Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Narbonne (suite)

L’ensemble reste corseté de remparts jusqu’au xixe s., la ville couvrant seulement une superficie d’une cinquantaine d’hectares. Au début du xxe s., elle a doublé en extension, ce qui traduit l’âge d’or de la viticulture, tout comme sa stagnation reflétera la crise permanente du vignoble, sans que la ville ait connu l’étape de l’industrialisation. La vieille ville souffre d’un sous-équipement important, sur le plan sanitaire. Depuis quelques années, les constructions gagnent la périphérie avec les H. L. M. des Arènes romaines et de Razimbaud, les pavillons individuels des quartiers de l’Egassiéral et de Saint-Salvayre. Les résidences aisées se situent quai de Lorraine et quai Vallière, dans les quartiers de la gare et du centre de la Cité, sur le boulevard Docteur-Ferroul.

En 1886, la ville dépasse légèrement sa voisine Carcassonne avec 28 370 habitants contre 26 383 ; le seuil des 30 000 habitants apparaît longtemps comme un cap difficile à franchir, entre le creux de 1906 et la pointe de 1931. À l’heure actuelle, l’arrondissement de Narbonne, après une phase de croissance, connaît une régression démographique (– 1 p. 100 entre 1968 et 1975), moindre, toutefois, que celle de l’ensemble du département (– 2 p. 100 entre les deux derniers recensements). La ville elle-même a enregistré un gain de 1 p. 100 dans l’intervalle.

La répartition de la population active révèle l’hypertrophie du secteur tertiaire (près des deux tiers du total) et la faiblesse du secteur secondaire (moins du quart des emplois). Narbonne n’est pas une ville industrielle ; les employés du bâtiment et des travaux publics constituent l’essentiel du groupe, loin devant les industries chimiques, mécaniques et alimentaires. La structure des entreprises montre que les divers établissements fonctionnent davantage comme des ateliers que comme des usines ; les plus importants par le nombre d’ouvriers sont l’usine de raffinage d’uranium de Malvési, l’usine de traitement du soufre et la fabrique de matériel agricole.

Le secteur tertiaire est dominé par les transports, le commerce de détail et les administrations publiques ; le négoce des vins longtemps important est en perte de vitesse, malgré la présence sur place d’acheteurs pour les grandes maisons de conditionnement ayant leur siège à Paris et le rôle important joué par le marché de Narbonne dans la fixation des prix du vin : « Narbonne, capitale du vin pur », comme le proclament les slogans à l’entrée de la ville. Le secteur public compte un nombre important d’employés ; la S. N. C. F., en tête, rappelle le rôle de la gare, à la croisée des voies vers l’Aquitaine et l’Espagne par Toulouse et Perpignan. Mais l’ancienne métropole n’est plus qu’une petite ville.

R. D. et R. F.

➙ Aude / Languedoc-Roussillon.

 P. Héléna, les Origines de Narbonne (Didier, 1938). / P. Carbonel, Histoire de Narbonne (Caillard, Narbonne, 1957). / J. Giry et A.-F. Mare, Narbonne, son histoire, ses monuments (Éd. du Cadran, 1969).


L’art à Narbonne

À l’époque impériale romaine, la ville se pare de monuments majestueux, qui sont encore chantés par Sidoine Apollinaire au ve s., mais dont on chercherait aujourd’hui vainement la trace. Seuls subsistent des entrepôts souterrains, les arches d’un pont et surtout une multitude de pierres sculptées et gravées, entreposées dans le musée lapidaire de l’ancienne église Notre-Dame de Lamourguier.

Assez tôt, le christianisme dut s’introduire à Narbonne, mais c’est seulement après la paix de l’Église, en 313, que les disciples du Christ acquièrent la liberté du culte. De la cathédrale élevée par l’évêque Rustique au ve s., on conserve un linteau monumental en marbre blanc sur lequel sont gravés les renseignements relatifs à sa construction. Par ailleurs, une importante nécropole se développe autour du tombeau du premier évêque, saint Paul Serge. Des fouilles menées en 1946 ont permis de dégager un curieux édifice à abside occidentée, dont le sol de mosaïques polychromes, du iie ou du iiie s., fut crevé pour enfouir six sarcophages chrétiens, datables du iiie au viie s. D’autres sarcophages, de l’école dite « d’Aquitaine », appartenant à l’époque de la domination wisigothique, ont d’ailleurs été trouvés aux environs.

Narbonne demeure un centre artistique à l’époque carolingienne. Par contre, la période romane accuse une relative atonie : les sculptures de l’époque sont peu représentatives de la capitale d’une très vaste province ecclésiastique.

Tout change avec le gothique. Dès la première moitié du xiiie s., l’église Saint-Paul-Serge reçoit un nouveau chœur, qui témoigne de l’implantation précoce de l’architecture du Nord dans les terres méridionales. Un chantier encore plus important s’ouvre en 1272, avec la reconstruction de la cathédrale Saint-Just. Les plans sont fournis par l’architecte Jean Deschamps, qui avait déjà travaillé à Clermont-Ferrand. Seul le chœur devait être terminé, mais il s’agit d’une œuvre essentielle pour la diffusion dans le Midi du gothique rayonnant.

Non moins importante, la résidence voisine des archevêques permet de suivre l’évolution de l’architecture civile et militaire au Moyen Âge. Il n’existe pas moins de trois palais élevés à diverses époques et formant un ensemble impressionnant. Après avoir été quelque peu dénaturés par une restauration abusive de Viollet-le-Duc, ces bâtiments ont vu leur intérêt s’accroître à l’époque moderne par l’installation de plusieurs musées d’art et d’archéologie.

M. D.

Nash (John)

Architecte et urbaniste anglais (Londres ? 1752 - East Cowes, île de Wight, 1835).


Fils d’un constructeur de moulins, orphelin à huit ans, il fit son apprentissage chez Robert Taylor (1714-1788) de 1767 à 1778. Ses premiers travaux furent interrompus par une banqueroute en 1783, et il alla se fixer en pays de Galles, région d’origine de sa mère, jusqu’à la mort de celle-ci en 1796. Il revient alors à Londres, travaille avec le paysagiste Humphry Repton (1752-1818) et se spécialise dans l’édification de maisons de campagne dont le principal mérite réside dans l’adaptation pittoresque (voire gothicisante) de types classiques.