Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nietzsche (Friedrich Wilhelm) (suite)

La critique nietzschéenne de l’idéalisme métaphysique se fonde sur la méthode généalogique, qui permet de découvrir sous toute conceptualisation un certain type de vivant. En s’efforçant de ruiner l’idée d’une supériorité ontologique de l’idéal sur la réalité effective, le philosophe annonce prophétiquement le surhomme. L’homme fort s’attache à respecter l’innocence du devenir, manifestant le jeu de forces inconscientes. Ces forces, interprétées à travers l’hypothèse de la volonté de puissance, sont définies comme dépassement perpétuel de soi.

Ainsi, les évaluations de l’homme fort, qui renvoient à une hiérarchie instinctuelle où un instinct domine, ne sont jamais définitives. Le jeu dionysiaque des forces se « perd » dans l’éternel retour.

M. K.

 H. Wolff, Friedrich Nietzsche. Der Weg zum Nichts (Halle, 1905). / K. Löwith, Nietzsches Philosophie der ewigen Wiederkehr des Gleichen (Berlin, 1935). / H. Lefebvre, Nietzsche (Éd. sociales internationales, 1939). / G. Bataille, Sur Nietzsche (Gallimard, 1945). / E. Fink, Nietzsches Philosophie (Stuttgart, 1960). / C. Baroni, Nietzsche éducateur. De l’homme au surhomme (Buchet-Chastel, 1961). / M. Heidegger, Nietzsche (Pfullingen, 1961). / G. Deleuze, Nietzsche et la philosophie (P. U. F., 1962). / K. Schlechta et A. Anders, Friedrich Nietzsche. Von der verborgenen Anfängen seines Philosophierens (Munich et Stuttgart, 1962). / J. Wahl, la Pensée philosophique des années 1805-1888 (C. D. U., 1965). / J. Granier, le Problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche (Éd. du Seuil, 1966). / « Les Cahiers de Royaumont », Philosophie, no VI : Nietzsche (Éd. de Minuit, 1967). / P. Klossowski, Nietzsche et le cercle vicieux (Mercure de France, 1969). / B. Pautrat, Version du soleil. Figures et système de Nietzsche (Éd. du Seuil, 1971). / J.-M. Rey, l’Enjeu des signes ; lecture de Nietzsche (Éd. du Seuil, 1971). / S. Kofman, Nietzsche et la métaphore (Payot, 1972). / J. Sojcher, la Question et le sens. Esthétique de Nietzsche (Aubier, 1972).

Nièvre. 58

Départ. de la Région Bourgogne ; 6 837 km2 ; 245 212 hab. Ch.-l. Nevers. S.-préf. Château-Chinon, Clamecy, Cosne-sur-Loire.


De relief varié et agréable, formé pour l’essentiel de collines échelonnées entre la Loire et le Morvan, de climat à nuance océanique encore sensible par suite de la disposition du relief, offrant des ressources variées tant du point de vue agricole que minéral, bien situé sur les axes joignant Paris à l’Auvergne, à Roanne, à Lyon et au Sud-Est, le département a longtemps fait figure de zone riche, à la population régulièrement croissante. Au xixe s., c’était la partie la plus dynamique de l’actuelle région de programme de Bourgogne.

L’économie stagne depuis maintenant près d’un siècle. La baisse de population a commencé aux environs de 1885. Elle a été rapide avant la Première Guerre mondiale et même jusqu’en 1936. Depuis lors, il s’est produit une certaine stabilisation des effectifs, mais rien qui ressemble à la reprise vigoureuse que l’on observe souvent. La situation apparaît inquiétante. La population rurale est en voie de diminution rapide : elle vieillit, ce qui se traduit par une chute prononcée de la natalité. La crise est masquée par le retour de retraités, ce qui contribue à maintenir un certain effectif dans les communes rurales, mais ne leur confère pas un bien grand dynamisme.

La Nièvre a des traditions anciennes de vie urbaine et d’industrie, mais les centres sont disposés en couronne, à la périphérie du département, ce qui rend plus sensible le sous-équipement des régions rurales et en fait des zones répulsives : le nord du département n’est guère animé que par Clamecy, dans la vallée de l’Yonne ; l’est, au contact du Morvan, par Château-Chinon. Ce ne sont que de bien petits centres et, en dehors d’eux, on ne compte que des bourgs, souvent anciens, parfois riches d’histoire, comme Varzy, Corbigny, Tannay, Donzy, mais rarement importants. Prémery doit à la carbonisation du bois des forêts proches une certaine activité industrielle ; c’est au travail du bois aussi que Clamecy doit l’essentiel de sa relative prospérité.

La vie urbaine est accrochée à la Loire ou aux collines qui la bordent au nord, parfois ancienne (romaine à Nevers, médiévale à Cosne, à La Charité-sur-Loire), liée à l’essor de vignobles comme celui de Pouilly, aux expéditions sur le fleuve, à des activités industrielles (comme la faïencerie implantée au xvie s.). Au xixe s., l’exploitation du gisement houiller de La Machine et du minerai de fer d’Imphy permit le développement précoce de l’industrie sidérurgique. L’insuffisance des ressources contraignit assez vite à se tourner vers les produits de qualité, et, dans ce domaine, les aciéries d’Imphy jouèrent un rôle essentiel en France. Tout autour, une zone industrielle se créait, de Fourchambault à Decize.

L’économie, il y a un siècle, pouvait ainsi apparaître remarquablement moderne : les grands propriétaires de la région entre Loire et Allier avaient créé un type efficace de spéculation animale, l’embouche, et contribué à modeler la race charolaise en lui donnant ses caractéristiques les plus originales. À leur exemple, toutes les terres favorables à l’herbe, celles d’entre Loire et Allier d’abord, celles du Bazois, puis toutes celles du département prirent la même orientation. Les industries métallurgiques faisaient du pays un des points forts de la sidérurgie française.

L’économie d’embouche est extensive et a sans doute largement contribué à libérer très tôt une main-d’œuvre importante aspirée vers la région parisienne, proche. Depuis une vingtaine d’années, la plupart des petites exploitations qui avaient adopté cette orientation sont en crise et disparaissent, ce qui accélère l’exode rural. Dans une bonne partie du département, dans la région de plateaux calcaires du Nivernais central, les peuplements forestiers finissent par occuper plus de la moitié de l’espace et il en va de même en Morvan : seuls le Donzyais, le Bazois, le Val de Loire et le pays d’entre Loire et Allier continuent à faire figure de régions agricoles prospères.