Dirigée par Henri Marque, l'information est assurée, pour la présentation quotidienne, par Yves Mourousi (13 heures). Roger Gicquel (20 heures) et Julien Besançon (fin de programme). Le cahier des charges ayant limité le nombre des films, la difficulté est tournée par l'instauration d'une catégorie nouvelle, venue des États-Unis, le téléfilm, sorte de long métrage tourné spécialement pour la télévision. Enfin, grâce à l'adoption du système de duplication, la mise en couleurs progressive de TF1 fait de cette société une concurrente à part entière d'A2.

Antenne 2

Conformément à la personnalité de son président, qu'un hebdomadaire définit comme « imaginatif, généreux, enivré de liberté, brouillon et gaffeur », A2 est souvent le reflet d'une « exubérance désordonnée ». Ce n'est pas la « séduction réservée », mais plutôt la « séduction coup de poing ».

Joël Le Tac l'avait signalé dans son rapport devant le Parlement, les critiques ont l'occasion de le constater : le double système de la compétition, qui oppose les sociétés pour la répartition de la redevance et pour la conquête d'audiences nouvelles, susceptibles d'améliorer la rentabilité des espaces publicitaires, conduit souvent l'état-major d'Antenne 2 à provoquer des polémiques. Celles-ci, attirant l'attention des téléspectateurs, les amènent à sortir de leur fidélité systématique à TF1 et à renoncer quelquefois au film de FR3.

L'émission phare d'A2 reste sans conteste Les dossiers de l'écran d'Armand Jammot. Entouré d'une équipe de 70 personnes, ce producteur privilégié assure plus de 35 % des émissions d'A2 (jeux, après-midi). Les dossiers de l'écran, générateurs d'incidents et de commentaires passionnés, s'attachent maintenant à tous les problèmes d'actualité et à toutes les questions de notre temps, avec un choix délibéré pour les sujets les plus difficiles : l'amour à quinze ans, la franc-maçonnerie (émission annulée en dernière minute), l'Espagne en crise, la folie criminelle, le goulag et les pieds-noirs. Il s'ensuit souvent une désorganisation du programme en dernière minute, situation contraire au cahier des charges et qui mécontente le public.

Malgré une volonté systématique de faire nouveau, on fait appel à de vieilles recettes comme La tête et les jambes, Les cinq dernières minutes, Maigret, Le grand échiquier de Jacques Chancel dépend beaucoup de la personnalité de l'invité d'honneur, mais c'est là une émission de distraction qui mêle intelligemment les variétés, la musique, la littérature, la poésie, sans didactisme et sans vulgarité, ce qui devient rare. Supprimé un temps, le feuilleton quotidien est remplacé par Gérard Majax (Y'a un truc). Les samedis après-midi sont confiés à G. Leroy, le 4 juin, après le départ de J. Sallebert pour Télé-Monte-Carlo. Apostrophes, de Bernard Pivot, aborde à travers le prétexte de l'actualité littéraire, les grands sujets du moment. Le Ciné-club du vendredi reste fidèle à sa vocation. Dix de der, de Philippe Bouvard, ressemble à s'y méprendre à l'ancien Samedi soir. Guy Lux sévit le samedi après-midi sur TF1 et le dimanche soir sur A2. C'est là encore une curieuse illustration de la concurrence bien comprise ! Guy Thomas (20 heures), Jean Lanzi (week-end) et Maurice Werther (fin de programme) se partagent la présentation des journaux télévisés, tandis que Jean-Marie Cavada anime le magazine C'est-à-dire. Quant à l'horoscope télévisé, vu par Élizabeth Teissier, il aura duré le temps d'une éclipse.

Feuilletons

Qu'il s'agisse de TF1 ou d'A2, la catégorie séries et feuilletons, qui ne suscite plus l'intérêt de naguère, est envahie par les productions étrangères et, dans le meilleur des cas, par les coproductions. Le feuilleton purement français se fait rare. Les Mohicans de Paris, Les peupliers de la prétentaine, Le renard à l'anneau d'or, Les brigades du Tigre, Ces grappes de ma vigne, L'homme sans visage, Splendeurs et misère des courtisanes rivalisent avec des titres comme Le justicier, Le saint, Peyton place, Mannix, Cannon, Police story, Shaft, Colombo, Baretta.