Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Orléans (maisons d’) (suite)

Monsieur vécut dans sa cour du château de Saint-Cloud et fut l’animateur de toutes les fêtes de Versailles. De sa première femme, Henriette d’Angleterre († 1670), il n’eut pas de descendance. En 1671, il s’était remarié à la princesse palatine Charlotte Elisabeth de Bavière († 1722), qui lui donna six enfants dont Philippe II d’Orléans (1674-1723), qui exerça la régence de 1715 à 1723 durant la minorité de Louis XV* (v. Régence).

Philippe II d’Orléans avait épousé en 1692 Mlle de Blois, Françoise-Marie († 1749), fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan. Leur fils Louis d’Orléans (1703-1752) hérita des qualités intellectuelles de son père. Érudit remarquable il se consacra aux études hébraïques et rassembla des collections d’histoire naturelle et un cabinet de médailles. Nommé par son père au Conseil de Régence dès 1718 et gouverneur du Dauphiné l’année suivante, il se retira en 1726, après la mort de sa femme, Augusta Marie de Bade, à l’abbaye de Sainte-Geneviève, où il finit sa vie.

Son fils Louis Philippe d’Orléans (1725-1785) se distingua à la tête des armées et devint lieutenant général du royaume en 1744, puis gouverneur du Dauphiné en 1747. De son épouse, Louise Henriette de Bourbon-Conti († 1759), il eut un fils, le futur Philippe Égalité, et une fille, Louise Marie, qui épousera le duc de Bourbon et sera la mère du duc d’Enghien.

Après la mort de sa femme, il épousa secrètement en 1773 Mme de Montesson († 1806) et vécut retiré dans sa résidence de Bagnolet ; il protégea artistes et savants, et il consacra une partie de sa fortune à des œuvres de bienfaisance, qui commencèrent à rendre populaire le nom des Orléans.

Louis Philippe Joseph d’Orléans, « Philippe Égalité » (1747-1793), d’abord duc de Montpensier, puis duc de Chartres, épousa en 1769 Adélaïde de Bourbon-Penthièvre († 1821), descendante de Louis XIV et de Mme de Montespan, qui était fort riche. À la tête d’une fortune colossale, il tenta de réaliser ses ambitions politiques.

Démagogue dans l’âme, il affecta de la sympathie pour toutes les idées nouvelles, prôna le système politique anglais et fit partie de la franc-maçonnerie, dont il devint le grand maître en 1786. Opposé au ministre de Louis XV Maupeou, il fut exilé par le roi (1771-1772). Louis XVI lui rendit sa faveur, et le duc servit dans la marine. Après le combat d’Ouessant en 1778, il espérait recevoir la charge de grand amiral de France.

Déçu dans ses espérances, il passa à l’opposition et attribua son échec à la reine Marie-Antoinette, qu’il poursuivit dès lors de sa haine. Porte-drapeau des mécontents, il obtint la faveur populaire en distribuant aumônes et largesses, et en ouvrant au public les jardins de son Palais-Royal parisien. L’affaire du collier de la reine (1785-86) fut envenimée par ses soins, et, en 1787, le duc se mit à la tête de la Fronde parlementaire, qui critiquait la politique financière du gouvernement ; il déclara que seuls les états généraux avaient le droit de voter l’impôt. Cette attitude lui valut d’être exilé quelque temps à Villers-Cotterêts.

En 1789, le duc fut député de la noblesse aux états généraux et demanda la réunion des trois ordres (juin 1789). Ami de Mirabeau*, il prépara dans les jardins du Palais-Royal, centre de l’agitation révolutionnaire, les journées des 5 et 6 octobre, qui obligèrent la Cour à quitter Versailles pour Paris. Il caressait sans doute le projet de remplacer Louis XVI sur le trône ou peut-être d’exercer la régence au cas où le roi eût été forcé d’abdiquer, le Dauphin n’ayant que quatre ans. Dénoncé par La Fayette*, le duc se retira en Angleterre jusqu’en juillet 1790.

À son retour, la Cour pensa se l’attacher en le nommant enfin grand amiral, mais le duc persista dans sa politique. Après la fuite de Louis XVI à Varennes, il crut devenir de nouveau régent et fut probablement l’instigateur de la demande de déchéance du roi (pétition du Champ-de-Mars). Après la chute de la monarchie, il fut élu député de Paris à la Convention, et la Commune lui donna le nom d’« Égalité ».

Au procès de Louis XVI, Philippe Égalité n’hésita pas à voter la mort de son cousin. Le complot de son ami le général Dumouriez et la fuite de son fils chez l’ennemi (mars 1793) lui valurent d’être arrêté en avril. En novembre, le tribunal révolutionnaire le condamnait à mort pour avoir voulu rétablir la royauté à son profit. Philippe Egalité fut guillotiné le 6 novembre 1793. Il avait eu cinq enfants, dont Louis Philippe d’Orléans, le roi des Français, Louis-Philippe Ier* de 1830 à 1848.

Ferdinand Philippe d’Orléans (1810-1842), fils aîné de Louis-Philippe Ier et de Marie Amélie des Deux-Siciles († 1866), fut nommé colonel sous la Restauration. En juillet 1830, il prit part avec ses soldats à la révolution contre Charles X. Général en 1831, il participa à la répression contre la révolte des ouvriers lyonnais et en 1832 à la prise d’Anvers contre les Hollandais, au cours du conflit qui assura l’indépendance de la Belgique.

Lieutenant général du royaume en 1834, il combattit pendant les campagnes coloniales d’Algérie à partir de 1835 et se distingua à Mascara, aux Portes de Fer et à Mouzaïa. D’opinion libérale, il était le plus populaire des fils de Louis-Philippe. Sa mort le 13 juillet 1842 dans un accident de voiture à Neuilly fut une véritable catastrophe pour la monarchie de Juillet.

Sa femme, Hélène de Mecklembourg-Schwerin († 1858), lui avait donné deux fils : Philippe, comte de Paris, et Robert, duc de Chartres. Le 24 février 1848, elle les conduisit à la Chambre des députés pour essayer d’obtenir la régence au nom de son fils aîné, mais elle ne fut pas entendue, et la république fut proclamée.

Philippe d’Orléans (1838-1894) avait reçu le titre de comte de Paris de son grand-père Louis-Philippe Ier. Exilé en Angleterre en 1848, il prit part à la guerre de Sécession des États-Unis dans les rangs nordistes.