Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Oie (suite)

L’œuf de l’Oie n’est pas utilisé en dehors de la reproduction. Son poids, de l’ordre de 150 à 160 g en moyenne, s’élève jusqu’à 180 g au cours de la 2e saison de ponte. L’incubation naturelle, au stade artisanal, fait appel à des Poules ou des Dindes couveuses. L’incubation artificielle se pratique comme chez la Poule, le réglage des appareils étant adapté aux caractéristiques des œufs. Sa durée est de 28 à 30 jours. Ses résultats n’excèdent guère 50 p. 100 d’éclosabilité.

Plumes et duvets constituent une production traditionnelle qu’on peut récolter même en vif par des plumaisons partielles, toutes les 6 semaines, à l’occasion des mues fréquentes chez cette espèce. L’Oie du Poitou a même été l’objet d’une industrie fondée sur l’exploitation de sa dépouille pour la confection de houppes à poudre de riz et de « cols de cygne » pour les enfants.

La production du foie gras représente la principale finalité de l’élevage des Oies. La viande de l’Oie grasse est surtout traitée en « confit » salé sous la graisse.

La France exporte des produits finis, mais elle est assez largement tributaire des pays d’Europe centrale et d’Israël pour les foies traités par les conserveurs.

Le gavage, après une préparation de l’animal, débute sur des sujets de 4 mois et plus. Il dure 3 semaines et davantage selon le format des animaux. À la main, avec l’aide d’un entonnoir, ou le plus souvent d’une moulinette, mais aussi à la machine, l’animal reçoit 2 ou 3 fois par jour une ration de maïs légèrement cuit, salé et graissé, jusqu’à saturation du jabot.

On obtient des Oies grasses de 8 à 12 kg ayant gagné 50 p. 100 de leur poids maigre. Les foies pèsent de 500 à 1 500 g, les pièces de bonne qualité, les plus recherchées, allant de 700 à 900 g. Une déviation métabolique, caractérisée par une augmentation de la glycémie, puis de la production d’acide urique et des synthèses protéiques, conduit à la surcharge graisseuse hépatique. Le maïs, par sa pauvreté en choline, élément lipotrope, est le facteur déterminant. Le foie « extra » a une couleur uniforme rose clair, presque blanchâtre. Il est ferme au toucher, sans être dur ; il ne comporte pas de taches de sang, à la section, ce qui est obtenu par un saignage total et rapide de l’animal.

La conserverie livre au naturel des « foies gras » et des produits dont la dénomination est réglementée mais ne se limite pas à la précédente si d’autres préparations sont incorporées.

J. B.

Oise

Affluent de la rive droite de la Seine.


L’Oise naît en Belgique vers 300 m d’altitude dans la forêt de Chimay à l’extrémité occidentale du plateau ardennais, puis entre en France en amont d’Hirson. Après avoir coulé d’est en ouest, elle prend vers Guise la direction N.-E. - S.-O. jusqu’à sa confluence avec la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, après 302 km de cours. Elle a reçu alors l’Aisne, plus longue et plus abondante qu’elle (65 m3/s avant le confluent). La majeure partie du bassin offre un ensemble de plaines et de plateaux aux larges et profondes vallées et au sol surtout perméable. Le régime océanique esquissé à l’amont persiste en se tempérant, l’écart entre maximum et minimum passant de 1 à 8 pour l’Oise à Hirson, à 1 à 4 à Creil, tandis que le débit moyen dépasse 110 m3/s vers le confluent avec la Seine. Les variations extrêmes sont rares.

Rivière relativement régulière à la faible pente, l’Oise est depuis longtemps utilisée pour la navigation, sa direction même en faisant le trait d’union entre la Région parisienne et la Région du Nord.

Dès 1738, le canal de Crozat reliait Oise et Somme entre Tergnier et Saint-Simon, premier tronçon du canal de Saint-Quentin réunissant en 1810 l’Escaut (vers Iwuy) à la Somme (Saint-Simon), puis à l’Oise (jusqu’à Chauny) sur 142 km, mais au prix de 92 écluses. Cet axe nord-sud fut prolongé en 1831 vers le sud par le canal latéral à l’Oise, de Chauny à Janville en amont de Compiègne, puis doublé par le canal du Nord, projeté dès 1883, mais terminé en 1966 entre la Sensée (Arleux) et l’Oise (Noyon) avec seulement 95 km et 19 écluses. Des antennes ont été ajoutées vers la Meuse belge ou française, puis au milieu du xixe s. vers la Marne (elle-même reliée au Rhin et au Rhône [par la Saône]).

Ce grand axe de l’Oise et ses ramifications connaissent un trafic important, fait naguère essentiellement du charbon du Nord-Pas-de-Calais acheminé vers Paris et des produits agricoles des plaines bordières (blé, betterave à sucre et sucre), mais beaucoup plus diversifié actuellement (matériaux de construction, produits agricoles et alimentaires, charbon, produits métallurgiques). Les 10 Mt de ce trafic partagé à peu près également entre le canal du Nord et celui de Saint-Quentin font de cet axe la troisième voie fluviale française après la Basse-Seine et le grand canal d’Alsace ; la part importante du trafic international (plus de 60 p. 100) en fait aussi une grande voie européenne.

Or, des gênes nombreuses (gabarit de 350 t seulement sur le canal de Saint-Quentin, de 800 t sur le récent canal du Nord, enfoncement insuffisant pour les gros convois sur l’Oise) ont suscité travaux et projets. L’Oise inférieure s’ouvre peu à peu aux gros convois poussés, qui, en 1974, doivent atteindre Creil, puis Compiègne.

La vallée moyenne et inférieure de l’Oise est ainsi devenue une vallée industrielle qui déborde sur les vallées voisines de l’Aisne et de la Somme. Le charbon a été longtemps le grand moteur, créant la métallurgie lourde (laminoirs de Montataire, aciérie de Beautor) et plus récemment des centrales thermiques puissantes (Beautor, Creil, Champagne-sur-Oise), mais les constructions mécaniques l’emportent (autos à Montataire, cycles à Saint-Quentin, matériel de levage à Compiègne, équipement de bureau à Noyon). Les matériaux de construction, nés aussi du charbon et de la variété de l’environnement rocheux (sable, argile marneuse, craie, calcaire dur), produisent ciment (Origny-Sainte-Benoîte) ou pierre de taille (vallée de l’Aisne) et surtout verre avec Saint-Gobain à Thourotte. Les produits chimiques créés par le charbon (colorants près de Creil, soude à Chauny) sont maintenant très diversifiés (caoutchouc, savons, détergents) autour de Compiègne, puis à Soissons.