D'autre part, au pied d'un monolithe brisé, un godet en pierre a été trouvé encore imprégné d'une substance rouge-brun. Comme une coloration rouge peut encore s'observer sur quelques statues, il ne fait pas de doute que les statues-menhirs étaient peintes : d'autres détails que les armes ou les casques devaient y être représentés.

Peuples de la mer

D'où venaient ces Torréens lorsqu'ils ont envahi la Corse ? Les rivages les plus proches sont ceux de Sardaigne. Une culture très voisine est connue depuis longtemps dans cette île : elle y a laissé les fameux nuraghi, qui sont des constructions analogues à celles des Torréens. Toutefois, les dates et les conclusions des spécialistes ne coïncident pas encore exactement d'une île à l'autre.

D'autres rapprochements sont possibles. Le premier concerne la forme des armes représentées sur les statues-menhirs : cette forme, note Roger Grosjean, est pratiquement identique à celle des armes de la civilisation mycénienne au début du xive siècle av. J.-C.

Le second rapprochement peut être fait avec un bas-relief égyptien célèbre. Ce bas-relief se trouve à Medinet-Habou et représente la bataille livrée par les armées du pharaon à ces envahisseurs assez mystérieux appelés Peuples de la mer, et qui ont semé le trouble dans toute la Méditerranée orientale vers la fin du IIe millénaire.

On sait par les annales égyptiennes que cette bataille navale eut lieu aux abords du delta du Nil en 1190, que la flotte et les soldats égyptiens réussirent à repousser les envahisseurs. Une partie de ceux-ci allèrent s'établir sur les côtes d'Asie non loin de l'Égypte, et ces Philistins donnèrent leur nom au pays qui devint la Palestine.

Épées et baudriers

La façon dont les Philistins ont été représentés rappelle de façon frappante, selon Roger Grosjean, les statues-menhirs de Corse. Les épées sont les mêmes. Les Philistins du bas-relief portent une sorte de baudrier comme les statues. Leur casque a la forme des coiffures de ces statues. Il est vrai que ces casques ont des cornes : mais on a retrouvé des creux de part et d'autre du casque de certaines statues corses. Ces creux peuvent fort bien avoir servi à fixer des cornes naturelles ou des cornes artificielles.

Les Peuples de la mer sont-ils parvenus jusqu'en Méditerranée occidentale ? Ont-ils peuplé la Sardaigne et envahi la Corse ? Cette île est en train de devenir, en tout cas, l'enfant terrible de l'archéologie méditerranéenne.

Linguistique

Le conseil international de la langue française

La langue française n'appartient pas seulement à la France. Elle est la langue nationale — ou l'une des langues officielles — de plusieurs autres États, en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie ; 32 au total. On estime à 85 millions le nombre de personnes qui, à travers le monde, usent du français, soit comme langue maternelle, soit comme langue de culture.

Unité et cohésion

Cette universalité de la francophonie suscite des problèmes dont l'intérêt grandissant a abouti à la création d'un Conseil international de la langue française. La première séance plénière s'est tenue à Versailles en octobre 1968.

Animé par son président, le philologue belge Joseph Hanse, et par son secrétaire général, Alain Guillermou, professeur à l'École des langues orientales de Paris, le Conseil se propose moins de lutter pour l'expansion du français — tâche qui est la vocation d'autres organismes — que de maintenir son unité et sa cohésion interne en tant qu'instrument de travail, de culture et de communication.

Dans cette perspective, il se propose plusieurs objectifs précis :

– Éviter au français une prolifération anarchique qui aboutirait à sa désintégration. Au cours de la séance d'ouverture, le représentant du ministre français de l'Éducation nationale a notamment dénoncé les textes journalistiques et publicitaires qui exercent une pression déformante sur le langage usuel.

– Du fait qu'il est une langue universelle, le français évolue de façon différente selon les pays où il est parlé. Ce phénomène est constaté aussi bien pour l'anglais et l'espagnol. Le français parlé au Québec s'écarte nettement, par son vocabulaire et sa phonétique, du langage parisien. D'autres dissemblances apparaissent dans les États francophones d'Afrique (en dehors des élites instruites) et davantage encore à Haïti.