On décide, en outre, que les deux prochaines réunions de l'épiscopat, en novembre 1969 et en 1970, seront aussi précédées par des réunions évêques-prêtres. Ainsi s'oriente-t-on vers la constitution d'un presbytérium national.

Les protestants

Deux commémorations importantes ont notamment marqué l'année : le rassemblement traditionnel au Désert, en septembre 1968, a célébré avec un éclat particulier le deuxième centenaire de la libération de Marie Durand, la prisonnière de la tour de Constance, et le 350e anniversaire de la paroisse de Waldersbach (octobre 1968), fondée par le pasteur Oberlin, dont on sait l'action à la fois spirituelle et sociale dans ce terroir déshérité.

La 140e assemblée générale de la Société des missions évangéliques de Paris s'est réunie en novembre. Événement important, car cette Société, à l'origine purement missionnaire, a fait entrer dans ses conseils les jeunes Églises d'Afrique, de Madagascar et d'Océanie, en vue d'un travail commun, sur un pied d'égalité dont le premier fruit est l'ouverture d'un champ d'évangélisation au Dahomey.

En novembre encore, le Mouvement d'action rural protestant a tenu ses vingtièmes journées d'action rurales, consacrées aux problèmes agricoles.

Les synodes

À l'ordre du jour du synode national de l'Église réformée, qui s'est tenu les 7-9 juin 1969 à Avignon, et au synode général de l'Église luthérienne évangélique de France les 13 et 14 juin en l'église Saint-Jean à Paris : la question de l'unité du protestantisme français.

C'est un problème qui est discuté depuis longtemps déjà. On sait qu'un organisme, la Fédération protestante de France, groupe la quasi-totalité des Églises issues de la Réforme. Mais en dépit du développement qu'a pris la Fédération par la création de « départements » groupant pour un travail en équipe des représentants des différentes églises, c'est un organisme sans pouvoir de décision, plutôt un centre de rencontre.

On travaille donc à cette unité dans le sentiment confus, mais tenace, qu'il est assez gratuit de dialoguer avec l'Église catholique romaine en vue de l'unité des chrétiens, alors qu'on n'arrive pas à balayer devant sa maison.

Les quatre bureaux

Dans cette perspective, les deux Églises réformées de France, d'Alsace et de Lorraine, les deux Églises luthériennes de France, d'Alsace et de Lorraine (le Concordat y est toujours en vigueur) ont créé un organisme, appelé « les quatre bureaux », qui a eu pour tâche d'élaborer des textes dogmatiques témoignant de l'identité de la foi des quatre Églises.

Le travail a été bien fait et, de l'avis des théologiens, l'expression de la foi concernant l'autorité de l'Écriture sainte, les deux sacrements, baptême et Sainte-Cène, répond aux vœux des quatre Églises. Ces travaux ont donc été acceptés par les deux synodes. Il est plus que probable qu'ils seront entérinés par le consistoire supérieur de l'Église de la confession d'Augsbourg, d'Alsace et de Lorraine et par le synode de l'Église réformée d'Alsace et de Lorraine.

Mais cependant l'accord n'a pu aller plus loin pour deux raisons à la fois psychologiques et théologiques : les réformés n'acceptant pas de donner la valeur normative des confessions de foi aux textes élaborés ; les luthériens craignant, de la part des réformés, une interprétation laxiste des textes présentés.

La régionalisation

Le problème a été tranché au synode national d'Avignon. L'Église réformée comptait 15 circonscriptions, trop petites pour trouver en chacune d'elles les ressources de son développement. Le nouveau découpage comprend 8 régions. Comme l'État, l'Église réformée souffrait d'une centralisation abusive. La nouvelle répartition accentuera une certaine autonomie de chaque groupe. C'est du moins un espoir.

Cette énumération, qui ne se veut point exhaustive, rend compte des activités usuelles du protestantisme français dans ses actuelles dénominations. Il convient de tenter une analyse des tendances qui l'ont animé.

L'implantation protestante

Ont été inaugurés cette année, à Strasbourg, à Cronenbourg Cité et au Puy (novembre 1968), à Saint-Maur (mars 1969), à Rueil-Nanterre et à Cholet (avril), à Perpignan (mai), des locaux paroissiaux, locaux de jeunesse, centres de rencontre. Un seul temple, baptiste, à Marseille, en décembre 1968. Sont en chantier, à Pau, Bordeaux, Mérignac, Nîmes, Sommières de Lille, des constructions identiques, et à Montpellier un foyer universitaire. Dans la même ligne, il faut signaler à côté des paroisses protestantes les centres de recherche et de rencontre : Villemétrie (Orgemont, Essonne), Glay (Doubs), Celles-sur-Belle (Deux-Sèvres), représentant des foyers d'activité intellectuelle et spirituelle importants. Et dans le contexte œcuménique, la communauté de Taizé, dont le rayonnement dépasse largement les frontières nationales et confessionnelles.

L'œcuménisme

En dépit de quelques réactions sentimentales, voire théologiques et de défense d'un passé traditionnel, le protestantisme français, dans son ensemble, se sent engagé dans le mouvement œcuménique. La conférence d'Uppsala (assemblée générale du Conseil œcuménique des Églises) et la conférence œcuménique de Beyrouth (décembre 1968), centrée sur l'aide aux pays sous-développés, déterminent cette année les travaux préliminaires de l'Assemblée générale du protestantisme français, qui doit se tenir en septembre 1969 à Grenoble.