Les exemples cités par le Livre blanc sont frappants :
– Un feu tricolore en agglomération dessert 27 300 habitants en 1954 et 1 480 en 1974, soit une différence de 1 736 % (différence qui atteint 2 180 % à Dijon, mais tombe à 1 077 % à Clermont-Ferrand) ;
– De 1954 à 1974, le coût des programmes (voirie, éclairage public, signalisation, plans de circulation) effectués par la ville du Mans est passé de 33 à 169 francs, soit une augmentation de 512 %. À Nancy, le budget de circulation est passé de 12,80 à 174,90 francs, soit une hausse de 1 366 % de 1968 à 1973 !

La charge des grandes cités

Si, en vingt ans, la population française a augmenté de 48,5 %, la fiscalité urbaine par habitant a augmenté, elle, de 155 % ! En francs constants, un administré qui payait 304 francs de charges en 1954 paie 1 188 francs en 1974. Quand, en 1954, la municipalité investissait 74 francs, elle dépense, vingt ans plus tard, 450 francs. Or, chaque année, l'investissement augmente de 12 à 20 % selon les communes.

Jeunesse et sports

En 1974, on recense un terrain de sports disponible pour 3 157 habitants, contre un pour 10 622 en 1954, soit une différence de 553 %.

Ce taux de croissance moyen se module selon les cas pour tomber à 151 % à Nantes (un terrain pour 11 083 personnes en 1974, contre un pour 27 850 en 1954) et s'élever à 1 063 % à Orléans (un terrain pour 3 285 habitants en 1973, contre un pour 38 000 en 1954).

En 1954, il existait un équipement de loisirs (foyer, maison de jeunes, etc.) pour 122 000 habitants. On en relève, par contre, un pour 14 633 en 1974, soit une différence de 731 %.

Il n'y avait pas de maisons de jeunes et de la culture à Dijon ni à Toulouse en 1954. Vingt ans après, on dénombre une maison de jeunes pour 27 500 habitants à Dijon et une pour 24 706 personnes à Toulouse.

Activités économiques

« Ce sont, rappelle le Livre blanc, les difficultés économiques d'avant la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction du pays et l'exigence du plein-emploi qui ont incité les élus à prendre progressivement en main le développement de leur cité. »

Cette prise en main s'est notamment traduite par l'acquisition, la viabilisation et la vente aux entreprises de zones industrielles, comme par la création de services d'urbanisme et d'interventions foncières.

L'ampleur de l'effort entrepris par les grandes villes se manifeste par l'évolution de la superficie de zone industrielle par habitant : 0,20 m2 en 1954, 1,50 m2 en 1974, soit + 650 %.

La création de réserves foncières a constitué une autre préoccupation majeure des municipalités. À Angers, par exemple, l'agglomération « consomme » environ 120 ha par an, soit plus de 0,80 m2 par habitant. Et s'il a été possible d'acquérir la moitié des terrains, dans les domaines érigés en réserves foncières, à moins de 8 francs le mètre carré, l'autre moitié a dû être achetée à plus de 40 francs dans des secteurs déjà construits.

Les opérations de rénovation urbaine grèvent aussi lourdement les budgets des villes. La ville de Metz participe à l'implantation d'une ZUP (zone à urbaniser en priorité) de 5 083 logements pour un montant de 13 800 000 francs, soit près de 120 francs par habitant. Elle participe aussi au déficit de deux opérations de rénovation pour une somme totale de 20 104 000 francs, soit plus de 170 francs par tête, et cela sans tenir compte des dépenses nécessitées par les équipements indispensables à ces zones.

L'exemple d'un budget d'urbanisme en progression vertigineuse est fourni par la ville du Mans. Il y a vingt ans, un crédit (symbolique) de 51 260 francs, soit 0,46 franc par habitant, était inscrit à ce chapitre. En 1974, l'urbanisme nécessite un budget de 13 000 000 de francs, soit près de 80 francs par citadin et une progression de 1 729 % !

Métamorphose des services publics

Si, comme on vient de le voir, certains services concernant notamment la circulation ou l'urbanisme sont ainsi nés de toutes pièces, d'autres, très anciens, ont connu une métamorphose complète. C'est particulièrement le cas de l'aide sociale, de la scolarité, de l'adduction d'eau, de l'assainissement des eaux usées et des ordures ménagères.

L'action sociale

L'ancien Bureau de charité, existant déjà au début du XXe siècle et devenu Bureau de bienfaisance, a connu une extension sans précédent qu'exprime ainsi un responsable du bureau communal de Lille : « Du bar de soupe populaire au foyer-restaurant, du secours de loyer à la gestion de résidences pour personnes âgées, de la prime de bonne tenue de logement à l'aide ménagère, du banc public au foyer-club, que de chemin parcouru ! »