C'est en Italie que le redresseur de torts en jupon récidivera quelque temps plus tard. Au mois d'août, un avocat romain, Me Marcello Marini, soustrayait à Orange, chez son ancienne femme, leur fillette, Sonia, âgée de trois ans, dont la mère avait obtenu la garde lors du divorce.

L'ex-madame Marini (qui a repris son nom de jeune fille : Rouquet) avait chargé — moyennant un salaire de 30 000 francs — Anne-Marie Labro (dont l'agence privée se trouve aux Champs-Élysées, à Paris) de récupérer la petite fille.

Mais au moment où, dans une rue de Rome, Anne-Marie Labro arrache la petite fille à son père qui se promène avec elle, les choses tournent mal. L'avocat crie : « Au secours. ». Un membre de l'agence Labro a beau lui envoyer au visage deux ou trois bouffées de gaz anesthésiant, l'homme réussit à s'agripper et à monter dans la voiture où son ancienne épouse tient la petite Sonia embrassée...

Émule de Modesty Blaise

Le véhicule essaie, malgré tout, de foncer à travers la ville et la campagne. Mais, comme il brûle les feux rouges, des motards le rattrapent... Tout le monde se retrouve en prison, à Viterbe, et n'obtiendra sa mise en liberté provisoire qu'en mars, moyennant une caution de 400 000 lires par personne...

Outre la mère de Sonia — qui n'a pu retrouver sa fille — Anne-Marie Labro a profondément mécontenté les autres policiers privés en France : « Ses agissements, ont-ils dit, nous causent un préjudice moral. Elle n'est d'ailleurs pas membre de notre chambre syndicale. »

Anciens commissaires ou inspecteurs de la police d'État, ces policiers privés ont manifesté leur intention de se porter partie civile contre leur concurrente, émule de Modesty Blaise, que les journaux ont surnommée « Mme Détective ».