En dépit des négociations américano-soviétiques sur la limitation des armements stratégiques, les armées étrangères — à commencer par celles des États-Unis, de l'Union soviétique, de la Grande-Bretagne ou de la Chine communiste — ont continué de se renforcer en cherchant à augmenter leur avance technique.

Réforme du SDECE

Le gouvernement a décidé, le 6 janvier 1971, de mettre un terme aux fonctions de directeur adjoint du Service de documentation extérieure de contre-espionnage (SDECE) exercées depuis plusieurs années par René Bertrand. Depuis la création des services secrets en 1946 à partir des multiples réseaux de renseignements de la Seconde Guerre mondiale en France, c'est la première fois que le gouvernement rend publique une décision qui touche le personnel permanent du SDECE.

Jusqu'à présent, seule la nomination, par le Conseil des ministres, du directeur général du SDECE était officiellement annoncée. C'est, d'ailleurs, ce qui s'est produit, le 14 octobre 1970, lorsque le gouvernement a décidé de désigner Alexandre de Marenches en remplacement du général de corps d'armée Guibaud, qui occupait ce poste depuis janvier 1966. Cette nomination d'une personnalité du secteur privé a permis de renouer avec une tradition — interrompue en septembre 1957 — suivant laquelle ce sont des civils qui dirigent les services de renseignements français.

Le départ du général Guibaud et son remplacement par Alexandre de Marenches ont été l'occasion de renouveler une partie du personnel du SDECE (évalué à 2 000 civils et militaires) et d'entreprendre une certaine réorientation des missions qui lui étaient confiées : du renseignement militaire, le SDECE passerait à la recherche et à l'exploitation des renseignements de la défense — en liaison avec les services alliés — compris au sens beaucoup plus large du terme qui englobe l'industrie, la recherche scientifique et technique. Dans le même temps, la direction de la recherche (qui oriente l'action des réseaux à l'extérieur) et la direction du contre-espionnage (qui emploie des agents à l'étranger) sont réorganisées, comme le sont, dans une moindre mesure, quatre autres grandes directions du SDECE.

La décision de limoger le directeur adjoint du service est, en fait, l'une des principales mesures de réorganisation appliquées par A. de Marenches. Du même coup, le nouveau responsable du SDECE a profité des circonstances pour se séparer de collaborateurs anciens accusés d'avoir entretenu, à la Libération, des contacts avec des personnalités communistes et soupçonnés d'avoir pu les maintenir.

États-Unis

Les États-Unis ont décidé de consacrer, en 1971, l'équivalent de 426 milliards de francs à leurs dépenses militaires. S'il est prévu de diminuer légèrement le nombre des hommes sous les drapeaux (environ 2 700 000 hommes), en revanche l'effort du développement des armes stratégiques, offensives ou défensives, est poursuivi. Le coût de presque tous les programmes est en accroissement, en particulier la mise en place des missiles à longue portée Minuteman 3, porteurs de plusieurs bombes thermonucléaires ; la construction d'un nouveau bombardier stratégique, le B-1, destiné à remplacer les B-52 et les B-58 ; l'installation à bord des sous-marins à propulsion nucléaire du missile Poseidon à têtes thermonucléaires multiples, et le déploiement, au ralenti, du système de sauvegarde de missiles anti-missiles.

De surcroît, le Pentagone attribue l'équivalent de 605 millions de francs à des études préliminaires pour la construction de vingt-cinq sous-marins nucléaires de très gros tonnage, équipés chacun de 20 ou 24 missiles Perseus, d'une portée de 12 000 km. Ce projet, évalué à 82 milliards de francs, est destiné à améliorer l'invulnérabilité et la puissance des sous-marins stratégiques, qui pourront ainsi lancer leurs missiles à distance des côtes adverses et sous le contrôle des forces interarmées de protection.

Union Soviétique

Moscou, qui consacre officiellement 215 milliards de francs à ses forces armées, a considérablement accru son potentiel naval avec la mise en service de plusieurs modèles de bâtiments neufs, l'organisation d'un grand exercice dans le Pacifique et en Atlantique-Nord, sous la direction de l'amiral Gorchkov, chef d'état-major de la marine de guerre, et avec la constitution d'escadres très mobiles qui ont sillonné tous les océans.