Les psychiatres s'étaient déjà inquiétés en constatant, dans la cité-dortoir ultramoderne de Sarcelles, beaucoup plus de dépressions nerveuses que dans le reste de la région parisienne. De là à imaginer une maladie imputable aux conditions de vie dans cet ensemble, la sarcellite, il n'y avait qu'un pas.

Les psychiatres ne l'ont pas franchi, et le Dr Sivadon explique pourquoi : « En quelques années l'épidémie a disparu ; sans doute n'était-ce pas le grand ensemble qui était en cause, mais certaines de ses caractéristiques transitoires, à moins que ce ne soit le changement : à la longue, la plupart des gens s'accoutument, sans doute, mais il en est d'autres qui se sensibilisent... »

Ces réactions à la ville, symbole de la société, se traduisent tantôt par des troubles du comportement de type agressif, tantôt par le recours aux drogues et à l'alcool. Mais, en contrepoint, les psychiatres ont observé (Dr Madeleine Guidevaux) que « les taux urbains de suicides sont inférieurs aux taux ruraux pour chaque sexe et chaque tranche d'âge ». En fait, sur ce plan-là, remarque le Dr Gorceix, « la ville réalise un milieu humain par bien des côtés accueillants ».

La plupart des troubles névrotiques (65 % selon le Dr Eysenck) guérissent spontanément, ou avec l'appoint d'une thérapeutique anodine, dans un délai de deux ans. Pour le Dr Sivadon, ces névroses dues à la civilisation urbaine constituent certes des « épisodes critiques », mais, dans la majorité des cas, leur évolution est réversible, seuls quelques sujets restant réfractaires à toute thérapeutique. Au moins sur ce plan, le bilan n'est pas trop décourageant.

Progrès

Quoi de vrai, dans cette image, de la ville maudite et de la campagne saine ? Le professeur Péquignot a déclaré, à Marseille : « En fait, le progrès nous a créé des villes infiniment plus saines que le milieu dont elles étaient issues. »

Tout, dans le monde moderne, prouve que le progrès (et spécialement les progrès sanitaires) a diffusé des villes vers les campagnes. Mais, en même temps, la ville est devenue la source de nuisances fort réelles. À la fois bonne et mauvaise, elle impose à l'homme de se rappeler une distinction que les Anciens connaissaient si bien.

Il y a deux médecines : celle d'Esculape, qui traite par les drogues et la chirurgie, et celle d'Hygeia, déesse d'Athènes, mère de la « bonne hygiène de vie », qui maintient l'harmonie physiologique de l'organisme.

En matière de maladies de civilisation, il est préférable d'oublier Esculape et de suivre Hygeia.

La pathologie des vacances

Les statisticiens dressent chaque année le bilan du phénomène socioéconomique des vacances, inscrivant au passif la recrudescence de la mortalité sur les routes, les noyades et les accidents de montagne. De leur côté, les médecins et les hygiénistes décrivent une pathologie de l'estivant à laquelle s'expose le citadin pressé d'aller retrouver ses forces à la mer, à la montagne ou à la campagne. Car les vacances imposent à l'organisme humain un effort d'adaptation, souvent très important, à un climat inhabituel, à une alimentation différente, à un rythme de vie souvent bouleversé. D'où l'apparition d'incidents et d'accidents variés, souvent désagréables, et d'états de choc qui se traduisent par de véritables maladies, courtes et parfois même graves, qui suffisent à gâter le temps promis au repos.

Au lieu d'apporter une transfusion de santé, les vacances deviennent alors des réservoirs d'ennuis de santé.

Femmes

Réuni à Paris du 2 au 6 juillet 1973, un congrès international étudie les problèmes multiples de l'influence du soleil sur les êtres vivants. Le Dr Aron-Brunetière accuse le bronzage du vieillissement prématuré de la peau féminine : « Il vaudrait mieux que les consommatrices de soleil appliquent sur leur visage des crèmes antisolaires que des crèmes pour brunir... » Quant aux femmes qui veulent prolonger la durée du hâle à leur retour en s'exposant aux ultraviolets en appartement, elles sont mises en garde très sérieusement contre ce procédé qui « ne fait qu'augmenter les risques de l'exposition solaire ».