Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

oreillons (suite)

Signes cliniques

Ils sont dominés par l’atteinte parotidienne ; l’incubation dure de 18 à 21 jours. L’invasion est marquée par une fébricule, des douleurs aux oreilles avec une rougeur de l’orifice du canal de Sténon, efférent de la parotide (visible dans la bouche, à la face interne des joues).

À la phase d’état dominent habituellement les signes de parotidite : la douleur siège en avant de l’oreille vers laquelle elle diffuse ; la tuméfaction parotidienne atteint les deux côtés du visage, refoulant le lobe de l’oreille ; le bombement donne au visage un aspect caractéristique. Peu douloureuse, la tuméfaction, ferme et élastique, s’accompagne d’une fièvre modérée et de maux de tête.

L’évolution est favorable, avec régression des signes cliniques en une dizaine de jours.


Complications des oreillons


Localisations glandulaires

• L’orchite (localisation testiculaire) est fréquente ; elle est annoncée par une reprise thermique, une douleur au scrotum irradiant vers la cuisse. L’examen montre une tuméfaction scrotale rouge et très douloureuse. L’orchite, qui s’observe seulement après la puberté, peut se bilatéraliser. L’évolution est bénigne, mais l’atrophie testiculaire est possible, avec un risque de stérilité en cas d’atteinte bilatérale. Mais cette évolution est exceptionnelle.

• La pancréatite est rare ; elle est marquée par de la fièvre, des douleurs abdominales et des troubles du métabolisme glucidique.

• L’ovarite, la mammite et la thyroïdite sont très rares.


Localisations neuroméningées

• La méningite ourlienne est très fréquente et parfois muette cliniquement. La ponction lombaire, devant un syndrome méningé, montre un liquide céphalo-rachidien clair, avec augmentation de l’albumine et du nombre des lymphocytes. L’évolution est favorable en quelques jours.

• L’encéphalite est rare ; elle est caractérisée par des troubles de conscience, des convulsions, le coma.

• Des atteintes de la moelle épinière et des racines des nerfs peuvent s’observer. L’atteinte du nerf auditif peut être responsable d’une surdité.


Autres complications

Des manifestations cardiaques, rénales ou hépatiques peuvent être attribuées au virus ourlien.


Le diagnostic

Le diagnostic de la forme habituelle, avec parotidite, est facile à établir. Il est plus délicat dans les localisations extra-parotidiennes isolées.

La baisse des leucocytes, l’augmentation de l’amylasémie peuvent l’orienter.

Le virus peut être recherché dans la salive, le liquide céphalo-rachidien, le sang par inoculation sur des cultures cellulaires.

Des réactions sérologiques peuvent également être utilisées.


Traitement

Il est indispensable d’observer le repos jusqu’à la guérison complète, surtout après la puberté. L’aspirine peut être employée à doses modérées. Les anti-inflammatoires sont utiles en cas d’orchite.


Prévention des oreillons

La loi prescrit l’isolement et l’éviction scolaire pendant la période où l’enfant est contagieux. Cette mesure ne peut pas enrayer l’épidémie en raison de l’extrême contagiosité de la maladie.

Des gammaglobulines peuvent être utilisées pour prévenir les oreillons chez les sujets fragiles.

La vaccination est possible : il existe un vaccin inactivé (deux injections à un mois d’intervalle) et un vaccin vivant atténué (deux prises). Dans les deux cas, il faut effectuer un rappel un an plus tard.

P. V.

orfèvrerie

Ensemble des ouvrages exécutés en métaux précieux ou à base de métaux précieux, qu’ils soient destinés aux usages religieux ou civils.



Généralités

Originellement, le domaine de l’orfèvrerie comprenait non seulement les techniques particulières pour façonner le métal, mais aussi celles des autres éléments, dont les ressources venaient contribuer à la réalisation et à l’embellissement de certaines pièces d’orfèvrerie : l’émail, le nielle, les pierres précieuses, l’ivoire, etc.

Par la suite, les termes d’argentier, de cuillériste, de timbalier, de boîtier, de hanapier, de fermaillier, de bijoutier, de joaillier, etc., sont venus distinguer une spécialisation adoptée par certains orfèvres. Les bijoutiers et les joailliers se sont séparés de la corporation des orfèvres pour former un corps également constitué, une spécialisation définitive ayant été rendue nécessaire par les progrès des techniques, d’une part, et par les nouvelles méthodes de montage des pierres précieuses, d’autre part. C’est le développement considérable de la production de l’orfèvrerie qui est à la base de ce morcellement de la corporation par spécialités, les orfèvres eux-mêmes se distinguant par les deux catégories : la grosserie (pièces de formes importantes) et la menuierie (petites pièces, boîtes, écussons, chaînettes, etc.).

Actuellement, il est malaisé de circonscrire le domaine de l’orfèvrerie aux seules pièces composées exclusivement de métaux précieux. Déjà aux xie, xiie et xiiie s., les pièces liturgiques (ciboires, calices), les reliquaires comportaient en forte proportion des matériaux non précieux, comme le cuivre, le bronze, le fer, l’étain. Ce sont les techniques propres à l’orfèvrerie qui leur communiquent une apparence précieuse. Si l’on en vient de ce fait au sens large du mot orfèvrerie, on doit admettre les dénominations actuelles d’orfèvrerie d’étain, voire d’orfèvrerie d’acier inoxydable ou d’orfèvrerie de fer. Cette dernière n’est pas nouvelle, employée depuis la Renaissance à la suite des résultats obtenus dans le travail de ce métal commun, comme en témoignent les admirables armures de cette époque, en particulier celle d’Henri II en fer repoussé, ciselé et incrusté d’or (musée du Louvre). Dès la Renaissance et au xviie s. s’est développée dans l’Europe, plus particulièrement en France et en Allemagne, une fabrication de boîtes et de coffrets de fer dont les arabesques et les entrelacs des décors peuvent rivaliser avec la ciselure obtenue sur l’or ou l’argent. Au xviiie s., à Toula, en Russie, et ce à la faveur d’un riche gisement de fer voisin, il s’est développé une orfèvrerie de pièces en fer et en acier qui empruntait aux formes classiques de l’orfèvrerie : cassolettes, encriers, flambeaux, plais, etc. Il est courant de qualifier de véritable orfèvrerie une pièce de bronze doré ou argenté, des flambeaux, par exemple, dont la ciselure et la finition ont atteint un très haut degré d’exécution. Il arrivait d’ailleurs souvent aux bronziers, dans le dessein d’une production plus soignée, d’adopter un modèle d’orfèvrerie. Avec plus d’extension, on désigne par orfèvrerie fantaisie l’ensemble des pièces de petite qualité fabriquées en grande série. Mais il faut inclure dans le domaine propre de l’orfèvrerie une fabrication devenue une industrie qui mérite pleinement son appellation : l’orfèvrerie de métal plaqué ou argenté. Le métal de base est presque toujours le cuivre ; seules les méthodes d’application des feuilles d’or ou d’argent sur ce support ont varié au cours des siècles. L’industrialisation de l’orfèvrerie de métal plaqué a connu un véritable essor en 1743, lors de la découverte, à Sheffield, en Angleterre, par Thomas Boulsover, de la méthode de placage par fusion. Les pièces obtenues par ce procédé prirent le nom de Sheffield, qu’elles ont gardé depuis. Le procédé fut repris dans la seconde moitié du xviiie s. par certains orfèvres français, qui, pour exploiter leur nouvelle industrie, s’installèrent à Paris en l’hôtel de Pomponne ; d’où le nom qui désigne les pièces sorties de ce lieu de fabrication.