Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Orléans (maisons d’)

Nom de quatre familles princières de France issues des Capétiens*.



Première famille d’Orléans

Elle commence et s’éteint avec Philippe Ier, duc d’Orléans, cinquième enfant du roi de France Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne. Le roi donna en apanage à son fils le comté de Valois, puis en 1344 le comté d’Orléans, érigé en duché. Ce premier duc d’Orléans mourut sans postérité en 1375.


Deuxième famille d’Orléans

Elle fut fondée en 1392 par le second fils du roi Charles V, Louis Ier d’Orléans (1372-1407), frère de Charles VI*. Comte de Valois, puis duc de Touraine (1386), Louis reçut de son frère le duché d’Orléans en 1392. Cette même année, la folie de Charles VI le mit en compétition avec son autre frère, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi ; pour exercer le gouvernement dans le royaume, il s’appuya sur la reine Isabeau de Bavière, qu’il courtisait.

Prince léger et prodigue, il gaspilla les finances royales dans des fêtes et dans une politique de prestige. La lourde fiscalité qu’il dut établir pour subvenir à tous ces besoins lui aliéna les sympathies des bourgeois parisiens. Une rivalité se développa en outre avec la maison de Bourgogne, à laquelle il se heurta dans les Pays-Bas comme possesseur du Luxembourg. Avec Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi, le conflit devint aigu, et, en 1407, Louis d’Orléans était assassiné à Paris par des émissaires du duc de Bourgogne. Ce meurtre fut à l’origine des guerres civiles en France entre Armagnacs et Bourguignons durant la guerre de Cent* Ans.

Louis d’Orléans avait épousé en 1389 Valentine Visconti, qui lui apportait ses droits sur le Milanais, origine lointaine des guerres d’Italie ; elle mourut en 1408, un an après lui.

Louis d’Orléans et Valentine Visconti eurent pour fils Charles Ier* d’Orléans, le poète.

Après son retour de captivité, Charles d’Orléans épousa Marie de Clèves († 1486), qui lui donna quatre enfants, dont Louis II d’Orléans, qui, en 1498, devint roi de France sous le nom de Louis XII*.

Un autre rameau issu de Louis Ier d’Orléans et de son second fils, Jean d’Angoulême († 1467), frère de Charles d’Orléans, parvint également au trône de France avec le petit-fils de Jean d’Angoulême, François Ier*, après que Louis XII fut mort sans héritiers mâles en 1515. Cette famille s’éteignit sans postérité avec les trois petits-fils de François Ier qui régnèrent successivement sur la France ; François II, Charles IX* et Henri III*. La couronne revint alors aux Bourbons en la personne d’Henri IV*.


Troisième famille d’Orléans

Elle eut pour origine le don fait par Louis XIII* du duché d’Orléans à son frère Gaston d’Orléans (1608-1660). Celui-ci, troisième fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, fut d’abord comte d’Eu et duc d’Anjou. En 1626, son frère lui donnait le duché d’Orléans. Il avait reçu en 1611 le titre de « Monsieur », porté depuis le xvie s. par les puînés des rois de France.

Prince faible et pusillanime, il fut durant toute sa vie le jouet des intrigues qui se nouèrent autour de sa personne. Seul héritier du trône de France jusqu’en 1638 (année de la naissance du futur Louis XIV) et, à ce titre, intouchable, il participa à toutes les cabales, à tous les complots contre Richelieu*.

En 1626, le Cardinal faisait emprisonner son gouverneur, le maréchal Jean-Baptiste d’Ornano, et mariait Gaston presque de force à Marie de Bourbon-Montpensier, princesse des Dombes, une des plus riches héritières du royaume. Un complot, celui de Chalais, s’efforça d’empêcher le mariage par l’assassinat de Richelieu. Il échoua. Gaston dénonça ses complices, et Chalais eut la tête tranchée. En 1627, la duchesse Marie mourut en lui laissant une fille, Anne Marie Louise, qui sera la Grande Mademoiselle (1627-1693).

Gaston, incorrigible, complota encore avec la maison de Lorraine, avec le duc de Montmorency (1632), avec le comte de Soissons, avec Cinq-Mars et de Thou. À chaque fois, sa position d’héritier du trône ou de frère du roi lui valut l’impunité, mais ses comparses furent impitoyablement exécutés. Après la mort de sa femme, Gaston avait essayé d’épouser en 1629, mais en vain, la fille du duc de Mantoue, Marie de Gonzague. En 1632, il épousait secrètement, contre la volonté du roi, Marguerite de Lorraine († 1672) : le mariage ne fut reconnu qu’après de longues tractations. Après la mort de Richelieu, en 1642, Louis XIII se réconcilia avec lui. Lieutenant général du royaume durant la minorité de Louis XIV, Gaston se distingua à la tête des armées françaises de 1644 à 1646 (prise de Gravelines, de Courtrai et de Bergues).

À l’époque de la Fronde*, il fut repris par le démon de la conspiration et de l’intrigue. Mazarin* l’exila dans son château de Blois en 1652, où il finit sa vie entouré d’artistes et de lettrés, et en écrivant ses Mémoires, qui furent publiés en 1683. À sa mort en 1660, il ne laissait que des filles : la troisième maison d’Orléans s’éteignit avec lui.


Quatrième famille d’Orléans

Elle commence avec le frère de Louis XIV, Philippe Ier d’Orléans (1640-1701), qui, en 1660, hérita du duché de son oncle Gaston. Deuxième fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, d’abord duc d’Anjou, puis Monsieur en 1643, le duc d’Orléans, dont Saint-Simon* a laissé dans ses Mémoires un portrait inoubliable, était un personnage efféminé, toujours parfumé et paré comme une femme, qui eut de nombreuses amours masculines, dont la plus célèbre fut celle du chevalier de Lorraine. Monsieur n’en était pas moins un excellent stratège et un soldat courageux. Il se distingua aux armées dans les Flandres et durant la guerre de Hollande, au cours de laquelle il remporta la victoire de Cassel (1677) sur le prince d’Orange. Ses succès portèrent ombrage à Louis XIV, qui ne lui confia plus à l’avenir aucun rôle politique ni militaire.