Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nkrumah (Kwame) (suite)

Son action à l’intérieur vise essentiellement l’industrialisation massive et rapide du pays (aménagement du bassin de la Volta, port de Tema, etc.). La planification, qui prend très vite une orientation socialiste, se heurte à de nombreux obstacles, et l’importance des dépenses de l’État (à l’indépendance, la Grande-Bretagne laissait au Ghāna 500 millions de dollars, et, en 1966, la dette publique était de 250 millions de livres) entretient une opposition constante (nombreux attentats), durement réprimée, notamment vers 1964, au moment de la consécration du parti unique.

Cependant, en 1966, lors d’un voyage de Nkrumah en Chine, le général J. A. Ankrah s’empare du pouvoir. Kwame Nkrumah accepte l’hospitalité de la Guinée et de Sékou Touré. Il meurt le 27 avril 1972 en Roumanie, où il était en traitement.

P.-B.

➙ Ghāna.

 B. Timothy, Kwame Nkrumah (Londres, 1955). / K. Nkrumah, Ghana. The Autobiography of Kwame Nkrumah (New York, 1957) ; Neo-Colonialism, the Last Stage of Imperialism (Londres, 1965). / R. Segal, African Profiles (Harmondsworth, 1962). / J. Lacouture, Quatre Hommes et leurs peuples (Éd. du Seuil, 1969). / S. G. Ikoku, le Ghana de Nkrumah (Maspero, 1971).

noblesse

Classe dominante qui possède un statut juridique particulier, se perpétue par le sang et ne se renouvelle que selon des normes très parcimonieuses.


La noblesse en tant qu’ordre n’apparaît qu’à une date assez tardive, puisque c’est seulement en 1010 que l’évêque Adalbéron de Laon distingue au sein de la société trois ordres : ceux qui prient (les clercs), ceux qui combattent (les nobles), ceux qui travaillent (les autres). Et ce n’est qu’au xiie s. que l’institution se précise et qu’au xiiie s. qu’elle se fixe.


Les origines

En réalité, le fait a précédé le droit, et le noble la noblesse. Traduction littérale du latin nobilis, employé souvent sous la forme comparative nobilior, le mot noble désigne tout naturellement toute personne que ses qualités morales, intellectuelles ou autres rendent célèbre, placent hors du commun : ce sont donc les meilleurs (meliores, optimates) que distinguent en 990 les membres du concile de Charroux. Par là, ces derniers semblent bien distinguer tous ceux que leur genre de vie, leurs activités et leurs richesses situent au-dessus des autres à condition qu’ils disposent de la liberté totale ; en cela ils diffèrent de la masse des paysans, qui sont toujours plus ou moins dépendants d’un seigneur et ne peuvent donc, en aucun cas, faute de temps, accorder la moindre aide militaire ou judiciaire à ce dernier. À condition auss que la fixité de leur état social (Robert Fossier) consacre définitivement leur supériorité héréditaire au sein de la société. En fait, il s’agit là d’une aristocratie qui s’institutionnalise, qu’il y ait ou non continuité biologique et idéologique entre les principes de Tacite, qui se distinguaient du reste de la population par le sang et par le statut, et les nobiles du haut Moyen Âge, et quelle que soit la source première de l’excellence de cette aristocratie : militaire (Francs), palatine (Goths) ou foncière (Gaulois, Italiens).


La noblesse de fait

Originelle ou non, la possession de biens fonciers apparaît comme inhérente à la condition nobiliaire. Sans les revenus de la terre, il est impossible, en effet, d’assurer l’éducation coûteuse du jeune noble, impossible surtout de pratiquer les dispendieuses « occupations » qui confirment sa dignité : la chasse, la guerre, les tournois, qui sont les substituts apparemment pacifiques de cette dernière.

Classe terrienne, la noblesse se confond donc d’abord avec la classe seigneuriale. Elle englobe des propriétaires alleutiers ou des hommes engagés dans les biens de dépendance de la vassalité. Elle dispose non seulement de la richesse, mais aussi des pouvoirs de commandement ; ceux-ci orientent ses activités vers la guerre, dont, à partir du milieu du xiie s., les lois finissent par lui réserver le monopole exclusif, en tentant de restreindre à son seul profit le port d’armes.

En fait, toujours secondé par des soldats d’occasion (contingents ruraux ou mercenaires), le « noble » est avant tout un miles qui a pour fonction propre de se battre.

Véritable et seul guerrier professionnel, il ne se déplace et ne combat, en général, qu’à cheval, en utilisant un armement complet, à la fois offensif (lance, épée, parfois masse d’arme) et défensif (heaume protégeant la tête, haubert en tout ou partie métallique recouvrant le corps, bouclier rond ou triangulaire : l’écu). Le métier des armes, qui est acquis au terme d’une éducation militaire très poussée, consacrée par l’adoubement, entraîne l’identification naturelle du noble au chevalier.

Seigneuriale, féodale et chevaleresque, la noblesse constitue finalement un groupe aristocratique, doté d’un statut juridique et détenteur, à des niveaux divers, de ces privilèges de fait que sont la fortune, la force et la justice. Désireuses de s’en réserver la jouissance et donc préoccupées, avant tout, d’assurer l’unité de leur patrimoine et de renforcer leur cohésion, facteurs qui conditionnent également leur survie économique et politique, les familles (ou lignages) nobles pratiquent une double politique d’association et de restriction des mariages qui leur permet de lutter contre les conséquences successorales désastreuses du croît démographique entre le xie et le xiiie s.

Les associations de lignages reposent sur les liens du sang ou sur la mise en commun de biens-fonds. Elles permettent à la noblesse de maintenir son autorité économique et politique sur la masse paysanne, tels les trente colignages qui, au début du xiiie s., rassemblent la moitié des cinq cents ou six cents seigneuries rurales de la France du Nord, cinq d’entre eux en contrôlant le quart. La politique de restriction des mariages multiplie les filles sans dot, retient au château familial les cadets aux gages de l’aîné et incite les puînés à entrer dans les ordres ou à partir vers la Terre sainte à la quête d’un chasement impossible en Occident ; aussi aboutit-elle au développement de la notion d’aînesse, adoptée, dès le xe s. en Germanie et dès le xie s. en France du Nord, par le droit public en matière de dévolution des fiefs d’honneur et des fonctions régaliennes, dont la détention et l’exercice ne peuvent se partager.