Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Oise (suite)

Ce couloir est donc un élément important de l’économie française, d’autant plus que le sillon de l’Oise est emprunté par la liaison ferroviaire entre Paris et Bruxelles par Creil, Compiègne et Saint-Quentin et que le rail se glisse par la vallée de la Brèche vers Amiens et Lille ou Calais. Aussi, avec son demi-million d’habitants et ses agglomérations de Creil (79 000 hab.), Compiègne (61 000 hab.), Chauny-Tergnier-La Fère (environ 50 000 hab.), Saint-Quentin (77 000 hab.) et Soissons (49 000 hab.), cette région a-t-elle vu son aménagement, confié dès 1967 à l’O. R. E. A. V. (Organisation d’études pour l’aménagement des vallées de l’Oise et de l’Aisne), étendu depuis à toute la Picardie (O. R. E. A. P.).

J.-P. M.

➙ Aisne (départ.) / Oise (départ.) / Picardie.

 R. Lazzarotti, l’Industrie et les complexes industriels dans la vallée de l’Oise (Imp. Jean, Gap, 1968).

Oise. 60

Départ. de la Région Picardie ; 5 857 km2 ; 606 320 hab. Ch.-l. Beauvais. S.-préf. Compiègne (40 720 hab.), Clermont (8 679 hab.) et Senlis (14 387 hab.).


Constitué essentiellement de l’Île-de-France, sauf le nord emprunté à la Picardie, le département forme une sorte de rectangle de 100 km d’est en ouest sur 60 km du nord au sud. Le sud appartient à la Région parisienne sur le plan de l’urbanisme (cantons de Neuilly-en-Thelle, Creil, Montataire, Nogent-sur-Oise, Pont-Sainte-Maxence, Senlis, Chantilly, Nanteuil-le-Haudoin). Le nord-ouest et l’ouest sont formés de plateaux de craie, souvent doucement vallonnés et recouverts de limon comme en Picardie, sauf dans le pays de Bray, bombement éventré par l’érosion en une boutonnière N.-O. - S.-E. où de grasses argiles (Crétacé inférieur) entourent un pointement de calcaire jurassique. Vers l’est et le sud, l’Oise et ses affluents entaillent d’auges alluviales les plateaux tertiaires de calcaire dur parfois masqué de sables couverts de forêts. Au total, le relief demeure modéré (moins de 240 m sur le bord de la « fosse » du Bray), et la plaine et le plateau dominent. Aussi le climat reste tempéré avec des précipitations (710 mm) réparties assez également.

L’agriculture occupe une faible partie de la population active (moins de 12 p. 100), mais une vaste surface agricole utile (71 p. 100 du département) à côté d’un large domaine forestier (20 p. 100) : l’Oise est ainsi au deuxième rang en France pour la surface moyenne par exploitation (plus de 50 ha). C’est le résultat d’une précocité d’évolution des structures d’exploitation due à la proximité et à l’influence de la Région parisienne et donnant à l’Oise une agriculture de pointe à grand souci de productivité. Ainsi, l’Oise s’est lancée dès 1952 dans la production du maïs-grain, dont elle est aujourd’hui le plus gros producteur picard avec l’un des plus forts rendements français ; plus récemment, elle s’est tournée vers les légumes de plein champ, devenant un des grands secteurs de production du pois de conserve ; récemment, dans le sud-est, elle est venue au blé dur grâce à la nuance continentale du climat déjà favorable au maïs-grain et, dans le nord, à l’endive, en liaison avec une plus grande fraîcheur humide. La betterave à sucre recule un peu devant le maïs, mais l’Oise reste un des grands départements betteraviers et sucriers. À côté de la culture proprement dite, l’élevage joue un rôle notable, surtout dans le pays de Bray et le nord-ouest (Picardie verte et plateau picard). Ovins et porcins sont peu nombreux, mais les bovins sont plus répandus ; le lait domine à l’ouest et au nord, la viande au sud et au sud-est. Le cheval reste important à Compiègne et Chantilly en liaison avec le développement des courses. La forêt tient une place notable faite de grands massifs, surtout sur la rive gauche de l’Oise (Ourscamps, Laigue, Compiègne, Halatte, Chantilly, Ermenonville), ou de peupleraies dans les vallées. Son rôle principal est d’être une zone de récréation pour l’agglomération parisienne.

L’industrie est de plus en plus prépondérante, occupant la moitié de la population active et comptant douze établissements de plus de mille salariés. Ces actifs industriels se partagent principalement entre la métallurgie (39 p. 100), le bâtiment et les travaux publics (16 p. 100), la chimie et le caoutchouc (15 p. 100). Une évolution profonde a transformé depuis la Première et surtout la Seconde Guerre mondiale les industries et leurs localisations : les activités traditionnelles (tapisserie, tabletterie, boutons, alimentation) ont perdu de l’importance ou même disparu, tandis que se multipliaient les implantations nouvelles (constructions mécaniques, chimie, verre), parfois à la place des industries disparues (Beauvais et vallée du Thérain), plus souvent le long du grand axe de circulation de l’Oise moyenne, de Creil à Noyon en particulier. La métallurgie est de loin l’essentiel avec un peu de sidérurgie (Montataire), mais davantage de fonderie et chaudronnerie le long de l’Oise, de Noyon à Creil notamment, et surtout des constructions mécaniques variées : machines agricoles et tracteurs à Beauvais et Montataire, matériel de levage et de travaux publics au Plessis-Belleville, Compiègne et Crépy-en-Valois, matériel automobile à Beauvais et Montataire. La chimie et le caoutchouc sont rassemblés à plus de 80 p. 100 dans la vallée de l’Oise, autour de Creil et de Compiègne : chimie diverse à Trosly-Breuil, colorants à Villers-Saint-Paul, vernis à Montataire, savons et détergents à Compiègne, pneumatiques à Clairoix à côté de quelques usines à Beauvais et Villers-Saint-Sépulcre. Le verre se concentre en deux usines, à Rantigny, près de Creil, et surtout à Thourotte, près de Compiègne, et les matériaux de construction le long de l’Oise (Pont-Sainte-Maxence). Le textile subsiste difficilement grâce surtout aux fibres artificielles et synthétiques (Beauvais), comme les vieilles industries du bouton (Méru), de la brosse (Beauvais et vallée du Thérain), de la tabletterie. L’industrie agricole et alimentaire est très dispersée avec une dizaine de sucreries (dont trois notables), comme de laiteries (plus modestes). Cet essor industriel a été favorisé par les moyens de communication. Le réseau routier y contribue peu. Au contraire, le rail et la voie d’eau sont très actifs. Creil voit les trains de Paris gagner : Amiens et Calais (Londres) ou Lille et Dunkerque ; Saint-Quentin, Bruxelles ou la Ruhr, puis l’Europe du Nord et de l’Est. La voie d’eau qu’offre l’Oise, prolongée par les canaux de Saint-Quentin et du Nord, est le grand trait d’union entre Paris et la région du Nord et a suscité l’industrie tout le long de la rivière.

Le secteur tertiaire reste encore faible. La proximité de Paris pèse sur tout le département, sauf sa bordure nord, et la situation un peu excentrique de Beauvais permet à Compiègne et à Creil de se tailler une zone d’influence : cette dispersion des influences locales facilite l’attraction parisienne.