Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nièvre. 58 (suite)

En matière industrielle, la localisation des entreprises sidérurgiques et métallurgiques est devenue de plus en plus médiocre avec l’épuisement des ressources locales. L’abandon de l’extraction de la houille à La Machine nécessite une reconversion de la main-d’œuvre. Le réseau de communications, adapté aux relations légères, mais n’offrant pas de voies d’eau modernes, n’était pas fait pour faciliter le maintien de l’industrie lourde. Ainsi s’explique la crise qui frappe depuis le début du siècle la zone de peuplement urbain et industriel qui s’est articulée autour de Nevers. Depuis une quinzaine d’années, et grâce à des implantations nouvelles, celle de l’usine de pneumatiques Kléber-Colombes par exemple, grâce à l’usine d’appareillage électrique Thomson-Houston à Nevers, aux établissements de métallurgie ou de confection, la reconversion se fait, renforçant le poids de Nevers au sein de la zone industrielle. Celle-ci groupe près de la moitié de la population du département, et Nevers le quart.

Avec la mise en place de liaisons rapides avec Paris (autoroute de Clermont-Ferrand) et le besoin nouveau d’environnements non saturés, la Nièvre peut connaître un développement plus rapide au cours des prochaines décennies, et Nevers retrouver une partie des fonctions supérieures qui ont disparu avec la stagnation de l’économie régionale.

P. C.

➙ Bourgogne / Nevers.

 J. Boichard, la Vie rurale entre Loire et Allier (les Belles Lettres, 1971).

Niger

État d’Afrique occidentale ; 1 267 000 km2 ; 4 304 000 hab. (Nigériens). Capit. Niamey.


Le Niger est un produit de la colonisation. Bloc massif aux frontières rectilignes, il s’inscrit au cœur de l’Ouest africain. Cette république continentale projette un appendice vers le sud-ouest, entre Mali et Nigeria, comme pour aller chercher vie sur le fleuve qui lui a donné son nom, tandis qu’elle intègre, dans sa partie septentrionale, une importante portion de territoire aride. Le « Niger utile » se réduit donc à une étroite bande de terres frangeant la frontière méridionale du pays. Aridité et enclavement sont les deux obstacles majeurs auxquels cet État se trouve confronté.


Un pays du sahel

Appartenant (au moins partiellement) au sahel, le Niger est un pays de contact entre les domaines tropical et aride, entre sédentaires et nomades. Sa position le place sous la domination de la masse d’air sèche et chaude de l’harmattan pendant la plus grande partie de l’année et ne lui permet de bénéficier que des dernières effluves de la « mousson ». Le paysage végétal de cette zone bioclimatique de transition est une steppe herbacée dominée par un semis très lâche d’épineux. Sous le climat désertique (au nord des isohyètes de 150-200 mm), aucune pluie n’est assurée dans l’année, et le paysage est essentiellement minéral. Au sud des isohyètes 400-500 mm, la végétation devient progressivement plus dense et annonce la savane ; la saison pluvieuse s’étale au-delà de quatre mois : cette étroite bande soudanienne est appuyée sur la frontière méridionale. La sécheresse désorganise l’hydrographie : les notions de talweg et d’interfluve n’ont plus de sens dans les basses terres du Sahara nigérien et notamment dans le désert du Ténéré (erg de 400 000 km2). L’Aïr, massif cristallin coupé de profondes vallées, fait au contraire figure d’« Arabie heureuse » au sein des Tanezrouft : la ligne de séparation entre les bassins du Tchad et du Niger offrant les ressources abondantes de leurs nappes aquifères. La monotonie désolante des paysages au sud du 16e parallèle, du fleuve Niger au lac Tchad, est rompue par des vallées originales : les dallol, vallées fossiles de direction méridienne à l’ouest ; les goulbi, larges vallées alluviales aux sols riches au centre. Le contact est également pédologique : « au sud, la terre est faite de roc ou de sols fixés ; au nord règne la mouvance des sables » (G. Rougerie).

Ce pays du sahel est aussi le lieu de rencontre entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, la vie sédentaire et la vie nomade : quatre groupes ethniques rassemblent 80 p. 100 de la population. Les Haoussas* (la moitié de la population) sont groupés dans le centre du Niger méridional et prêtent allégeance aux sultans du Nigeria septentrional. Les Songhaïs* (ou Sonrhaïs) et les Djermas (ou Zarmas), groupes apparentés, occupent l’ouest du Niger. Les Peuls*, disséminés dans tout le pays, sont sédentaires ou nomades (comme les Bororos). Les Touaregs* voient leur société, très hiérarchisée, ébranlée par l’évolution récente tendant à l’émancipation des castes serves.

Les densités sont très variables. Les régions désertiques et la partie septentrionale du sahel portent une « humanité moléculaire », et ce n’est qu’au sud des isohyètes de 300-400 mm que l’implantation humaine perd son caractère accidentel (densités de 5 à 10 dans le Niger utile). La solution du problème de l’eau est la condition première du peuplement, témoin la galerie humaine du fleuve Niger, où les densités atteignent de 20 à 50 habitants au kilomètre carré, même dans la partie sahélienne. Cette répartition de la population est le support de la diversification du territoire en espaces inégalement marqués par l’empreinte de l’homme : espaces parcourus par une population très clairsemée dont la vie pastorale ne marque pas durablement le paysage (nord du sahel et régions désertiques) ; espaces aménagés par des paysanneries enracinées, qui ont créé, dans les savanes méridionales et la traînée d’opulence du fleuve, un paysage rural cohérent ; espaces pionniers, colonisés par des paysans du Sud, qui ne dépassent pas l’isohyète de 350 mm, frontière entre nomades et agriculteurs.

L’espace urbain, récent et artificiel, concerne surtout le Niger utile, où se localisent toutes les agglomérations de plus de 10 000 habitants : Niamey (90 000 hab.), Zinder, Maradi, Tahoua, Birni. Agadès, vieille place caravanière, se meurt lentement au pied de son minaret, dévitalisée par le glissement de l’activité économique vers le sud du pays.

La capitale, Niamey, a vu sa population doubler en dix ans, essentiellement par rapports extérieurs. Il s’agit, certes, d’une ville moderne, mais on y retrouve le modèle ancien des villes soudanaises : symptôme de la portée très faible et tardive des transformations économiques introduites par la colonisation dans cet État continental.