelin, Kléber-Colombes). C'est ce mouvement en faveur de la création d'entreprises nouvelles qu'il s'agit d'encourager, notamment dans le secteur de la transformation des métaux et dans celui de la construction mécanique et électrique, tandis que la chimie lorraine devrait évoluer en direction de la chimie fine (parfumerie, pharmacie, colorants), c'est-à-dire vers des activités occupant une main-d'œuvre nombreuse.