L'organisation clandestine Septembre noir revendique l'organisation du coup de main. Au village olympique, des négociations s'engagent entre le chef du commando (visage dissimulé sous une cagoule), les autorités allemandes et les représentants des pays arabes, notamment l'ambassadeur de Tunisie à Bonn, Ahmed Mestiri. Ni une somme d'argent illimitée ni le remplacement des otages israéliens par de hauts fonctionnaires allemands ne modifient en rien la situation. On parvient, cependant, à obtenir un sursis d'une heure, puis l'expiration de l'ultimatum à 15 h. À ce moment, les Palestiniens précisent que, d'heure en heure, ils tueront deux otages.

Tractations

Tandis que le monde a les yeux fixés sur Munich où un mur de silence et d'angoisse isole de plus en plus le village olympique, des tractations sont menées à l'échelon le plus élevé. Le chancelier Brandt lance un appel aux dirigeants des pays arabes pour leur demander d'user de leur influence. Échec. En l'absence du président el-Sadate, le Premier ministre égyptien Aziz Sedki demeure évasif sur la possibilité d'accueillir le commando et ses otages. Mais, surtout, Israël, une fois encore, refuse de céder au chantage.

Les jeux Olympiques sont suspendus pour vingt-quatre heures — mais qui se soucie encore des Jeux quand les Israéliens, mains liées derrière le dos, paraissent au balcon de leur bungalow ? À la tribune des Nations unies, le secrétaire général Kurt Waldheim qualifie de lâche l'action des terroristes palestiniens — mais quel est l'effet des discours face aux armes ? À l'enthousiasme suscité par les exploits sportifs des jours précédents succèdent l'accablement, l'émotion et l'indignation du monde entier. Même les pays arabes restent sur leur réserve.

La nuit tombe sur Munich sans qu'une solution, apparemment, ait été trouvée. À 22 h, enfin, les fedayin et leurs otages montent dans un autocar qui les conduit à bord de deux hélicoptères. Les appareils se rendent sur l'aérodrome militaire de Feurstenfeldbrück, où un Boeing 727 est prêt à décoller.

Tuerie

Dès que les hélicoptères se posent, les lumières s'éteignent sur l'aérodrome et les pilotes sautent à terre comme ils en ont reçu l'ordre. Mais des fedayin les tiennent en respect, tandis que deux Palestiniens vont examiner le quadriréacteur. C'est le dernier acte du drame : des tireurs d'élite abattent les terroristes qui surveillent les pilotes ainsi que l'un de ceux qui ont visité le Boeing.

Mais le quatrième homme parvient à s'abriter sous un hélicoptère et des rafales de pistolet mitrailleur déchirent le silence de la nuit. Un tireur d'élite, placé au pied de la tour de contrôle, est tué. Pendant un répit de près d'une heure, des appels à la reddition sont adressés aux fedayin. À 0 h 4, un Palestinien saute de l'hélicoptère où se trouvent encore 4 otages israéliens allongés pieds et poings liés. Il lance une grenade et tente de fuir quand l'appareil s'enflamme.

Le bilan est lourd : des otages israéliens, il ne reste que 9 cadavres. Cinq fedayin sont tués et 3 autres prisonniers. (Le 29 octobre, ils seront libérés à la suite du détournement d'un Boeing de la Lufthansa.)

Après cette orgie de sang et de violence, après cette « journée la plus noire de l'histoire allemande depuis la guerre », 80 000 personnes assistent, dans l'immense stade, à la cérémonie organisée à la mémoire des victimes du terrorisme aveugle. La Marche funèbre de la troisième symphonie de Beethoven remplace les chants joyeux des jours précédents. « Au nom de la République fédérale, je lance un appel à tous les peuples du monde, déclare le président Heinemann. Aidez-nous à surmonter la haine. Aidez-nous à trouver le chemin de la conciliation. »

La tache de sang sur les anneaux de Munich aura-t-elle disparu en 1976 ?