Pour 1971, le ministre rejette l'idée d'une nouvelle loi de dégagement autoritaire des cadres — qui aurait été la troisième du genre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui est généralement mal acceptée par les intéressés — et il lui préfère le départ volontaire de 2 496 cadres d'activé (soit 1 militaire sur 100 si l'on se réfère aux effectifs totaux dans les trois armées) et de 2 000 travailleurs civils de l' État.

Cette réduction n'atteint pas de façon équitable les différentes catégories de personnels militaires, puisque les officiers (au nombre de 556) sont proportionnellement plus touchés que les sous-officiers (1 676) ou les hommes du rang sous contrat (264).

Les officiers et les sous-officiers qui seront autorisés à quitter l'uniforme devront appartenir, de préférence, à des corps jugés pléthoriques, comme les états-majors ou les services. Ils se recruteront parmi les militaires de trente-cinq à quarante ans, desquels on peut penser qu'ils sauront plus facilement trouver une occupation civile correspondant à leur formation, avec l'aide des associations d'anciens officiers.

Des députés, comme Joël Le Theule, ancien ministre, ont toutefois émis des doutes sur la possibilité de diminuer les effectifs militaires pendant cinq ans consécutifs sans prendre des mesures d'incitation financière, sous la forme de pécule spécial par exemple, qui coûtent cher au Trésor.

Toujours animé du souci de réduire ce qu'il appelle les frais généraux des armées, le ministre, en accord avec le gouvernement, qui a ouvert à l'époque de difficiles négociations sur le pétrole avec l'Algérie, décide l'évacuation, le 28 décembre 1970, de la base de Bou-Sfer, près de Mers el-Kébir (Oranie). En principe, les aviateurs français s'étaient vu reconnaître, par le gouvernement algérien, le droit d'utiliser les postes de Bou-Sfer jusqu'en 1977. Après l'évacuation, des conseillers militaires français resteront sur la base pour aider à la formation des pilotes de guerre et des mécaniciens algériens et entretenir les 28 avions d'entraînement à réaction vendus à Alger par Paris.

Progressivement, les forces armées françaises réduisent leurs effectifs stationnés outre-mer et cette baisse atteint 14 % par rapport à 1970, des personnels, qui sont rapatriés en métropole en 1971.

En dépit du retrait de certaines de ses forces armées, la France maintient une division de 16 000 hommes, chargée d'intervenir outre-mer à la demande des États africains et malgache qui ont signé avec elle des accords de défense.

Cette division est même réorganisée, à compter du 6 janvier 1971, selon des directives de Michel Debré.

Pour ses opérations outre-mer, la 11e division peut obtenir l'appui de l'armée de l'air et de la marine nationale et elle dispose de bases permanentes à Fort-Lamy (Tchad), à Diego-Suarez et Tananarive (Madagascar), à Djibouti (Territoire des Afars et des Issas), à Dakar (Sénégal), à Port-Bouet, près d'Abidjan (Côte-d'Ivoire), et en Nouvelle-Calédonie.

Gendarmes auxiliaires

D'autres réformes sont, en même temps, préparées et appliquées.

Une expérience de gestion financière commence en février 1971. À la 17e brigade alpine de Gap (3 000 hommes), sur la base aéronavale de Saint-Mandrier (Var), à la base aérienne de Cazaux (Gironde) et dans des unités de la gendarmerie à Nantes et à Paris, le commandement local arrête le choix de ses actions et il est autorisé à engager les dépenses. Un contrôle de gestion est organisé après coup.

Dans le même temps, à compter d'avril, la gendarmerie nationale incorpore dans ses rangs 260 appelés du contingent tous les deux mois. Au total, pendant l'année 1971, ce sont 1 300 jeunes Français qui serviront durant 10 mois (après une instruction de 2 mois dans un régiment de l'armée de terre) comme gendarmes auxiliaires.

C'est la première fois en France qu'une telle opération est organisée dans la gendarmerie. Les jeunes gens, tous volontaires et sélectionnés en raison de leurs aptitudes ou de leurs diplômes professionnels, seront affectés à des pelotons de montagne dans les Pyrénées, les Alpes et en Auvergne, ou mis à la disposition des brigades chargées de surveiller les grands axes routiers et les plages.