Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mysore (suite)

Comme dans une grande partie du Deccan, on trouve sur les plateaux des latosols, particulièrement des sols rouges ferrugineux, légers, poreux, assez minces, qui caractérisent surtout le sud du Maidān. Les latérites se sont développées dans le Malnād ; elles tiennent aussi une large place dans la zone littorale, où elles ont été transportées par le ruissellement. Mais les sols noirs à coton, ou régurs, occupent une importante surface : ils prédominent dans le nord du Maidān et s’étalent en plaques importantes dans le Sud.


La population

Le Mysore, qui appartient à l’ensemble de l’Inde méridionale, a pour cette raison une population au teint relativement foncé. Cependant, l’endogamie des communautés (castes et tribus appelées jāti) a conservé nettement plusieurs éléments constitutifs de cette population. Les tribus aborigènes, dites aujourd’hui ādivāsī (ou habitants du début), vivent en groupes clairsemés dans les aires montagneuses et forestières. Les Irulars, qui conservent des traits de l’ancien peuplement australoïde, appartiennent au large groupe des Chenchus, éparpillé depuis les montagnes de l’Andhra Pradesh (Nallamalai) jusqu’à celles du Tamilnād (Nīlgiri). Au xixe s., ils vivaient de cueillette et de chasse. Aujourd’hui, sans avoir abandonné ces modes primitifs d’exploitation, ils pratiquent la collecte de certains produits forestiers pour les vendre et s’adonnent à une agriculture malhabile. D’autres groupes aborigènes, comme les Kurubars (ou Kurumbas), les Kādu Gollas, sont les descendants des anciennes populations pastorales qui dominaient les plateaux du Deccan avant l’ère chrétienne. Largement répandus à travers le sud de l’Inde, ils pratiquent de nos jours une forme de petite agriculture, mais s’intéressent surtout à l’élevage des bovins et des moutons. Les Kurubars sont bergers, tisserands de couvertures. L’isolement économique des tribus a disparu.

La masse de la population se sépare des ādivāsī surtout par une intégration plus poussée dans un système économique complexe. On y distingue d’ailleurs des communautés qui sont visiblement d’anciennes tribus. Au bas de l’échelle sociale, selon l’ordre brahmanique, sont les Holeya, travailleurs agricoles, que l’on classe parmi les intouchables ; à peu près au même niveau sont les Mādiga, travailleurs du cuir. Les cultivateurs du Mysore, qui appartiennent au groupe des Vokkāliga, comprennent plusieurs castes distinctes, notamment les Gangadikara, caste la plus nombreuse du Mysore. On compte diverses castes d’artisans, principalement les Pāncāla (travailleurs de la pierre, du métal, du bois). Il faut noter l’importance particulière qu’a prise au Mysore la caste des Liṅgāyat, issue d’une secte religieuse et adoratrice du liṅga (représentation phallique de la divinité).

Divers groupes, venus du nord de l’Inde, se distinguent par leur peau claire. Les plus importants sont les musulmans dakkhinī, qui forment une classe urbaine et ont conservé l’usage de la langue urdū.

La langue kannara (ou kannaḍa), qui appartient à la famille dravidienne, est la langue maternelle de 62,2 p. 100 des habitants du Mysore. La densité moyenne de la population atteint 152 habitants au kilomètre carré. Mais la distribution régionale accuse des aires de forte densité (dépassant 200 hab. au km2 ; régions de Bangalore, de Mysore, de Hublī-Dhārwār, de Belgāum, de Mangalore) et des aires de densité faible (surtout le Malnād). Le taux d’alphabétisation atteignait 31,5 p. 100 en 1971 (contre 25,4 p. 100 en 1961).

La population urbaine représente environ 22 p. 100 de la population totale. Dans la zone littorale, une seule ville importante, le port de Mangalore (170 000 hab.). Dans le Maidān nord domine le groupe Hublī-Dhārwār (380 000 hab.), puis Belgāum (214 000 hab.) et Gulbarga (97 000 hab.). Le Maidān sud a les grandes villes de Mysore (356 000 hab.), ancienne résidence du mahārājā, de Kolār Gold Fields (168 000 hab.) et surtout Bangalore (1 648 000 hab.).


L’économie

En dépit de quelques réussites, le Mysore apparaît économiquement comme un État arriéré. Cette situation s’explique surtout par le poids d’une agriculture traditionnelle. Les cultures vivrières tiennent la première place : le riz (1,7 Mt) est largement distribué dans tout l’État, mais domine dans la plaine littorale ; le sorgho (1 Mt) et l’éleusine (650 000 t) sont les cultures sèches du Maidān. On pratique en outre diverses cultures commerciales : la canne à sucre surtout dans l’Ouest humide ; le coton sur les sols noirs du Maidān, les oléagineux (surtout arachides) dans tout l’État, où ils occupent 9 p. 100 des surfaces cultivées ; le tabac en abondance dans le Nord-Est (district de Belgāum). Le Mysore est le premier État producteur de café (60 000 t) : celui-ci se localise dans certaines régions montagneuses (Coorg, Baba Budan, Biligirirangan). Grâce à son climat tempéré, le plateau produit les trois quarts de la soie indienne.

Le développement industriel est favorisé par l’énergie hydro-électrique (622 MW installés en 1966). Les plus importantes centrales sont celles de la Sharāvatī valley et de Mahātmā Gāndhī (Jog Falls), qui développeront dans leur stade final 1 356 MW. Le Mysore dispose aussi d’abondantes ressources minières, surtout dans les couches du Dhārwār : fer (7 p. 100 des réserves indiennes), manganèse (10 p. 100), chrome (53 p. 100 ; surtout dans le bassin de Mysore-Hasan), bauxite, etc. Kolār Gold Fields exploite l’unique gisement aurifère de l’Inde. Les industries de transformation se répartissent entre : un secteur à base agricole, surtout coton (Bangalore, Hublī, etc.), soie (Mandyā, Mysore, Bangalore, etc.) et sucre ; un secteur d’industries du bois, notamment la papeterie (Dandeli, Bhadrāvati) et la distillation du bois de santal (Bangalore) ; la métallurgie de base, notamment à Bhadrāvati (aciérie) ; la construction mécanique et les industries électroniques (Bangalore).

Les ressources du Mysore étant principalement sur le plateau, les Ghāts, qui l’isolent de la mer, créent un sérieux obstacle économique, qui va de pair avec le sous-équipement portuaire du littoral. La réalisation de la liaison ferroviaire Mangalore-Hasan (1971) et l’aménagement du port de Mangalore doivent donner les débouchés nécessaires aux industries du Mysore.