Le Dr H. Pinçon, de Bordeaux, a noté le comportement et les réactions de 1 000 femmes entre vingt et trente ans ayant passé leurs vacances sur des plages de l'Atlantique pendant l'année 1970. Trois points de son étude valent d'être rapportés :
– trois femmes sur quatre s'exposent au soleil trois heures par jour en moyenne, et cela dès le premier jour de leur arrivée sur le lieu de leur villégiature ;
– un tiers des femmes se baignent pendant leurs règles ;
– une femme sur quatre, surtout parmi les mères de famille, s'est déclarée « surmenée » par ses vacances.

Pour le premier point, il semble que les vacancières négligent délibérément cette précaution élémentaire qui consiste à s'exposer progressivement au soleil. Conséquence pratique : 20 % des femmes interrogées par le médecin bordelais ont avoué avoir souffert d'érythème (rougeur de la peau consécutive au coup de soleil). Quant au second point, il est contestable : les femmes ont-elles tort ou ont-elles raison de se baigner pendant leurs règles ? Le Dr Pinçon reste nuancé : c'est la température de l'eau et la date du bain par rapport au début de la période qui conditionnent la venue d'incidents désagréables.

Les deux premières erreurs expliquent la conclusion statistique évoquée par le troisième point, étant entendu que la mère de famille en vacances est surmenée parce qu'elle continue, bien qu'en vacances, à accomplir les mêmes tâches domestiques que pendant les onze mois précédents.

Météorobiologie

D'autres incidents mettent en cause le bien-être du vacancier. Un hygiéniste a baptisé tourista cette maladie du voyageur qui frappe de 30 à 70 % des estivants, surtout dans les contrées méditerranéennes. Elle se traduit, pendant les trois ou quatre premiers jours de vacances, par des nausées, des crampes abdominales, des frissons, des vomissements, des diarrhées.

Les causes de la tourista sont mal connues. Des microbes ? Parfois. Un coup de chaleur localisé à l'intestin ? Peu probable. Un ensemble à la fois psychique (dépaysement, changement d'habitudes) et physique (brusque changement de microclimat) ? Ce n'est pas impossible.

La pathologie des vacances se révèle aussi riche que variée. Les météorobiologistes tentent d'expliquer certains de ces désordres par les actions multiples et encore mal connues de divers paramètres climatiques (température, pression barométrique, degré hygrométrique de l'air, ionisation atmosphérique, régime des vents) sur certaines constantes biologiques de l'homme.

Pour le Dr Sussenberger, spécialiste allemand de cette météorologie médicale, la susceptibilité à ces modifications climatiques est tellement individuelle qu'il est très difficile de dégager des normes. Certaines personnes ne peuvent pas dormir au bord de la mer, alors que d'autres sont insomniaques en altitude.

Il semble que la durée d'un séjour de vacances ait, au moins, une aussi grande importance pour la santé que le lieu choisi : en fait, l'effet éventuellement bénéfique d'un microclimat ne se fait sentir qu'après qu'on y a été exposé assez longtemps.

Tests

On pourrait admettre que, désormais, le lieu de vacances du citadin doit être choisi non plus en fonction de ses goûts, mais en fonction d'une compatibilité entre le microclimat qui y règne et son organisme : tous les météorosensibles, c'est-à-dire les sujets dont l'organisme réagit aux changements climatiques, devraient tirer bénéfice de ce choix scientifique.

Mais, pour l'établir, il faudrait préalablement tester chaque sujet dans une chambre à climats (où peuvent varier toutes les composantes d'un microclimat), afin de déterminer aussi exactement que possible le type de climat favorable.

Dans la mesure où les composantes climatiques ne sont pas les seules invoquées dans la pathologie des vacances, ce test seul serait insuffisant s'il n'était complété par un check up pré-vacances. Cette médicalisation d'une institution sociale qui a valeur de tabou dans la société moderne est-elle souhaitable ?

Ne faudrait-il pas plutôt changer l'époque des vacances ? C'est l'avis du rhumatologue français Florian Delbarre qui, après avoir noté que le métabolisme de base qui conditionne le potentiel d'activité de l'homme est minimal en hiver et maximal au printemps et en été, se demande « s'il est sain de prendre des vacances en août, au moment où l'activité métabolique est à son point le plus haut, et de réserver les fatigues du travail aux mois d'hiver quand l'organisme est au niveau métabolique minimal »...

Ces étranges conjonctivites à virus

Une étrange forme de conjonctivite aiguë (ses symptômes ressemblent à ceux qui furent observés en 1969 en Asie et en Afrique) a fait son apparition en Tunisie puis en Europe. Après une période d'incubation très courte (vingt-quatre heures), le mal débute brutalement, souvent localisé à un seul œil, puis gagne le second ; la douleur est vive, avec œdème des paupières, hémorragies sous-conjonctivales et écoulements. Très contagieuse, la maladie paraît se transmettre par contact direct des mains et des objets souillés par les sécrétions oculaires des malades. Le Dr Nabli, de l'Institut d'ophtalmologie de Tunis, a parlé de véritable grippe oculaire. Dans les meilleurs cas, le mal évolue en deux semaines environ sans laisser de traces. L'épidémie paraît d'autant plus inquiétante qu'à elles seules les conjonctivites représentent de 16 à 22 % des consultations ophtalmologiques. Cette émergence du virus dans les conjonctivites oculaires provient-elle de l'emploi des antibiotiques qui ont fait reculer les conjonctivites microbiennes ? Dans ce cas, le virus – ou plus exactement les virus – aurait pris le relais du microbe. Si l'on connaissait déjà la conjonctivite au virus LPT (elle est courante chez les baigneurs en piscine), ou celle qui est due à l'adénovirus de type 8, celle qui vient de Tunisie semble être provoquée par un entérovirus encore mal connu. Ce virus a été isolé par différents chercheurs et se cultive sur cellules rénales d'origine simienne ou humaine : résistant à l'éther, aux acides, au chloroforme, au froid et à un médicament antivirus connu (la 5-iododéoxyuridine), ce virus de la grippe oculaire n'a aucune communauté antigénique avec les autres virus actuellement connus. Selon le Dr Nabli, « son pouvoir pathogène est nul chez les différents animaux de laboratoire par différentes voies d'inoculation, y compris la voie oculaire ». Seule l'inoculation dans le système nerveux du visage peut déterminer des paraplégies.

La menace du choléra

Le 23 août 1973, un homme de 73 ans, souffrant de diarrhée, de vomissements et d'asthénie, était admis à l'hôpital Maresca, dans la banlieue de Naples. Le choléra venait de faire son apparition en Italie... Bilan définitif : 23 morts sur les 265 malades pour qui le diagnostic a été posé avec certitude.

Pandémies

L'Italie avait été touchée par la quatrième pandémie de choléra (1865-1884) et par la septième (1902-1926), qui y avaient causé respectivement 10 000 et 700 décès. Avec l'amélioration de l'hygiène et l'existence de puissants moyens de chimioprophylaxie, on pensait qu'une nouvelle poussée de choléra dans un pays européen était désormais improbable. Les experts s'étaient trompés.