Devant les crises d'antisémitisme qui éclatent encore sporadiquement dans plusieurs pays, le congrès estime qu'il est important de garder son sang-froid, de combattre avec toute la vigilance nécessaire pour l'empêcher de s'étendre, mais surtout de mobiliser les forces afin de défendre le droit des juifs à rester juifs.

Le Dr Goldmann estime d'ailleurs que, depuis trente ans, le Congrès a vu s'améliorer la situation, très nettement même dans certains pays. Lévy Becker cite en exemple l'effet heureux d'une action de sobre protestation menée au profit de 3 millions de juifs qui vivent en Union soviétique.

Quant à l'Allemagne, après la tragédie de la dernière guerre, elle connaît une période de calmes rapports, grâce surtout, remarque le Dr Goldmann, à l'action du chancelier Adenauer et de Gerstenmaier, président du Parlement ouest-allemand. Ce dernier a pu s'expliquer en public devant le Congrès à Bruxelles. Il l'a fait avec sincérité et courage.

L'assimilation

Le Congrès se montre également favorable à l'amélioration des rapports entre l'État d'Israël et l'Allemagne, bien qu'il ne soit question ni d'oubli ni de pardon des crimes nazis.

Plus importante que la lutte contre l'antisémitisme, la restauration d'une forte éducation paraît nécessaire pour parer aux dangers de l'assimilation qui menacent les jeunes générations du judaïsme, surtout les intellectuels. Ce danger n'est pas même écarté dans l'État d'Israël, mais il est surtout sensible dans les pays où se sont implantées récemment les communautés chassées par l'hostilité du monde arabe.

Conseil des synagogues

Deux cents délégués de communautés juives se sont rassemblés en Conseil mondial des synagogues du 3 au 5 août, à Genève. Cette assemblée s'est montrée, plus que le Congrès juif mondial, sensible aux conditions actuelles d'un renouveau du judaïsme, sans reniement de ses valeurs spirituelles. Les problèmes raciaux, sociaux, internationaux étaient à l'ordre du jour.

L'une des plus puissantes organisations membres de ce Conseil, l'Union des synagogues d'Amérique, qui avait déjà, en 1963, attribué un prix au pasteur Martin Luther King, l'a décerné cette année à Hélène Susman, membre du Parlement sud-africain, pour sa lutte contre l'apartheid, lutte qui tend à traduire dans les faits la vision des Prophètes selon laquelle tous les hommes sont égaux.

Le Conseil mondial des synagogues voit dans la fidélité juive à la loi et aux traditions talmudiques une source de forces pour l'abolition des injustices sociales, qui sont les causes profondes des troubles et des guerres. Il a adopté à l'unanimité une motion demandant au gouvernement et aux responsables américains de procéder à une escalade des efforts pour la paix.

Le Conseil est, en outre, très favorable au dialogue avec les chrétiens. Mais, surtout, il veut se situer entre la tendance du judaïsme progressiste et celle du judaïsme inflexible. Si les chrétiens tendent vers un renouveau, a déclaré le rabbin Rosemberg, les juifs doivent également s'efforcer de revitaliser leur propre religion.

Les rapports interconfessionnels se multiplient

Partout, depuis la fin de Vatican II, chrétiens et non-chrétiens recherchent le contact et le dialogue. Pour 1966, plusieurs rencontres significatives sont à rappeler.

Taizé est un petit village au sud de la Bourgogne, où s'est établie depuis un quart de siècle une communauté de moines protestants. C'est là que 1 200 jeunes gens, pour moitié catholiques et pour moitié protestants, représentant une trentaine de pays, se sont rassemblés du 2 au 4 septembre pour réfléchir sur l'œcuménisme. Ils ont voulu manifester leur accord avec un œcuménisme qui s'appuie sur les réalités avant de chercher des textes ou des lois.

Ils se sont dits résolus à forcer respectueusement les autorités religieuses pour qu'avancent un peu plus vite les réalisations aujourd'hui amorcées, notamment toutes celles qui touchent à l'aide que peuvent apporter les chrétiens, ensemble, aux hommes les plus démunis de ressources. Le dimanche 2 octobre, à Niort, la Petite Église de la région de Courlay, en Vendée, rejoint définitivement l'Église catholique romaine. Elle compte quelques milliers de croyants restés fidèles à leurs prêtres non jureurs depuis la Révolution française et organisés localement, le plus souvent sans hiérarchie.