Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Oiseaux (suite)

Appareil génital

Il est composé, comme chez tous les Vertébrés, d’une paire de gonades fixées chez les deux sexes à la paroi dorsale de l’abdomen près de l’extrémité antérieure des reins. Les gamètes sont conduits dans le cloaque par des canaux déférents (mâle) et l’oviducte (femelle). Chez presque toutes les espèces, seul l’ovaire gauche est fonctionnel, le droit étant vestigial. Au moment de l’accouplement, le cloaque de chaque partenaire se retourne, de sorte que les papilles érectiles qui se trouvent à la sortie des canaux déférents du mâle viennent en contact de l’orifice de l’oviducte. Chez quelques espèces (Canards), la paroi du cloaque est modifiée en pénis.


Plumage

Sur l’origine des plumes, les anciens fossiles ne donnent que de vagues indications. Les premières plumes n’étaient sans doute que des écailles plus ou moins souples dont le rôle majeur était d’entretenir une couche d’air isolante autour du corps, condition de première importance pour l’acquisition progressive de l’homéothermie. De ce fait, les premières « vraies plumes » étaient une sorte de duvet, les grandes plumes du vol (rémiges et rectrices) n’étant apparues que plus tard, favorisées par la tendance des premiers Oiseaux à glisser dans l’air sur des distances d’autant plus grandes que les plumes étaient plus efficaces. La réussite progressive de ces glissades allait, au cours de l’évolution, entraîner les modifications du squelette, de la musculature et de la structure des plumes nécessaires aux performances d’un vol actif contrôlé dans les trois dimensions de l’espace. La plume est faite d’une production morte de l’épiderme : la kératine, mais cette production est hautement structurée et spécialisée, les cellules kératinisées étant étroitement fixées les unes aux autres selon un ordre précis qui varie avec chaque plume. La plume par excellence, celle qui est utilisée pour le vol, est une construction à la fois extraordinairement souple et solide. Schématiquement, elle est composée d’un axe central rigide, le rachis, de part et d’autre duquel se déploient les deux vexilles, composées de barbes étroitement fixées les unes aux autres par des barbules équipées de crochets s’emboîtant les uns dans les autres. Outre son rôle pour le vol et la thermorégulation, le plumage confère à chaque espèce une identité propre que les Oiseaux utilisent pour se reconnaître. Chez de très nombreuses espèces, il comporte des caractères sexuels secondaires de la plus haute importance, certaines parties plus ou moins vivement colorées étant largement utilisées au moment des parades nuptiales.

On distingue plusieurs catégories de plumes :
— les plumes de contour, qui forment le plumage visible et comprennent les rémiges, les rectrices ainsi que l’ensemble des plumes qui recouvrent le corps ;
— le duvet, qui forme une couche isolante épaisse, le plus souvent cachée par les plumes de contour ;
— les filoplumes, qui ressemblent à des poils et sont aussi cachées dans les plumes de contour ;
— les vibrisses, plumes étroites et raides qui ressemblent à des moustaches et en ont en partie la fonction, notamment chez les Oiseaux qui capturent les Insectes au vol.

Le plumage peut changer de couleur au cours de la vie de l’Oiseau. En plus des plumages juvéniles et immatures, qui diffèrent souvent de celui de l’adulte, il existe chez de nombreuses espèces des différences importantes entre le mâle et la femelle. En outre, le plumage peut varier d’une saison à l’autre, ces changements étant liés soit au comportement de reproduction quand son aspect est utilisé comme stimulus visuel pour les parades, soit à une fonction de survie quand il suit les variations saisonnières de coloration du sol (mimétisme). Chaque année et souvent même deux et trois fois par an, le plumage est renouvelé par le processus de la mue, qui intervient généralement juste après la période de reproduction, ou légèrement avant chez les espèces dont le cycle reproducteur est très long. La mue se fait dans un ordre précis, variable chez les différents groupes, mais qui est réglé de telle façon que l’Oiseau soit le moins gêné possible dans ses déplacements. Il est exceptionnel (sauf chez les Canards) que les plumes des ailes tombent toutes à la fois. Chez les migrateurs au long cours qui accomplissent des traversées sans arrêt possible (mer, désert), la mue des plumes du vol a lieu juste avant la migration d’automne ou juste après et l’Oiseau dispose alors de tous ses moyens pour affronter cette épreuve.


Thermorégulation

Homéothermes de petite taille, les Oiseaux ont dû acquérir des adaptations très poussées pour maintenir constante leur température intérieure en dépit des variations souvent importantes de la température ambiante. Ces performances physiologiques sont d’autant plus remarquables qu’en raison de leur petite taille les Oiseaux ont un faible rapport volume/surface. Le contrôle de la température est assuré par des mécanismes de régulation précis qui portent sur la production et l’évacuation de la chaleur. Celle-ci est conservée par le plumage, qui entretient une couche d’air isolante entre la peau et l’air ambiant, et par les graisses sous-cutanées. L’imperméabilité du plumage est en outre assurée par une sécrétion glandulaire huileuse issue de la glande uropygienne située près du croupion et dont l’Oiseau s’enduit au cours des séances de « toilette ». La chaleur est évacuée par conduction, radiation à travers les sacs aériens et évaporation d’eau. Quand il fait très chaud, l’évacuation de la chaleur est assurée par une accélération de la respiration. Quand la température baisse, la production de chaleur augmente par métabolisation des aliments, du glycogène et des réserves de graisse. Par temps froids, les petits Oiseaux doivent manger constamment pour emmagasiner des calories, quelques heures de jeûne pouvant entraîner leur mort.


Biologie générale, écologie

Malgré leur remarquable uniformité de structure, les Oiseaux présentent sur le plan biologique et écologique une très grande diversité : ils ont su tirer parti de toutes les solutions qui se présentaient à eux pour peupler à peu près toute la planète, les terres les plus reculées comme les îles les plus petites et les plus éloignées des continents. Ce sont, de tous les Vertébrés, ceux qui s’avancent le plus près des pôles. Ils parviennent à survivre et à prospérer sous les climats les plus extrêmes grâce à leur aptitude à migrer (v. migrations animales), qui leur permet d’exploiter alternativement des régions souvent distantes de plusieurs milliers de kilomètres. Leur plasticité d’adaptation leur a permis d’envahir aussi bien les vastes étendues océaniques que les hautes montagnes, les milieux forestiers les plus fermés que les plaines ouvertes, les déserts les plus arides que l’univers le plus artificiel que l’on puisse imaginer pour des populations d’animaux sauvages : les grandes cités modernes. La distribution des Oiseaux et leur abondance peuvent s’expliquer en termes de spécialisation et d’adaptation à leur milieu. La nature et la diversité des peuplements d’Oiseaux dépendent étroitement de celles des habitats. Chaque espèce d’Oiseau n’habite à la surface du globe que certaines régions, de superficie très variable, qui constituent son aire de distribution. Certaines espèces n’existent que sur de très petites surfaces insulaires ou continentales ne couvrant que quelques hectares, alors que d’autres, comme le Faucon Pèlerin, dites « cosmopolites », ont peuplé tous les continents. À l’intérieur de son aire de distribution, l’espèce n’occupe que certains milieux ou habitats. Le Canard Col-Vert par exemple, qui est répandu dans toute la France, ne se rencontrera pas dans les grandes forêts ou dans des champs de blé, mais sur les lacs, marais ou cours d’eau. Enfin, à l’intérieur même de son habitat, l’espèce présente un certain nombre de caractères qui lui sont propres : son comportement, son abondance, sa façon de réagir aux facteurs du milieu, etc. Chaque espèce d’Oiseau ne peut habiter un milieu que s’il lui offre tout ce dont il a besoin pour vivre et se reproduire. Par comportement inné doublé d’une imprégnation visuelle lors des premiers jours de son existence, l’Oiseau « sait » retrouver l’habitat qui lui convient le mieux lorsque ses déplacements l’éloignent de son milieu d’origine. C’est ainsi que la Fauvette des forêts tempérées qui va passer l’hiver en Afrique saura retrouver, au terme de sa migration de retour au printemps suivant, la forêt la mieux appropriée à ses besoins et qui est la plupart du temps celle qui l’a vue naître. Une sélection précise de l’habitat est rendue nécessaire par l’existence d’autres espèces, car si plusieurs avaient exactement le même habitat, il y aurait bientôt compétition entre elles et la mieux adaptée éliminerait les autres. Lorsque plusieurs espèces voisines coexistent sans apparemment se porter tort, il existe des différences parfois subtiles dans leur façon de se nourrir, soit que le comportement de recherche de la nourriture soit différent, soit que les aliments soient de taille différente ou prélevés dans des endroits ou à des heures différentes. La nourriture paraît en effet être le facteur le plus important dans la régulation des nombres d’Oiseaux et dans leurs modes de distribution. La plupart des Oiseaux terrestres dépendent étroitement de la végétation, dans laquelle ils trouvent ce dont ils ont besoin : nourriture, site de nidification, matériaux de construction du nid, postes de chant, perchoirs nocturnes, etc. La relation entre la végétation et l’Oiseau est souvent si étroite qu’on peut déduire la distribution d’une espèce à partir de la distribution, de certains types végétaux, et même prédire la composition et l’abondance des communautés d’Oiseaux à partir d’un examen détaillé du couvert végétal. Le nombre d’espèces coexistant au même endroit varie aussi avec la latitude. Quelques hectares de forêt ombrophile au Congo peuvent comporter plus de cent espèces, alors qu’une forêt comparable en région tempérée n’en aura qu’une trentaine, et une toundra arctique quelques-unes seulement. Quelle est la cause de cette extraordinaire diversité des faunes dans les régions tropicales ? Il semble bien qu’elle provienne de ce que la variété et la productivité des habitats y sont plus fortes que partout ailleurs et de ce que la constance du climat permette des spécialisations plus étroites que dans les zones tempérées, où les hasards d’un climat contrasté et les aléas des longues migrations contraignent les Oiseaux à faire preuve d’opportunisme écologique. Dans un habitat donné, la densité de chaque espèce est réglée de façon qu’en moyenne le plus grand nombre possible d’individus puissent coexister sans se gêner mutuellement. Différents mécanismes écologiques participent conjointement à maintenir l’abondance de la population à un niveau constant : comportement territorial, taux de natalité, taux de mortalité. Ces facteurs exercent des pressions d’intensité variable avec le niveau d’abondance : on dit que leur action dépend de la densité (v. population).