Parmi les troupes participantes, The Alvin Ailey American Dance Theater présente le spectacle le plus intéressant. On déplore toutefois l'absence de créations nouvelles au répertoire. Il manque un chorégraphe à cette merveilleuse troupe, rompue aux disciplines de la danse moderne et du jazz. Son directeur artistique, Alvin Ailey, si prestigieux dans ses premières chorégraphies, Blues Suite (1958) et Revelations (1960), n'est pas aussi convaincant avec Streams, une de ses dernières créations.

Le Het National Ballet, dirigé par Van Dantzig et Benjamin Harkavy, représente les Pays-Bas. La Pologne envoie son Théâtre de pantomime de Wroclaw Henryk Tomaszewski : spectacle qui oscille entre le mime, le culturisme et l'expression corporelle.

Le point culminant du Festival est atteint avec la participation du Ballet nacional de Cuba et de son animatrice, l'étoile Alicia Alonso, l'un des derniers monstres sacrés de la danse. Son apparition dans le deuxième acte du Lac des cygnes est saluée comme un des moments les plus émouvants de l'art de la danse. Par son style classique d'une extrême perfection, Alonso irradie et transporte le spectateur dans un univers où rêve et magie se confondent.

Dans le cadre de ce même festival, une exposition des maquettes du Ballet suédois de Jean Borlin et de Rolf de Marée (1920-1925) est représentée au musée d'Art moderne. C'est l'occasion pour les Nouveaux Ballets suédois de présenter trois œuvres, de Conny Borg et de Ulf Gadd, qui nous offrent entre autres une intéressante version du Mandarin merveilleux de Bartok. Le rôle de la jeune fille est confié à une danseuse remarquable et pleine de promesses, Jacqueline de Min.

En décembre, les Ballets Félix Blaska se produisent à l'Espace Cardin. Depuis ses débuts on attend beaucoup de Félix Blaska, chorégraphe aux dons certains. Malheureusement on ne relève aucune évolution sensible du style qui lui semblait personnel. Blaska reste prisonnier de ses trouvailles, limitées à des mouvements saccadés. Sa Sonate pour deux pianos et percussion (de Bela Bartok) ne lui fournit pas l'occasion de s'évader de son propre système.

Le prince Noureev

En fin d'année, à l'Opéra de Marseille, Rosella Hightower remonte la version intégrale de la Belle au bois dormant. Spectacle féerique rehaussé par la présence du célèbre couple Margot Fonteyn-Rudolf Noureev. Ce même ballet est présenté en mai, au Palais des Sports à Paris, où le rôle de la princesse Aurore est confié à l'étoile de l'Opéra Noëlla Pontois ; le prince charmant reste toujours magistralement incarné par Noureev.

En février, de retour de sa première tournée aux États-Unis, le Ballet du XXe siècle convie son fidèle public à ses récentes créations. Offrandes lyriques, où la musique de Bach alterne avec diverses percussions, est un ballet d'ouverture destiné à mettre en valeur les qualités de chaque danseur de la troupe ; Tania Bari et Jorge Donn, purs disciples béjariens, sont très applaudis. La Sonate (sur la 5e sonate pour violon et orchestre de Bach) marque l'entrée dans la compagnie de la danseuse américaine Suzanne Farrell, qui en partage l'interprétation avec Jorge Donn.

Les Vainqueurs, sorte de cérémonie en cinq tableaux sur de la musique classique indo-tibétaine et celle de Wagner, permettent à Béjart chorégraphe de traiter ses thèmes favoris et de faire de ce spectacle un exemple de recherches de théâtre total.

Quelques jours après la saison parisienne, Paolo Bortoluzzi et Rudolf Noureev créent, à Bruxelles, un pas de deux, Chant du compagnon errant, réglé sur des lieder de Gustav Malher.

La danse, cette année encore, figure en bonne place au Théâtre de la Ville, avec le grand danseur de flamenco Luisillo, et le spectacle du Ballet-Théâtre contemporain, Hymen, suite électronique de Stockhausen, fondée sur une quarantaine d'hymnes nationaux. Ce ballet collectif est réalisé par quatre chorégraphes : Alain Deshayes, Jacques Garnier, Aline Roux et Norbert Schmucki, tous placés sous la direction d'un maître d'œuvre, Michel Descombey. Cette première tentative de création d'une œuvre collective au sein du Ballet-Théâtre contemporain n'est pas concluante ; le ballet revêt une certaine homogénéité quant à l'esprit, mais il se présente comme une suite chorégraphique de style indéfini qui lasse et épuise l'attention du spectateur.