Le rythme de l'inflation dans le monde entier est, lui aussi, en partie responsable des fortes hausses des prix. La dépréciation du dollar et de la livre sterling (monnaies d'après lesquelles sont traditionnellement établis les cours sur les marchés commerciaux) a encore accentué la hausse. Les consommateurs japonais et européens ont été moins affectés par cette dépréciation, dans la mesure où leurs monnaies ont été réévaluées par rapport au dollar et à la livre sterling.

Les prix des céréales ont doublé. Cette situation critique a été provoquée par plusieurs facteurs :
– les mauvaises récoltes en Union soviétique ont obligé ce pays à acheter, selon des estimations, quelque 25 millions de tonnes de céréales aux États-Unis pendant la saison 1972-1973 ;
– les récoltes ont été moins abondantes aux États-Unis mêmes ;
– les catastrophes naturelles, comme celles du Pakistan, de l'Indochine et du Sahel.

Des problèmes surgissent non seulement sur le plan de la production, mais aussi sur celui de la demande. La population mondiale s'accroît en moyenne chaque année de 75 millions d'unités, le taux d'accroissement étant généralement plus élevé dans les pays pauvres. L'augmentation de la production mondiale d'aliments ne suit pas l'accroissement de la population : il faut donc puiser dans les réserves. En 1973-1974, les réserves mondiales de froment étaient au niveau le plus bas de ces vingt dernières années ; la population mondiale, elle, s'est accrue de 50 % au cours de la même période.

Denrées

Les accords sur le café et le sucre ont été très chancelants. Celui sur le cacao a dû faire face à d'énormes difficultés dès son entrée en vigueur. Les producteurs, devant les prix élevés et le faible volume de l'offre par rapport à la demande, ne tiennent pas à un renouvellement des accords venus à expiration, mais souhaitent plutôt que le mécanisme de l'offre et de la demande détermine les prix.

Aussi l'ancien accord sur le café est-il prorogé jusqu'au 1er octobre 1975 (période intermédiaire de deux ans), à condition que les dispositions se rapportant notamment aux quotas d'exportation, au mécanisme des prix et au contrôle des importations et des exportations ne soient plus appliquées. Cela signifie en réalité le retour à un marché libre.

Une décision similaire a été prise pour le sucre. Les négociations entreprises pour le renouvellement de l'accord ont échoué par suite de divergences de vues entre les producteurs et les consommateurs sur les prix et les quotas. Seul un accord administratif a été conclu pour une durée de deux ans, qui devrait permettre d'élaborer un nouvel accord d'ici 1975.

L'accord international sur le cacao est théoriquement entré en vigueur le 1er juillet 1973 : il vise notamment, par un système de quotas d'exportation combiné avec un stock de sécurité, à un meilleur alignement de la production sur la consommation et vice versa, ainsi qu'à une stabilisation des prix sur le marché mondial. En fait, l'accord n'a pratiquement pas pu être appliqué en raison du haut niveau des prix pendant le deuxième semestre de 1973 et de l'insuffisance de la production (impossibilité de constituer des stocks de sécurité). Cette situation a contribué à soutenir la hausse des prix des denrées.

Spéculations

Le cacao a présenté un déficit de production dû surtout à la persistance de la sécheresse dans les pays producteurs africains et au Brésil. Le prix du sucre a également subi des hausses violentes en raison du faible volume de l'offre par rapport à la demande au niveau mondial (celle des pays en voie de développement notamment). Le prix du café est resté très ferme, mais le rythme de hausse a été moins soutenu que pour la plupart des autres matières premières.

Les prix du caoutchouc, du coton, de la laine et de l'huile de soja ont connu aussi de fortes hausses. Elles sont principalement dues aux importants achats spéculatifs des pays consommateurs, surtout des États-Unis, du Japon, de l'Europe de l'Est et de la Chine. Le conflit du Proche-Orient et la crise de l'énergie ont également influencé les marchés.