Poursuite de la réforme, réorganisation des structures, mise en place de nouvelles grilles de programmes, amélioration de l'information dans le sens de la libéralisation et de la qualité : les efforts sont réels. Mais cela suffit-il à faire de bonnes émissions ? L'expérience n'est pas convaincante. Il est facile de rejeter la responsabilité de la médiocrité générale sur le mauvais fonctionnement administratif. Mais l'Office ne manque-t-il pas aussi de véritables talents ? Ceux des années 60 connaissent des déceptions à chaque nouvelle tentative ; ils ont renoncé ou se sont recyclés dans le privé. Et la télévision doit survivre — à de rares exceptions près — avec la troisième vague de la génération précédente ou avec des jeunes qui sont là « en attendant de faire mieux ailleurs ». Si l'Office est devenu un tremplin, c'est sans doute que ses collaborateurs n'y trouvent plus les satisfactions souhaitées. C'est regrettable à tous les titres et surtout pour le public. À quand, donc, la nouvelle vague des Lorenzi, des Santelli, des Fouchet et des Chalais, pour ne citer que quelques-uns de ceux qui surent donner à la télévision française un ton et une personnalité ?

Une grève discrète

Le 4 janvier, un arrêt de travail limité de certains techniciens marque le début d'une série de grèves tournantes qui toucheront de nombreuses catégories de personnels. Les revendications de l'intersyndicale portent notamment sur les salaires, la garantie de l'emploi, les structures de l'Office et la réforme de la télévision. De préavis en préavis, après une grève générale le 9 février et l'échec de nombreuses négociations, les syndicats décident le 10 mars de suspendre le mouvement revendicatif pendant la période électorale. Le 23 mars, enfin, un accord est signé entre la direction et les syndicats. Ce « procès-verbal ayant valeur de constat » porte sur la garantie de l'emploi, la politique de formation professionnelle et les réformes. Les modalités d'évolution des salaires sont fixées. Les modifications de programmes de dernière minute ont, certes, mécontenté le public, mais tout semble se passer comme si l'habitude de vivre avec ce décor permanent de revendications sociales était prise. Il y a dix ans, une grève de presque trois mois aurait sans doute soulevé plus de protestations véhémentes.

L'office et les Affaires culturelles

Le 26 mars, Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles, et Jean-Jacques de Bresson, directeur général de l'Office, signent, en présence du Premier ministre, une convention de coopération. Cette charte culturelle définit les objectifs d'une collaboration des cosignataires pour une période de trois ans, renouvelable. À l'avenir, tous les bâtiments culturels publics devront être conçus pour rendre possibles les enregistrements radiophoniques et télévisés de qualité. Sous accords particuliers, les pièces jouées dans les théâtres subventionnés, les programmes de la réunion des théâtres lyriques nationaux, les concerts de l'Orchestre de Paris, les spectacles présentés dans les maisons de la culture pourront être transmis. Producteurs et réalisateurs pourront utiliser les archives, les musées, les monuments historiques, les manufactures nationales, les centres d'art et de création.

Radio

France-Inter reste en tête du tiercé

La guerre des radios, bien que plus discrète depuis quelques mois, n'en demeure pas moins réelle. L'auditeur peu averti éprouve sans doute quelque difficulté à s'y reconnaître parmi les émissions qui, à quelques variantes près, se ressemblent d'une station à l'autre. Tant il est vrai que les animateurs, par le jeu des contrats, se révèlent interchangeables.

C'est ici un flash d'information, complexe à force de brièveté — c'est la mode, il faut vivre avec un chronomètre à la main —, là un disc-jockey qui se veut à tout prix dans le vent, plus loin sur la gamme des ondes une conseillère qui a trouvé le ton moralisateur et apaisant qui convient.

Mais l'auditeur régulier s'y retrouve, lui, parfaitement. Si bien, d'ailleurs, qu'il sait marquer son mécontentement par une période d'infidélité. C'est une des raisons pour lesquelles les directeurs des stations suivent très attentivement les sondages d'écoute. Ceux de la saison 1970-71 donnent à France-Inter (28 %) la première place du peloton. En 1969-70, RTL venait en deuxième position. Europe n° 1 ayant repris cette place (24,2 %) devant la station franco-luxembourgeoise (17,8 %). En 1971, la situation est confuse, avec des hauts et des bas à l'avantage de l'une ou l'autre chaîne.

Personnalités nouvelles

Les stations privées s'attachent à découvrir des personnalités toujours nouvelles et susceptibles d'attirer un auditoire plus ouvert ; les chaînes nationales, elles, misent sur la poursuite d'une réforme des structures et des programmes.