On peut se demander quel a été le rôle de l'urbanisation dans le changement des habitudes alimentaires.

Une enquête de l'INSERM (Institut national de la recherche et de la santé médicales) sur l'évolution de la consommation alimentaire en France en fonction de l'urbanisation (docteurs J. Claudian, F. Vinit, Y. Serville, M. Demireva et G. Péquignot) a prouvé que si l'appétit pour la viande est actuellement partagé par l'ensemble de la population, la désaffection pour le pain et les aliments féculents en général, compensée par un goût accru pour les fruits et les laitages, reste encore de caractère urbain.

Les plats dont la consommation augmente avec l'urbanisation sont le poisson, les hors-d'œuvre, les fruits, la viande de boucherie, les pâtes, le riz, les fromages, les « spécialités » ; ceux dont la consommation diminue sont la charcuterie et le porc, les entremets, les pâtisseries, les potages, les plats de légumes, les œufs, les volailles.

Conséquence ? En France, un million de diabétiques, un cinquième de la population adulte en état de surcharge pondérale, un million et demi d'alcoomanes bien épaulés par quatre millions de buveurs d'habitude, cinq millions de sujets porteurs de lésions d'athérosclérose, dont deux millions et demi souffrent d'insuffisance coronarienne. Bien entendu, nos habitudes alimentaires ne sont pas les uniques responsables de cet état de fait, mais elles y concourent puissamment.

Au congrès de Marseille, les rapporteurs sur cette question ont été formels : « S'il se confirme que le pourcentage de calories lipidiques est bien le facteur nutritionnel prédominant à l'origine de l'augmentation de l'athérome, il faudrait envisager une révision dramatique de nos habitudes alimentaires, avec restriction des corps gras d'assaisonnement, sélection de sources de protides animaux pauvres en lipides (viande et produits de la mer les moins gras, produits laitiers écrémés), développement de la consommation de protéines texturées sans adjonction de matière grasse et limitation de la consommation des boissons alcoolisées qui sont, même à doses dites modérées, un facteur très important d'obésité. »

Sédentarité

Quatrième tare du citadin : sa sédentarité.

Le cœur, le système circulatoire, les poumons sont organisés pour apporter aux muscles et aux organes le sang dont ils ont besoin ; ne pas faire travailler ses muscles, c'est limiter volontairement le travail normal du cœur, des poumons, des artères et des veines : et, en matière d'économie organique, le sous-emploi est, comme en économie sociale, un danger grave.

Ce danger est mesurable : de récentes statistiques ont montré qu'en République fédérale allemande où, pourtant, on mène une intelligente politique en faveur du sport à tous les âges, 37 % des habitants ne font jamais de sport, ni même de simples promenades à pied ou des randonnées à bicyclette. En France, ce pourcentage est sensiblement plus élevé.

La sédentarité augmente la surcharge pondérale : et la corrélation est évidente entre cette dernière et les autres facteurs de risques coronariens (diabète, tabagisme, hypertension, hypertriglycéridémie). L'urbanisation de l'homme est, en partie, responsable de cette sédentarité. Il est prouvé que l'exercice physique abaisse la tension artérielle, en même temps qu'il augmente la consommation maximale d'oxygène. Pour les cardiologues, « l'activité physique n'a pas de prix : en corrigeant certains méfaits dus à l'environnement, elle permet de ménager la fonction cardio-vasculaire et de diminuer le risque de maladie cardiaque ».

L'absence d'exercice a aussi de fâcheuses conséquences sur la charpente osseuse : ostéoporose, douleurs et insuffisances vertébrales.

Alors, faire du sport ? Oui, mais pas n'importe comment. Après 40 ans, il est recommandé de passer un examen et de subir un test d'épreuve à la bicyclette ergométrique. Pour le reste, un entraînement bien conduit permet de maintenir ou de rétablir la forme physique ; hélas, selon le professeur E. Martin, « son importance est actuellement sous-estimée en médecine et particulièrement en médecine préventive... ».

Stress

En 1970, la Sécurité sociale révélait que les névroses et les psychonévroses étaient passées, dans la région parisienne, au premier rang des causes de mise à l'invalidité avec près de 25 % des dossiers de malades, tandis que les lésions vasculaires affectant le système nerveux passaient du sixième au quatrième rang des maladies déclarées.