Toutefois, comme telle est la prétention de ces lignes, il importe tout d'abord de rappeler les attaques dont l'œcuménisme a été l'objet ces derniers temps, puis de distinguer les divers niveaux où il se manifeste.

Attaques

Un peu partout des congrès ou publications de professants protestants conservateurs (Suisse, Belgique, France, Italie, Irlande du Nord, USA, Afrique,...) ont violemment accusé l'œcuménisme et, notamment, le Conseil œcuménique des Églises (COE) de trahir le pur Évangile en faisant de la politique ou en se rapprochant de l'Église romaine. De même, des congrès de jeunesse orthodoxe ou le patriarcat d'Alexandrie – qui devait démentir l'interview qu'il donna à un journal grec – lui ont reproché d'être un organisme protestant anglo-saxon de plus en plus proche de Rome au détriment de la doctrine orthodoxe.

Enfin, les conservateurs catholiques, notamment les silencieux, n'ont cessé de manifester leur hostilité non seulement au COE mais au courant œcuménique et novateur traversant, depuis Vatican II, l'Église catholique ; ils ont même fait un pèlerinage de contre-réforme (catholique) à Rome, au cours de l'année.

À l'opposé de cette tendance, les chrétiens de gauche, engagés dans des combats politiques, lui ont reproché sa lenteur, ses prudences, sa lourdeur institutionnelle.

Il y a enfin la masse, qui n'a même pas encore perçu les préliminaires de l'idée œcuménique. On l'a constaté lors d'une rencontre nationale de délégués régionaux français à l'œcuménisme qui, après une sérieuse enquête, ont conclu que pour la masse l'œcuménisme était encore marginal.

On peut donc avancer sans crainte que l'œcuménisme, élément de la rupture de ce temps, est lui aussi objet des contradictions de notre époque.

Le COE
Les assemblées générales

• Amsterdam (1948), assemblée constitutive : Le désordre de l'homme et le dessein de Dieu.

• Evanston – USA – (1954) : Jésus-Christ notre Espérance.

• New-Delhi (1961) : Jésus-Christ lumière du monde.

• Upsala – Suède – (1968) : Voici, je fais toute chose nouvelle.

• Dakarta.

Les secrétaires généraux

• Dr W. A. Visser't Hooft (Néerlandais), de 1948 à 1965, aujourd'hui président d'honneur du COE.

• Dr Eugène Carson Blake (Américain), de 1965 à 1972.

• Pr Philip Potter (Antillais), en 1972. Cette fonction ne confère aucun pouvoir à l'homme qui en a la charge pour un temps, mais elle en fait le maître d'œuvre du COE, lieu de rencontre et d'action de près de 270 Églises.

Niveaux

Il est évident que ce mouvement échappe désormais à une volonté humaine délibérée, comme ce fut le cas en ses débuts avec les pionniers. L'œcuménisme est devenu un phénomène irréversible dû, diront certains, à une volonté transcendantale, à une poussée socio-historique diront d'autres. Dès lors, quoi qu'il en soit des attaques inévitables, il est permis de dire que l'œcuménisme a encore progressé durant ces derniers mois et à divers niveaux.

Théologique

Beaucoup de laïcs engagés dans des actions communes s'en désintéressent. Cet œcuménisme théologique – poussé sans doute par les actes de la base – est cependant fort important. C'est ainsi que des entretiens bilatéraux ou multilatéraux, nationaux ou mondiaux, ont abouti cette année à des résultats parfois substantiels : acceptation – en Suisse et en Belgique (juin 1972) – d'une déclaration commune sur le baptême ; accord officieux des Dombes entre catholiques et protestants français sur les ministères, après l'accord 1971 sur l'eucharistie (publication en mars 1973) ; sessions de travail du groupe anglicano-catholique à Trèves (juillet 1972), puis en Italie (août-septembre 1973) à propos des accords de Windsor sur l'eucharistie et en partie sur les ministères ; session luthéro-catholique à Minneapolis (novembre 1972), puis à l'Assumption Seminary de San Antonio (février 1973), enfin à Genève (mars 1973) sur les ministères et l'eucharistie ainsi que sur la papauté. Par ailleurs, tandis que le Secrétariat romain pour l'unité publiait une Instruction assez restrictive concernant l'hospitalité eucharistique, c'est-à-dire l'admission des autres chrétiens à l'eucharistie catholique (juillet 1972), pour la première fois à ce niveau un évêque, celui de Strasbourg, publiait un texte quelques mois plus tard, admettant, sous certaines conditions, cette hospitalité ainsi que la réciprocité.