Service féminin : jeunes filles ou jeunes femmes volontaires, âgées de 18 à 27 ans, pourront servir un an dans les armées à partir de 1972 : elles occuperont des emplois médicaux ou paramédicaux, administratifs, techniques, scientifiques, des fonctions à caractère social.

Émancipation de plein droit (majorité civile et électorale) des jeunes gens et jeunes filles de moins de 21 ans ayant accompli le service national.

Priorité au nucléaire

Plus précisément, l'arme nucléaire stratégique (bombardiers Mirage IV, missiles sol-sol enfouis en haute Provence et sous-marins lance-engins basés dans le goulet de Brest) recevra 28 126 millions de francs d'autorisations de programme, et la panoplie atomique tactique (engins terrestres Pluton à courte portée et avions d'appui Jaguar de l'armée de l'air et, peut-être, de l'aéronavale) sera dotée de 2 763 millions de francs.

Dans ses grandes lignes, la troisième place à long terme prévoit que les bombardiers Mirage IV — qui ont accompli 3 000 journées de navigation depuis la mise en service des escadres en janvier 1964 — resteront en activité au-delà de 1976, avec une bombe de 70 kt.

Deux unités de 9 missiles balistiques chacune, porteurs d'une charge de 140 kt à 2 500 km de distance, seront constituées sur le plateau d'Albion, à la limite des départements du Vaucluse, de la Drôme et des Alpes-de-Haute-Provence. Trois sous-marins lance-engins à propulsion nucléaire (le Redoutable, le Terrible et le Foudroyant) entreront en opérations entre 1971 et 1974, avec 16 missiles de 500 kt chacun, tandis que la construction d'un quatrième (l'Indomptable) sera achevée en 1975.

Un second poste de commandement des forces stratégiques sera installé à Mont-Verdun (Rhône), pour remplacer la base souterraine de Taverny (Val-d'Oise) en cas de défaillance, d'isolement ou de destruction de celle-ci.

En même temps, Michel Debré est invité par le président Pompidou à accroître la capacité de dissuasion des forces armées, de manière à mettre en service l'arme thermonucléaire (une bombe H d'une mégatonne) à la fin du troisième plan, vers 1976, vraisemblablement à bord des sous-marins dans un premier temps. Le général Michel Fourquet, chef d'état-major des armées, exprime à cette occasion l'espoir que les études destinées à perfectionner l'armement nucléaire et les missiles ne seront pas abandonnées.

Les forces classiques

Si la puissance et la portée des armes stratégiques doivent être accrues, les forces classiques, en revanche, enregistrent une diminution du nombre de leurs matériels, compensée dans une certaine mesure — si les crédits annuels le permettent — par une amélioration de leur efficacité.

Les cinq divisions de l'armée de terre continueront de recevoir le char moyen AMX-30 à raison de 1 000 exemplaires au total. Le char léger AMX-13 sera remplacé par un engin blindé, amphibie et pressurisé, du modèle AMX-10, construit à 600 exemplaires. 130 hélicoptères de manœuvre SA-330 Puma seront livrés jusqu'en 1973 et 170 hélicoptères légers SA-341 Gazelle seront commandés. L'artillerie recevra 65 missiles sol-air Roland à basse altitude et 55 canons automoteurs de 155 mm.

La marine achèvera la construction de 4 corvettes, de 5 chasseurs de mines et d'un navire océanographique, et elle modernisera 7 sous-marins, ainsi que le croiseur antiaérien Colbert. Elle mettra en chantier un porte-hélicoptères, 4 sous-marins de 1 200 t, 2 ou 3 corvettes, une douzaine d'avisos-escorteurs de 1 000 t, tandis que l'aéronavale recevra de nouveaux hélicoptères Super-Frelon et des avions d'appui Jaguar. L'armée de l'air, enfin, commandera une centaine d'intercepteurs Mirage F et 200 avions d'appui tactique Jaguar. La construction d'un appareil d'entrainement sera entreprise avec l'Allemagne fédérale.

Pour accroître, au sein du budget militaire, qui s'est élevé à 28 872 millions de francs en 1971, la part des dépenses d'équipement qui ont tendance à rester constantes depuis quelques années, M. Debré a décidé de limiter la hausse régulière des crédits de fonctionnement (soldes, frais de cantonnement et entretien des matériels). Cette politique, le ministre de la Défense propose de la maintenir jusqu'en 1975. Il faut donc prévoir le départ de 12 000 à 13 000 volontaires parmi les militaires de carrière durant les cinq années prochaines.