Le feu devait se propager à une vitesse terrifiante dans la vieille charpente du bâtiment, tandis que les enfants sommeillaient dans leur dortoir au deuxième étage. Une effroyable panique s'empara d'eux : certains, tombés dans l'escalier, furent piétines et périrent asphyxiés. D'autres durent leur salut au saut qu'ils firent par la fenêtre. Au nombre des morts se trouvaient deux frères... La plus jeune des victimes était une petite fille de cinq ans...

Nul doute que la vétusté des bâtiments — où plafond, planchers, cloisons étaient en bois — est responsable de l'ampleur de la catastrophe. Depuis 1959, un nouveau centre était en projet. Mais on attendait vainement son inscription au Plan...

L'assassinat de Mme Bésimensky

Au mois de janvier 1967, à Paris, les femmes seules qui, le soir, prenaient un taxi, éprouvaient parfois un frisson d'inquiétude : le chauffeur était-il un vrai chauffeur, qui allait les amener normalement à l'adresse indiquée, ou un malfaiteur qui conduisait un taxi volé et allait, pendant la course, tenter de les dévaliser ?

Une vie sans mystère

Cette inquiétude était suscitée par l'assassinat de Françoise Bésimensky, la jeune épouse d'un médecin fort connu à Paris, spécialiste en gynécologie et chef de laboratoire à l'hôpital Beaujon. Le 19 janvier, le corps de la jeune femme, à peu près entièrement déshabillé, avait été découvert dans un taxi (une ID verte), abandonné rue Denfert-Rochereau, à Boulogne-Billancourt. La victime avait été tuée d'un coup de pistolet en pleine poitrine.

Le crime pouvait avoir été commis par le milieu, dont c'est une pratique de dévêtir, afin de retarder leur identification, les femmes qu'il exécute. Mais il n'y avait aucun mystère dans la vie de Françoise Bésimensky. Celle-ci, le soir de sa mort, avait dîné chez ses sœurs, rue de l'Assomption, dans le XVIe. Puis, à 23 h 30, elle les avait quittées et était tout naturellement montée à bord d'un taxi pour regagner le domicile où l'attendaient son mari et leur petite fille de quatre ans.

C'est après avoir attendu son épouse toute la nuit que le médecin, fou d'inquiétude, avait alerté la police. Le corps venait juste d'être découvert par un garde vigile quand son appel téléphonique parvint au commissariat.

Une plainte

Il fallut trois semaines pour résoudre l'énigme. Très tôt, les enquêteurs avaient acquis une conviction. On était — c'était certain — en face d'une forme d'agression d'un nouveau genre : l'attaque des passantes à bord d'un taxi volé. Le vol était le mobile du crime. Ce n'était que pour égarer les soupçons que son auteur avait déshabillé la jeune femme ; il espérait ainsi faire croire à l'œuvre d'un sadique.

Une première indication parvint aux policiers. Deux jours avant la mort de Françoise Bésimensky, à Saint-Cloud, une autre jeune femme, Josiane Dominique, avait été victime de son chauffeur de taxi — encore une ID verte — et elle en avait été quitte pour abandonner à l'homme son sac à main. Son témoignage permit d'établir un portrait-robot de l'étrange agresseur.

Mais c'est une plainte étrangère à l'affaire qui, pourtant, devait conduire à découvrir le meurtrier. Une famille de Ris-Orangis avait déposé cette plainte, parce que leur petite fille, Sylvia Gautrin, âgée de cinq ans, avait failli être étranglée par un homme qui s'était introduit dans leur appartement, en entrant par la fenêtre.

Ils soupçonnaient un de leurs amis — un certain Claude Buffet, chauffeur de maître — d'être l'auteur du méfait. Son mobile, pensaient-ils, était de se venger de Mme Gautrin, qui avait repoussé ses avances.

Elle ou lui

Claude Buffet fut appréhendé. Comme, au moment de son arrestation, il circulait à bord d'une voiture volée, les policiers l'interrogèrent aussi sur l'assassinat de Boulogne. Et c'est ainsi qu'il finit par avouer. Oui, il était l'auteur d'une cinquantaine d'agressions contre des femmes seules, et qu'il avait quelquefois commises à bord de taxis volés. Oui, il avait menacé d'un revolver la femme du gynécologue parce qu'elle refusait de lui donner son sac, puis il avait tiré.