Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

océanographie et océanologie (suite)

Harald Ulrick Sverdrup
(1888-1957), océanographe norvégien. Études sur les courants, les marées et les principales masses d’eau. Chef scientifique de l’expédition arctique d’Amundsen* (Maud). Directeur de la « Scripps », puis de l’Institut polaire de Norvège. Coauteur (avec Martin W. Johnson et Richard Henry Fleming) du premier grand traité d’océanographie (The Ocean, 1942).

Les navires

(par ordre chronologique)

Challenger
(2 306 t, Grande-Bretagne), corvette armée par l’Amirauté britannique pour la Royal Society of London. A effectué la première grande croisière circumterrestre (1872-1876) sous la direction de sir Charles Wyville Thomson (1830-1882). Résultats considérables (cartographie des sédiments profonds, découverte des phosphates de l’île Christmas et des nodules polymétalliques, identification de 4 000 espèces marines nouvelles, découverte de la vie dans les grandes profondeurs), publiés en 50 volumes (sous la direction de sir John Murray [1841-1914], qui avait participé à l’expédition) qui fondèrent l’océanographie moderne.

Thor
(Danemark) : grande campagne hydrologique en Méditerranée (1908-1909) sous la direction de J. N. Nielsen. Résultats qui furent longtemps la base des connaissances sur cette mer.

Meteor I
(1 178 t, Allemagne), armé par l’Hydrographisches Institut. Longue croisière (1925-1927) dans l’Atlantique. Grands travaux bathymétriques (profils de la dorsale médio-atlantique en utilisant le premier sondeur fonctionnant en continu) et hydrologiques (définition des « masses d’eau » et des « eaux types »). [V. courants océaniques.]

Pourquoi-pas ?
(France) a travaillé dans les mers froides sous la direction de J.-B. Charcot (1867-1936). Premiers travaux de géologie sous-marine avec Louis Dangeard. Perdu au large de l’Islande (1936).

Willebrord Snellius
(1 055 t, Pays-Bas), armé par le Service hydrographique néerlandais pour des travaux dans l’archipel indonésien (1929-1930) sous la direction du géologue Philip Henry Kuenen (né en 1902).

Atlantis
(460 t, États-Unis), lancé en 1931 pour le compte de la Woods Hole. A effectué près de 300 croisières, surtout dans l’Atlantique.

Discovery
(Grande-Bretagne), armé par le British Discovery Committee (Colonial Office) pour des recherches hydrologiques et la reconnaissance biologique de l’océan Austral. Il a navigué jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Albatross
(1 450 t, Suède), schooner armé par l’Oceanografiska Institutet (Göteborg). Effectua en 1947 et en 1948 le premier tour du monde à la hauteur de l’équateur. Directeur : Hans Pettersson (1888-1966). Première utilisation du carottier à piston (créé par Börje Kullenberg) et du sondage sismique (mis au point par Waladdi Weibull).

J.-R. V.

Alexandre Agassiz

Naturaliste d’origine suisse (Neuchâtel, Suisse, 1835 – † en mer 1910).

Fils du naturaliste Louis Agassiz (v. paléontologie), il devient, après des études à Harvard, assistant de son père au Museum of Comparative Zoology, où il restera toute sa vie et dont il sera bientôt le directeur. Ayant acquis une grande fortune personnelle dans l’exploitation des mines de cuivre du lac Supérieur, il entreprend, après la mort de son père en 1873, de nombreuses expéditions et rapporte des collections pour le musée, l’un des plus importants du monde, en particulier pour les Invertébrés. De 1860 à 1870, ses recherches intéressent la zoologie, les animaux des rivages de la Nouvelle-Angleterre, notamment les Échinodermes ; il rédige une Revision of the Echini (1872-1874). Il se tourne ensuite vers l’étude de la formation des récifs coralliens et explore dans ce dessein les îles Bahamas et Bermudes (1893-94), la Grande Barrière (1894), les Fidji (1897)... Au retour d’un voyage en Europe, il meurt à bord du navire qui le ramenait aux États-Unis (1910). Il assurait en grande partie le financement du Bulletin et des Memoirs du Museum of Comparative Zoology de Harvard College... A. Agassiz, grand spécialiste de la faune abyssale, est un des représentants les plus marquants de la zoologie du dernier demi-siècle. Ses travaux en font un pionnier de l’océanographie moderne. (Membre associé étranger de l’Acad. des Sc., 1904.)

A. T.


Les problèmes

L’océanographie comme l’océanologie se trouvent confrontées à une double série de problèmes.


Les données

• Leur acquisition. Les renseignements ponctuels et limités dans le temps que l’on recueillait au cours des stations qui caractérisaient la croisière océanographique traditionnelle ne permettent plus que de très lents progrès et, surtout, sont incapables de restituer la grande variabilité du milieu océanique. L’océanographie actuelle tend, dans la mesure de ses moyens, à procéder à des levés à la fois continus et synoptiques.

1. Levés continus. Un phénomène quelconque est étudié au cours d’une longue période afin de rassembler des séries statistiquement valables, que ce soit en biologie (observation continue d’un site, d’un fond, d’une communauté animale), en hydrologie, en climatologie (enregistrements continus des échanges superficiels), etc. Ce souci de permanence explique la multiplication des plates-formes et des bouées où l’on peut suivre le déroulement d’un très grand nombre de paramètres, afin d’en saisir les régimes et les fréquences selon les régions, les saisons, les types de temps, etc.

2. Levés synoptiques. Il s’agit de recueillir en un moment (ou une période) donné le plus grand nombre de faits sur la plus grande surface océanique possible. Ce souci d’instantanéité (au moins relative) se manifeste :
a) dans la réalisation de grandes campagnes à l’échelle de tout ou partie d’un océan — les premières du genre eurent lieu à l’occasion de l’année géophysique internationale (1957-1958) ; entre 1962 et 1965 se déroulèrent les campagnes dans l’océan Indien ; plus récemment, la campagne BOMEX (Barbados Oceanographic and Meteorological Experiment), qui s’est déroulée en 1969 dans l’Atlantique tropical (au large des Antilles et des Guyanes), avait pour mission de suivre les interactions air-mer afin d’en établir un modèle mathématique ; toute l’aire fut étudiée méthodiquement et systématiquement par 24 avions, 12 bouées automatiques, 10 navires et plusieurs satellites météorologiques ;
b) dans les projets de création d’un réseau mondial de bouées et de plates-formes destinées à la surveillance constante de tout l’océan ; on estime que 10 000 bouées seront nécessaires ; dès à présent, des réseaux régionaux fonctionnent dans le golfe du Mexique, autour des îles Hawaii et dans certains secteurs de l’Atlantique Nord ; cela explique le rôle considérable que les satellites sont appelés à jouer.