Plusieurs réunions scientifiques (deux se sont tenues à Paris) et un grand nombre de publications (dont une de l'OMS) ont fourni des éléments importants sur les implications médicales de l'interruption volontaire de la grossesse.

Techniques

Le nombre des techniques est restreint. Le choix obéit à des impératifs qui sont d'une rigoureuse chronologie :
– jusqu'à la huitième semaine d'aménorrhée (c'est-à-dire depuis les dernières règles), le produit de la conception est aspiré par une sonde de plastique semi-rigide, dite sonde de Karman, la patiente ayant reçu, une demi-heure auparavant, un sédatif nerveux. Durée de l'intervention : de cinq à quinze minutes ;
– de la 8e à la 13e semaine, les spécialistes utilisent des aspirateurs plus puissants, après dilatation du col utérin, sous anesthésie générale ou sous anesthésie locale ;
– entre la 13e et la 16e semaine, l'indication de la technique peut varier ;
– après la 16e semaine, on utilise l'injection intra-amniotique de sérum salé hypertonique et les prostaglandines ; certains pensent que l'une ou l'autre de ces méthodes est valable jusqu'à la 22e semaine d'aménorrhée ;
– pour les grossesses tardives, il faut recourir à une utérotomie, c'est-à-dire ouvrir l'utérus afin de prélever le produit de la conception, soit par voie abdominale, soit par voie vaginale.

Risques

L'avortement est d'autant moins dangereux qu'il est pratiqué plus précocement. Les résultats sont statistiquement bons si les méthodes décrites ci-dessus sont utilisées par des spécialistes avertis.

Sur 1 000 avortements par injection intra-amniotique de sérum salé, le gynécologue britannique Newton n'a noté aucun incident ; l'expulsion se fait attendre vingt-deux heures en moyenne. Le gynécologue suisse de Watteville, sur une série de 1 075 cas, arrive à la même conclusion. Quand on substitue au sérum salé des prostaglandines (spécialement la prostaglandine Er), l'expulsion arrive en douze heures environ.

Le même résultat peut être obtenu par d'autres procédés d'administration des prostaglandines, en ovules par exemple : sur une série de 5 000 cas américains, « aucune complication majeure n'a été notée ».

Bien fait, l'avortement par aspiration ne présente aucun danger. Parfois quelques incidents apparaissent : un choc, une fragilisation utérine, un saignement, une infection.

La notion de danger en médecine est claire : tout acte médical comporte un danger potentiel – on peut mourir pendant une appendicectomie ou après avoir pris un comprimé d'aspirine ! Mais la médecine a réduit ce danger à presque rien, ce presque s'expliquant par le fait qu'il y a des accidents scientifiquement imprévisibles.

Le risque de mort est infime : sur 9 millions d'avortements pratiqués en Europe de l'Est et au Japon, les statisticiens de l'OMS ont relevé un taux de mortalité de 3 à 4 pour 100 000, « alors qu'à titre de comparaison le taux de mortalité maternelle, pour d'autres causes que l'avortement, est d'environ 20 pour 100 000 grossesses, dans les pays développés dotés de services obstétricaux satisfaisants ».

Conséquences

Les avortements répétés risquent-ils de rendre stérile ? Réponse de l'OMS : « Malgré plusieurs études de grande envergure, il n'a pas été possible de déterminer si la stérilité secondaire est plus fréquente après avortement légal qu'après accouchement, ni d'établir si une femme qui a subi plusieurs avortements provoqués a plus de chance de devenir stérile qu'une autre du même âge n'ayant subi qu'un seul avortement provoqué. »

La répétition des avortements est-elle dangereuse pour les futurs enfants ? Oui, semble-t-il. Ainsi, pour l'année 1968, en Hongrie, le pourcentage des naissances prématurées chez les femmes n'ayant fait aucun avortement provoqué était de 10 %, alors qu'il s'élevait à 14 % après une interruption de grossesse, à 18 % après deux, à 24 % après trois. Quand on sait qu'un enfant pesant un faible poids à la naissance a une chance sur trois de présenter un développement physique ou mental inférieur à celui d'un enfant né à terme, on évalue aussitôt le risque des avortements répétés pour la descendance à venir.