Le 30 mars, les ministres des Finances des dix pays les plus riches se réunissent à Stockholm pour préciser les modalités d'application de l'accord de Rio sur la création des « droits de tirage spéciaux ». La France refuse de signer, bien que le Marché commun ait obtenu le droit de veto sur les décisions du Fonds monétaire international. C'est que Michel Debré demande une refonte complète du système monétaire, notamment la fin du rôle du dollar comme monnaie de réserve et la revalorisation du prix de l'or. Durant la crise, le Marché commun n'a pas pu maintenir son unité : la France est isolée.

Les deux thèses

Tout le monde est d'accord pour considérer que ni le double marché de l'or ni l'institution des droits de tirage spéciaux ne constituent des remèdes aux difficultés du système monétaire international. La tendance des Américains est de détacher progressivement le dollar de l'or et de démonétiser ce métal pour le ramener au rang du platine ou de l'argent : le dollar serait la seule monnaie internationale, fondée sur la puissance économique des États-Unis. La tendance du gouvernement français est, au contraire, de réduire le rôle de monnaie internationale du dollar et de développer celui de l'or, ce qui suppose une augmentation du prix de ce métal pour en stimuler la production et alimenter le commerce en liquidités suffisantes.

Une banque mondiale

Dans cet affrontement, l'atout du dollar est la puissance américaine ; l'atout de l'or est son caractère impersonnel. Il y aurait une troisième solution, qui consisterait à créer une véritable Banque mondiale, chargée de gérer une monnaie internationale, comme les banques centrales gèrent les monnaies nationales. Mais cela supposerait que les États consentent à déléguer une partie de leur souveraineté à une Organisation internationale. Ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui, même dans le cadre régional de la Communauté européenne. Cela ramène le monde au cruel dilemme suivant : hégémonie américaine ou tyrannie aveugle de l'or.